Bandeau de la communauté

Imprimer

2e Dimanche de Pâques (A)

1er mai 2011

Oui, Thomas est un croyant…

 

Guy Lapointe

Guy Lapointe

Jean 20, 19-31

On voit que les premiers jours après la mort de Jésus n’ont pas été faciles pour les disciples. Ce passage de Jean nous les Guy Lapointemontre bien « verrouillés ». Il y a de la peur dans l’air. Mais Jésus n’est pas ressuscité pour que les disciples restent enfermés par peur des autres. On peut y entendre un appel qui nous est lancé à nous aussi : prendre conscience que, pour nous aujourd’hui, vivre la résurrection au grand large reste toujours un défi à relever.
L’évangile de Jean nous montre que la foi en la résurrection de Jésus est une ouverture à la vie, même si cette ouverture a été laborieuse et difficile pour un certain nombre de disciples. À l’époque où Jean a écrit son Évangile, vers la fin du 1er s., il y avait déjà, chez les premiers disciples, tout comme aujourd’hui, une bonne diversité dans les façons de croire en la résurrection. La foi n’est-elle pas une quête permanente liée à nos expériences de vie! Certains étaient tentés de regarder vers un Christ glorieux, en oubliant qu’il était né comme nous, qu’il avait vécu et souffert, qu’on l’avait arrêté et qu’il fut exécuté.
Thomas, lui, était un croyant qui avait de la difficulté à faire le lien entre la fin de vie de Jésus et sa résurrection. On avait tellement dit que le Messie attendu devait être un homme puissant. Or c’était tout le contraire : on l’a crucifié, il est mort… Thomas ne pouvait pas croire que ce crucifié puisse, en réalité, être vivant, ressuscité. Il avait besoin de toucher, de voir les signes des blessures qui ont marqué la vie de Jésus : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains… » Or la foi ne repose pas sur des preuves, mais sur la confiance à la parole de l’autre, à la parole de Dieu. La foi est enfant de la parole. Thomas n’a pas cru la parole des autres disciples. Il est habité par des doutes.
De l’aventure de Thomas on peut retenir ceci : il est urgent de relier nos choix de vie à la résurrection de Jésus, choix de vie qu’il a fait et qu’il a tenu jusqu’au bout. La résurrection est pour nous la mise en place d’un nouveau style de vie dans le souvenir de la vie de Jésus. Et cela a traversé la mort. C’est sa vie qui est ressuscitée et c’est sa vie qui se lève ou se relève.
L’attitude de Thomas ne surprend pas. Au fond, il ne demande qu’à trouver le sens de la résurrection de Jésus; il ne demande qu’à saisir le sens de sa vie. Cela nous ressemble. Il veut toucher à sa vie, à son corps et voir comment la résurrection lui traverse le corps et peut l’amener à sortir de son enfermement.
Aujourd’hui, nos discours sur la foi en la résurrection de Jésus pourront paraître très abstraits si la résurrection ne nous renvoie pas à la vie de Jésus, à ses options, si la résurrection ne nous relie pas à sa vie, à nous redire que ressusciter, c’est tenter de conduire notre vie dans les traces, les pas de Jésus. Ne cherchons pas le sens de la résurrection ailleurs. Jean nous montre que Jésus donne du souffle pour qu’on agisse.
C’est ce que nous essayons de nous dire, dans chaque eucharistie, en partageant le pain et le vin et qui nous renvoie au quotidien de nos vies. C’est maintenant, à travers ce que nous sommes, que nous devenons le corps du Christ, que la vie de Jésus peut parler au monde, peut nous parler et que la résurrection peut prendre sens... C’est ce que Thomas essayait de dire dans son doute et dans sa demande… Réaction saine… D’autres n’avaient pas besoin d’aller jusque là. Leur foi était comblée. Lui ne pouvait pas croire sans cette relecture de la vie et de la mort de Jésus qui ouvre à la résurrection.
Ce passage d’Évangile nous renvoie à nos interrogations sur ce que nous croyons et comment nous croyons. Il nous renvoie à la suite de témoins de la résurrection. Il y a un deuil à faire; un deuil du toucher et du voir pour ne pas rester enfermés. Mais ce deuil trouve son ouverture dans le souvenir que nous en portons, dans le rappel de sa Parole, de cette vie qui a marqué le monde. À cet égard, nous témoignons de la résurrection chaque fois que nous parions pour la vie et pour l’avenir contre les moments de désespérance.
Nous témoignons de la résurrection chaque fois que nous aidons quelques-uns à se tenir debout et à regarder l’aube qui pointe au bout de leur tunnel.
Nous témoignons de la résurrection chaque fois qu’à force de contester l’injustifiable, nous hâtons avec d’autres l’avènement de la justice et de la paix dans nos sociétés et dans le monde en général.
Christ ressuscité… Je vous laisse sur cette brève réflexion : comme le soleil, « d’un bout à l’autre du ciel il surgit; il vire à l’autre bout et rien n’échappe à sa chaleur. » Un goût de résurrection…

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal