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La Toussaint (C)

30 octobre 2016

1 Jn 3, 1-3

Ap 7, 2-4.9-14

Mt 5, 1-12a

Enfants de Dieu!

Hubert Doucet

Hubert Doucet

Les derniers jours nous donnent un aperçu de ce que peut être la tristesse de l’automne : pluie, grisaille, froid. Dans ces moments, je trouve naturel que nous créions des événements forts à célébrer, de manière à retrouver un peu de l’exubérance de l’été et ainsi soutenir notre espérance au quotidien de notre vie. Fête de l’action de grâces, Toussaint, Souvenir de nos défunts, même une fête aussi ambiguë que l’Halloween, autant d’occasions de nous rattacher à la vie.    

Hubert DoucetDe plus, on peut comprendre que, depuis des générations, se soit établi un lien spontané entre cette fête des saints et celle des défunts. Il semble d’ailleurs qu’historiquement, ce sont les fidèles qui ont trouvé bon d’unir ces deux fêtes. Nous cherchons à enrichir la vie en nous imprégnant de la vitalité de tous ceux et celles qui aujourd’hui encore donnent sens à nos histoires personnelles et communautaires.      

Cette dynamique qui est la nôtre rejoint la perspective même de Dieu qui ne réserve pas la participation à sa vie à un nombre limité, Israël ou l’Église, auquel réfère le nombre de 144 000. À l’inverse, comme nous l’annonce la lecture du livre de l’Apocalypse, entendue plus tôt, Dieu reconnaît dans l’immense foule bigarrée qu’il a sous les yeux les saints, c’est-à-dire les hommes et les femmes qui, en leur temps, cherchaient à vivre au mieux leur humanité. Bien qu’étrangers à ceux qui avaient été d’abord marqués du sceau, ces hommes et ces femmes sont tout aussi purifiés par le sang de l’Agneau. Eux aussi témoignent d’une grande vitalité

En quoi cette multitude hétéroclite et chamarrée trouve-t-elle son unité? Elle a vécu la grande épreuve, en répondant au mal par la miséricorde, ce qui est le cœur même des béatitudes. Dans un monde de violence et d’intolérance, cette foule est demeurée sensible à la souffrance de l’autre et l’a soutenu dans ses difficultés. En effet, les sept premières béatitudes que nous avons chantées nous invitent à entrer en relation aux autres de manière douce et pacifiante. Ces hommes et ces femmes cherchent à faire advenir une vie bonne pour tous et toutes.      

Mais pourquoi alors ces personnes qui ont un tel comportement de bonté, doivent-elles vivre la grande épreuve que la dernière béatitude résume ainsi : « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice! » Pourquoi pratiquer l’ouverture et soutenir l’autre engendre-t-il l’insulte, la persécution, l’ingratitude?      

C’est là le cœur du mystère de l’humanité qui, souvent, nous rend hésitants à nous engager dans cette voie de la sainteté. Cet engagement des béatitudes, Jésus l’a d’ailleurs vécu de manière tragique.

Bien des hommes et des femmes qui nous ont précédés et dont nous faisons mémoire aujourd’hui nous ont ouvert la voie en réussissant à intégrer le mystère de notre humanité. Nous leur en sommes reconnaissants. Bien des femmes et des hommes qui vivent encore aujourd’hui tentent aussi, à leur manière, de mettre en pratique ces béatitudes. Ce sont les vrais enfants de Dieu, témoignant dans la grisaille de notre temps de la richesse de la vie. Nous les admirons et nous disons parfois « C’est une sainte! » « C’est un saint! » Puissent ces frères et sœurs, morts et vivants, nous donner le goût de nous mettre sur la route des béatitudes à la suite de Jésus, sachant combien Dieu nous aime comme ses enfants.    

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal