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Communauté chrétienne St-Albert le Grand





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Premier dimanche du Carême (A)

1er Mars 2020

 

Genèse 2, 7-9.3, 1-7a          Matthieu 4, 1-11

 

« Prendre le risque du désert »

Guy Lapointe  

    

Il fut conduit au désert… par l’Esprit… venons-nous d’entendre. Un désert qui n’est jamais loin. Tout au long de son existence, Jésus gardera un certain goût du désert. Il fera l’expérience d’un désert, le désert de la solitude. Là où, même si on veut s’ouvrir aux autres, nous sommes à quelque part toujours seuls. Tout comme Jésus, pendant ce carême, nous sommes invités à prendre le risque du désert. 
Guy Lapointe
Dans toutes les grandes traditions culturelles et religieuses de l’humanité, lorsque quelqu’un se sent appelé à remplir une mission spéciale, il se retire dans la solitude pour réfléchir. Mais il lui arrive souvent d’être soumis à toutes sortes d’épreuves et de tentations. Après avoir passé à travers ces épreuves, il revient vers son peuple, plus attentif aux grandes réalités de la vie. Il revient avec une nouvelle personnalité. Le désert représente un lieu de préparation, un lieu d’attente. Un lieu d’apprentissage pour faire confiance à la vie.   

Après son baptême dans le Jourdain et sa reconnaissance comme Messie, Jésus fut conduit dans le désert par l’Esprit, pour y être tenté par le démon. Il est peut-être difficile pour nous de comprendre cette phrase très simple de l’évangéliste Matthieu. Il dit explicitement que l’Esprit Saint le conduisit au désert afin qu’il soit tenté par le démon. C’est un appel à reconnaître que Jésus est vraiment Dieu, vraiment homme.  

Lorsqu’il se retira au désert, Jésus était à un point tournant de sa vie. Il venait tout juste de recevoir, dans sa conscience humaine, une lumière sur sa relation avec Dieu, son Père. Au moment de son baptême, il avait entendu la voix de son Père lui dire : « Tu es mon fils bien-aimé ». Parce que Jésus avait assumé totalement sa condition humaine, il vécut ce passage comme une nouvelle phase de sa maturité humaine. Et il vécut ce passage comme toute autre personne l’aurait fait à travers une crise profonde et la tentation. Non, Jésus ne sera pas un homme de pouvoir, de quelque pouvoir que ce soit, même religieux. Il le dit clairement au désert. Au désert, il a voulu dire aussi que Dieu est tout près de chaque être humain, même, et je dirais surtout, des plus dépourvus. Il sera un homme de présence, de tendresse et de compassion.  

Comme toute personne confrontée à la Vie, il fut confronté aussi à la présence du mal et du péché. Dieu est vie; le péché est toujours fondamentalement un refus de la Vie, un refus de croître à une Vie nouvelle. Ce fut la tentation que vécurent la première femme et le premier homme au début de l’évolution de l’espèce humaine racontée dans la première lecture. Ce fut aussi la tentation rencontrée par le peuple d’Israël. Jésus passa par la même tentation au désert au début de sa mission comme Messie. Nous aussi, nous sommes confrontés à la même tentation comme individus et comme communautés. Mais fondamentalement, toutes ces tentations ne sont que des manifestations du refus de la vie. 

Toute sa vie, Jésus garda un goût du désert. Il fera l’expérience de la solitude. Ce désert de solitude, il le porte en lui comme une mission qui est toute sa vie. Il lui revient de trouver la façon de dire Dieu. Il lui revient de trouver les chemins par où Dieu va nous conduire, alors qu’en ce premier dimanche de carême, nous reprenons avec Lui la route qui mène à Pâques et qui traverse la mort. Oui, au plus profond de nos absences, il aura été un homme de présence. Toute sa vie, comme sur le chemin d’Emmaüs, il prendra la route avec les personnes rencontrées.   

En ce début de carême, nous sommes invités à discerner quelles forces dirigent notre vie. Nous voici réunis encore une fois pour célébrer, chacun et chacune avec son histoire de vie et de foi, avec sa manière de concevoir le désert. Nous sommes là pour partager le pain et la coupe, pour nous parler de Lui, pour nous redire, avec nos interrogations, que dans nos déserts, Jésus nous accompagne au plus profond de notre vie.