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33e Dimanche du Temps Ordinaire (C)

13 novembre 2016

Malachie 3, 19-20a

Luc 21, 5-19

« Je vous donnerai un langage et une sagesse »

 

Bruno Demers

 

Il y aura de grands tremblements de terre… Des phénomènes effrayants surviendront et de grands signes venus du ciel. Pour la fin de l’année liturgique, l’Évangile nous présente des visions apocalyptiques, des visions d’épouvante. Quelqu’un de l’équipe de liturgie nous disait que cela lui rappelait des prédicateurs de retraite d’autrefois. Ceux qui commençaient leur sermon en évoquant le jugement et la condamnation de Dieu! Pourquoi parler de ces choses-là en 2016? L’Église cherche-t-elle encore à nous faire peur?

Bruno DemersIl faut dire qu’on n’a pas besoin que l’Église nous fasse peur ces temps-ci. L’actualité elle-même s’en charge déjà bien assez! Cette semaine, par exemple, des résultats d’élection ont été perçus comme annonçant le début d’une troisième guerre mondiale. C’est aller un peu vite en affaire, il me semble! Il n’empêche que nous assistons, à l’occasion, à diverses fins du monde, ou plutôt à diverses fins de mondes particuliers et que cela s’accompagne parfois de visions d’épouvante. Quelle est la bonne attitude à avoir dans ces circonstances?

L’Évangile ne passe pas sous silence de telles situations. Parce que cela fait partie de la vie. L’Évangile n’est pas un message doucereux, candide, déconnecté des réalités pénibles de la vie. C’est pourquoi il est question, dans la Bible, de violences, de phénomènes effrayants, de fins de monde. Mais nos Écritures fondatrices ne se contentent pas d’évoquer des catastrophes. Elles incluent une particularité.

En effet, quand on compare les récits apocalyptiques d’autrefois avec les passages apocalyptiques qui se trouvent dans l’Évangile, on remarque tout de suite une différence. Alors que les récits de cette époque se contentent de décrire des scénarios d’horreur, l’Évangile inclut l’affirmation d’une présence, d’un soutien dans les épreuves. Quand ces choses arriveront, vous n’aurez pas à vous préoccuper de votre défense. C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle vos adversaires ne pourront résister.

Ces particularités dans les passages apocalyptiques de nos Écritures font toute la différence : ils annoncent un soutien, une présence à nos côtés. Face à des épreuves, il y a des gens qui s’énervent, qui s’excitent, qui paniquent. Il y en a d’autres qui gardent la tête froide et ne succombent pas à l’impulsivité. Parce qu’ils sont plus solides. Parce qu’ils sont habités d’une présence, d’un soutien, d’une espérance.

« C’est moi qui vous donnerai une sagesse et un langage ». Une sagesse dans les épreuves, on le devine, c’est quelque chose de très précieux. Pour bien l’accueillir, on a besoin de cultiver le détachement et la sérénité. « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer », dit aussi Jésus aujourd’hui. Dieu nous inspirera le «savoir-faire», la capacité de discerner le bien du mal. Pas la sagesse purement humaine. Mais plutôt la capacité d’évaluer les événements à partir du point de vue de Dieu, c’est-à-dire en ayant toujours en tête la charité.

Malgré toute cette mise en scène, Jésus ne précise jamais la date de la fin des temps. Parce que l’important ce n’est pas ça, c’est le présent! C’est aujourd’hui que se joue l’avenir. Depuis la venue de Jésus Christ, nous croyons que la fin des temps est commencée. L’histoire a un sens : le Royaume de Dieu est en train d’advenir. C’est aujourd’hui que nous y collaborons ou non. Cela donne à notre liberté humaine toute sa responsabilité. Ceux et celles qui vivent dans la lumière n’ont pas à s’inquiéter. Ils ne seront pas surpris par le Jour du Seigneur.

Nulle part, dans les textes apocalyptiques d’aujourd’hui, il n’est question de condamnation. Pour vous qui craignez mon nom, le soleil de justice se lèvera; il apportera la guérison dans son rayonnement. Dieu nous fera justice. Il interviendra en faveur de ceux et celles qui la réclament. Les premiers chrétiens attendaient ardemment les derniers temps. Parce que c’était le moment où Dieu viendrait enfin s’occuper de son peuple et lui faire justice. Avec le temps, ils ont compris, à la suite de Jésus, que l’important était de vivre le temps présent dans la vigilance et la sagesse.

Bruno Demers

 

 

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal