Célébrer l'eucharistie à Saint-Albert
Une recherche de foi vécue communautairement
Une communauté créative depuis 50 ans
Nous nous souvenons de Guy Lapointe
Legs liturgique de Guy Lapointe
La Communauté Saint-Albert-le-Grand se raconte par les bulletins Étapes de 1966 à 2011
Pour accéder aux archives de Silence Prière Musique CLIQUER ICI
Voici les textes bibliques du 4e dimanche de Pâques :
* Ac 13,14.43-52
* Ap 7,9.14b-17
* Jn 10, 27-30
Je vous invite à lire sur notre page web, le rapport écrit par les deux responsables Jean Duhaime et Marie-Claire Tremblay sur le dernier repas communautaire, cliquez ici. Ceux qui n’ont pas pu y participer pourront prendre connaissance de la conférence donnée par Marie-Andrée Roy au sujet de la deuxième session du Synode sur la synodalité. Vous serez sans doute intéressé[e]s au résumé des échanges qui ont eu lieu après la présentation où on souligne des liens entre le fonctionnement de notre communauté et quelques propositions faites au Synode.
Le 15 mai, 18 h 30, Silence, Prière, Musique - Duo de sopranos. Accompagnement de piano.
Le concert du CCCM, mercredi 7 mai à 19 h 30 Rencontre autour du piano avec Monique Désy-Proulx. On chante en chœur les grands classiques de la chanson québécoise et française avec des cahiers pour les paroles.
Le dimanche 25 mai, assemblée générale. On apporte son lunch; le repas communautaire ainsi que la réunion se tiendront au Centre Dominicum en face de la grande porte du couvent. Pour ceux et celles qui viennent d’arriver dans notre communauté, ce serait une magnifique occasion de nous connaître davantage. C’est lors de cette réunion que se tiennent les élections. C’est aussi le moment où nous discutons et votons les orientations pour la prochaine année, c’est-à-dire pour 2025-2026. Vous avez sans doute remarqué que les laïcs et laïques prennent beaucoup de responsabilités chez nous. Si vous voulez connaître davantage la Communauté à laquelle vous avez choisi de vous joindre, participer à l’assemblée générale est un excellent moyen. Vous pouvez aussi consulter le volet Organisation.
Tous les membres de la Communauté sont bienvenus à cette réunion décisionnelle.
Funérailles des membres de notre Communauté :
Funérailles de Gilles Tassé, Accueil 10 h 30, Célébration 11h 00, le 10 mai - cliquez ici
Funérailles de Pauline Gadbois, Accueil 10 h 00, Célébration 11h 00, le 16 mai - cliquez ici
Claude Desjardins, époux de Suzanne Lavigueur, Célébration des funérailles le 31 mai à 11 h - cliquez ici
Michèle Beaulac
Présidente de la CCSA
secretariat@st-albert.org
Les premiers dimanches du temps pascal nous présentent des récits d’apparition de Jésus. Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais je me suis toujours demandé pourquoi Jésus n’est-il pas reconnu tout de suite. Compte tenu des événements traumatiques que les disciples ont vécus, il me semble que la reconnaissance aurait dû se faire plus rapidement. L’évangile d’aujourd’hui fournit quelques pistes de réponse à notre question. Et ces pistes peuvent nous aider, nous aussi, à le reconnaître aujourd’hui.
Si nous avions à inventer un corps de ressuscité, nous lui donnerions certains éléments. D’abord, nous insisterions sur la pleine corporéité de Jésus, ce qui permettrait de le reconnaître au premier coup d’œil. De plus, nous lui attribuerions des pouvoirs plus évidents qui montreraient bien qu’il appartient désormais à la sphère divine. C’est comme ça qu’on imagine d'un corps de ressuscité. Or, les récits d’apparition que nous trouvons dans les évangiles ne correspondent pas à nos attentes spontanées.
C’est en regardant attentivement ce que vivent les disciples que nous pouvons commencer à comprendre. D’abord, après la mort de Jésus ils sont retournés en Galilée. Puisque le projet de Royaume de Dieu de Jésus n’a apparemment pas réussi, ils sont retournés en arrière, à ce qu’ils savaient déjà, laissant de côté leurs rêves de vie nouvelle. Ils retrouvent leur métier de pêcheurs. Dans notre récit, ils ont peiné toute la nuit et sont fatigués. Ils sont même découragés parce qu’ils n’ont rien pris.
C’est à ce moment-là que Jésus leur apparaît. Il les rejoint après la nuit, dans leur peine, dans leur souci, dans leur faim. Et il les appelle : Les enfants, auriez-vous quelque chose à manger? Jusqu’à ce moment-là, ils avaient bien vu qu’un étranger se tenait sur le rivage mais les disciples ne savaient pas que c’était lui. À partir de l’instant où ils entendent sa voix, ils commencent à réagir : un sursaut provoqué par une parole et un consentement à ce que Jésus leur demande. Ils jetèrent donc le filet, et cette fois, ils n’arrivaient pas à le tirer.
Il en va de même pour nous aujourd’hui. C’est souvent quand nous avons peiné toute la nuit, sans rien prendre, que Dieu est plus facile à percevoir. Il est plus difficile de l’écouter et de le voir quand nous sommes encore suffisamment forts pour tout gérer par nous-mêmes. Il est plus facile d’écouter l’appel de Jésus quand nous avons éprouvé par nous-mêmes notre incapacité, notre faiblesse, notre stérilité. Nous sommes alors plus réceptifs à sa Parole.
De façon étonnante, Jésus ressuscité devient plus concret quand on n’a rien pris, quand on est fatigué, quand on est affamé. Autrement dit, c’est quand l’évidence de notre faiblesse est manifeste qu’il est plus facile de faire l’expérience du ressuscité et de le reconnaître dans nos vies.
Et ça ne s’arrête pas là. Il y a un feu sur la grève avec du poisson et du pain. Les disciples reviennent vers Jésus avec leurs filets chargés de poissons. Mais Jésus n’a pas besoin de leurs poissons. Il a déjà préparé le repas et, en plus, il les attend pour manger avec eux.
Dans le récit, on est maintenant en plein contexte d’eucharistie. Jésus est le pain de vie. Il est celui qui se donne en nourriture. Il est le grain de blé mort, qui meurt pour porter du fruit en abondance pour la multitude.
Apparaître sans que les disciples ne s’y attendent, les appeler, être à table avec eux, ce sont là les trois manifestations du Ressuscité par lesquelles il se révèle à eux comme le Vivant.
Notre récit présente ensuite un dialogue entre Jésus et Pierre sur l’amour et la responsabilité pastorale. En écho à la triple trahison de Pierre lors de la passion, Jésus lui demande à trois reprises : Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment? La trahison de Pierre est reprise et pardonnée. Désormais, ce sera par l’amour que s’exercera le ministère dans l’Église : Sois le berger de mes brebis. Car, nous en avons déjà fait l’expérience, ce qui est matériel diminue à mesure qu’on le partage. Au contraire, l’amour croît d’autant plus qu’il se donne davantage.
Suis-moi, Pierre. Vous aussi, soyez mes témoins.
En communauté chrétienne, nous proclamons un évangile, nous l’entendons, nous le recevons. Il y aurait peut-être lieu de critiquer aujourd’hui la réception que nous faisons de l’épisode qui clôture notre octave pascale.
Le plus souvent, j’y reviendrai, la belle profession de foi de Thomas est occultée par sa soi-disant incrédulité. C’est ce que l’on retient de lui. Par exemple, assez récemment, je participais à une célébration eucharistique qui, au moment de la profession de foi, alignait les crédos de Marie-Madeleine, Marthe et Pierre en négligeant celui de Thomas, comme si la qualité de son expression de foi était atténuée par la recherche qui l’a précédée. Ne serait-ce pas plutôt le contraire, l’accession à une foi épurée, qui se garde d’être le fruit de l’imagination ou la consolation dans la tristesse ?
Autre petit problème : la communauté des disciples et sa crédibilité. Il serait utile de braquer les projecteurs sur les déficiences de cette communauté. Thomas était absent ce jour-là. Il avait peut-être décidé qu’il en avait assez de la période de confinement que le groupe s’était infligée par « peur des Juifs ». Il a eu le courage de sortir. Et voici qu’à son retour, les dix autres lui racontent l’invraisemblable. Ils sont tout à leur joie : « Nous avons vu le Seigneur! », mais pas un n’a assez d’empathie pour comprendre que, au sens littéral, « Thomas n’était pas là », que leur témoignage ne pouvait être audible pour lui. Aucun n’a pris la précaution de lui dire quelque chose comme « aussi incroyable que cela puisse paraître »…
L’enthousiasme des disciples est encore moins contagieux quand on sait que malgré cette apparition du Ressuscité, ils gardaient le cadenas bien en place sur la porte. Eh oui, les portes étaient encore verrouillées, une semaine plus tard ! Les disciples restaient enfermés dans la peur, dans un climat mortifère. N’est-ce pas une indication pour notre témoignage chrétien ? Si la joie ne nous fait pas sortir de nos peurs, de quelle joie s’agit-il ? Comment témoigner de la Résurrection en restant prisonnier du tombeau ? À quoi peut-on voir que nos tombes se descellent sinon quand un changement en profondeur survient au point où l’entourage cherche à en trouver la cause ?
Qui était l’Apôtre Thomas ? Pour bon nombre de personnes, la question est vite résolue, Thomas, c’est l’incrédule. Si bien que le langage populaire a adopté cette position. On dit « ne fait pas ton Thomas ». Thomas, en effet, semble réticent à croire, il demanderait, si on l’entend au premier degré, à toucher les plaies de Jésus. Et Jésus lui-même l’aurait invité à sortir de son incrédulité pour devenir croyant. Même si la cause est entendue, je persiste à soutenir que Thomas n’est pas un incrédule. Qu’est-il alors ? C’est un confirmand, c’est-à-dire qu’il se pose en candidat pour être confirmé dans sa foi. Il attend d’être saisi dans toute sa personne par une réalité que la communauté des disciples avait déjà expérimentée mais qui exige une adhésion personnelle.
Thomas, l’un des Douze, comme le précise l’Évangile, avait lui aussi cheminé avec Jésus. Il le connaissait, l’appréciait, au point de se mettre à sa suite. Il avait peut-être partagé les hésitations et les incompréhensions de ses confrères disciples. Comme eux, il a été témoin du ministère de Jésus, de ses paroles et de ses actes. Jamais les récits évangéliques ne laissent entendre qu’il ne voyait pas en lui un prophète ou même le Messie. Jamais il n’exprime aucun scepticisme, seulement l’interrogation d’un être raisonnable.
Mais l’événement de la Résurrection se situe dans un autre registre qui fait appel à la foi, qui amène à proclamer que Jésus est le Fils de Dieu. C’est une affirmation qui ne va pas de soi, que l’on ne fait pas à la légère.
Disons que Thomas n’est pas le contraire d’un incrédule, un être crédule. Et c’est heureux ! Cela n’en fait pas pour autant un scientifique qui voudrait vérifier, contrôler. Le Ressuscité résiste à toute tentative de possession. Simplement, Thomas n’est pas du genre à croire n’importe quoi ! Jésus est le premier ressuscité d’entre les morts. L’inédit peut bien provoquer un peu d’étonnement. N’allons pas faire le reproche à Thomas de ne pas avoir la foi du charbonnier ! Notre foi en la résurrection se fonde sur celle des apôtres. Cela réclame des assises solides. Notre maison ne repose pas sur le sable des illusions !
Thomas réclamait au fond exactement la confirmation qu’avaient reçue les autres disciples. C’est en ce sens que Jésus a répondu à sa demande. Non pas de pouvoir mettre la main dans son côté, mais de lui donner accès à la foi pour qu’à son tour il puisse témoigner de la Paix du Ressuscité et annoncer le pardon des péchés. Quand Thomas s’exclame : « Mon Seigneur et mon Dieu », ce n’est pas l’expression d’un sceptique confondu, mais celle d’un croyant éperdu de reconnaissance, qui embrasse le Christ dans la foi et lui déclare son appartenance. C’est la plus belle des confessions de foi.
Soyons confirmés dans cette même foi, vivons de cette béatitude de la foi : « Heureux, heureuses ceux et celles qui croient ! » Alléluia.