Introduction à la Semaine Sainte et au Dimanche des Rameaux

« Chaque année, le mystère se reproduit… c'est chaque fois le même étonnement… », venons-nous d'entendre. Belle coïncidence! Avec l'arrivée du printemps, nous entrons aujourd'hui dans la grande semaine, la Semaine Sainte. Nous la nommons ainsi depuis si longtemps, depuis des siècles même. Nous sommes invités à revenir sur le site de cette immense expérience de vie et de foi, une expérience peu commune. Nous sommes venus dans cette assemblée pour célébrer et suivre l'itinéraire des derniers jours de cet homme Jésus qui a marqué le monde et l'histoire. Ce n'est pas rien… C'est plus que jamais le moment de notre mémoire commune.

Si ce temps de la Passion a marqué et marque encore notre foi, il n'a pas été sans atteindre aussi notre culture. Nous n'avons qu'à penser au grand nombre de concerts, de soirée de méditations qu'on présente dans les églises en cette fin de carême, à l'approche de la Passion et de la fête de Pâques. Cela parle d'un besoin d'intériorité que plusieurs ne retrouvent peut-être plus malheureusement dans nos célébrations liturgiques. Au long de cette semaine, nous revivrons, non pas comme une histoire du passé et au passé, mais au présent de notre vie et de notre vie de foi, les événements qui, depuis l'entrée de Jésus à Jérusalem, son dernier repas avec ses disciples, sa passion et sa mort, jusqu'à la résurrection à l'aube du jour, ont nourri notre foi. Nous entrons dans un seul et même mouvement de célébration qui nous mènera à la nuit et au matin de Pâques.

La liturgie n'entend pas rejouer un drame historique. Elle célèbre le Christ vivant au milieu de nous. Nous sommes libérés dans sa mort et sa résurrection. La Passion de Jésus ne fut pas et n'est pas plus aujourd'hui du théâtre que nous regardons, mais c'est un événement qui est un jeu de libertés qui s'affrontent; le bien et le mal, la violence qui tue, l'amour qui ressuscite. Et c'est pour cela que cette histoire, vieille de plus de 2,000 ans, est toujours nouvelle. Nous sommes de cette histoire. Il y a en chacune et en chacun de nous ce qu'on a appelé une affaire Jésus avec tout le tragique de l'affaire Jésus.

Tels des pèlerins en quête de vie et d'amour, nous nous retrouvons sur la route, sur nos routes, à la croisée des chemins, chemins souvent jonchés de croix, de tombeaux vides, mais heureusement aussi d'éclairs de résurrection.

C'est le dimanche des Rameaux. Cette semaine commence par l'entrée de Jésus dans Jérusalem. Depuis quelques années déjà notre assemblée accorde toute l'importance à ce moment de la vie de Jésus. Dans notre célébration d'aujourd'hui, nous en ferons mémoire, laissant au vendredi qui vient, dans la lecture de la Passion, le rappel des dernières heures qui ont suivi cette entrée à Jérusalem. Avec des branches d'arbres verts en main, en signe de paix et de respect aussi — il y a bien sûr une part de mime — nous acclamons le Christ vivant aujourd'hui. Nous serons ces rameaux coupés du grand arbre de la vie, qui veulent dire, chacune et chacun à sa façon, cette vie.

Cette Semaine et ce jour des Rameaux, nous sommes invités dans cette assemblée, à même le quotidien de notre vie, de nos travaux et de nos jours, à nous souvenir, à revisiter notre mémoire. Oui, cette semaine nous redira que nous sommes tous et toutes appelés à la vie, avec ses espérances, ses souffrances, ses ombres et ses lumières pour traverser la mort vers la résurrection, grâce à Jésus. Nous le ferons dans l'écoute du récit de sa vie, des passages qu'on entend depuis tant de fois, mais qui suscitent toujours de l'émotion; nous le ferons dans des temps de silence, dans les chants, dans l'action de grâce et dans le geste du partage du pain et de la coupe, gestes si familiers, que nous avons toujours à approfondir pour ne pas en perdre la force et la délicatesse. La croix sera au centre de nos regards et de nos souvenirs. De couleur blanche et sortie de l'arbre de vie, quelle fut pendant le temps du carême, elle retrouvera, pour le temps des Jours Saints, son apparence plus austère et plus réaliste.

Souhaitons-nous Bonne semaine sainte! Et nous accueillons les enfants avec leurs rameaux qu'ils nous distribueront, après que nous aurons écouté le récit selon Matthieu : l'entrée du messie à Jérusalem.