J’ai étudié récemment en détail l’ensemble du texte d’Ézéchiel 18 dont est extrait la première lecture d’aujourd’hui (v. 25-28)*. On considère souvent ce texte comme un des énoncés les plus explicites de la Bible hébraïque sur la responsabilité individuelle. Mais un examen attentif du contenu et du mouvement de cette controverse démontre que ce texte vise moins à établir avec exactitude la doctrine de la rétribution individuelle qu’à débloquer une impasse et à inviter à une conversion.
Les exilés, auxquels Dieu s’adresse, se prétendent victimes des fautes de leurs « pères ». Cela les enferme dans le fatalisme et les empêche de voir leur propre culpabilité. Dieu affirme que les gens de la génération actuelle ne paient pas pour les révoltes des précédentes, mais à cause de leurs agissements incorrects. La reconnaissance de leur responsabilité peut les amener à retourner à Dieu par un changement radical (en se faisant « un cœur neuf et un esprit neuf », v. 31) et leur ouvre un avenir d’espoir et de vie.
* Voir Jean Duhaime, "Un appel à la responsabilité : « Retournez-vous et vivez » (Éz 18,32) Approche structurelle et théologique d’Ézéchiel 18", Théologiques 24,1 (2016), p. 73–107 [https://id.erudit.org/iderudit/1044740ar]
La force des paraboles réside dans leur proximité de notre quotidien. Celle-ci, qui met en scène le vigneron et ses deux fils, ne fait pas exception. (Mt 21, 28-32)
En effet, cette parabole me rappelle quelques épisodes de vie familiale, pas si lointains, où le défi souvent était de trouver des « volontaires » pour laver la vaisselle après le repas du soir. Les excuses pour se défiler abondaient, un devoir à finir, la pratique de piano, un appel téléphonique à retourner, et j’en passe. Ce défi existentiel posait toujours la question du choix de la meilleure approche à utiliser. La méthode autoritaire et coercitive ou la méthode pédagogique et suggestive ?
Dieu est un grand pédagogue, il a tout son temps, « car mille ans sont à ses yeux comme un jour » (Ps 90, 4). L’expérience de foi en est une d’intégration lente, assidue et constante. Elle nécessite conviction, confiance et joie dans l’exécution.
N’est-ce pas la seule façon d’avoir des assiettes étincelantes ?
Dieu accepte de se faire dire oui ou non. Et on peut changer d'avis à tout moment.
…le temps de témoigner et celui de se taire,
le temps de respirer avant d’agir,
celui de se retirer et de lâcher prise
et, s’il le faut, d’entrer dans la mêlée au risque d'y être écrasé.
Temps, souffle, vie : quel Mystère !
Dieu a créé le temps et l’espace pour y installer sa création.
Et nous sommes si petits dans l’espace, quant au temps, il se dérobe sans cesse sous nos pas, le présent s’évapore devenant futur et passé en un rien de temps!
Dieu est présent partout, immobile, il nous appelle, il nous attend.
Et nous sommes toujours en mouvement, en train de courir, de rentrer et de sortir de nos maisons, de nos voitures, de faire, défaire, refaire.
Dieu nous appelle, il attend.
J’ai dû plusieurs fois sortir de mon pays et y revenir pour trouver assez d’espace et rencontrer le temps. Côtoyer le temps qui se déroule inlassablement dans l’espace.
Pendant longtemps le temps a défilé, et mon temps n’est pas infini…
Dieu m’appelle, il m’attend.
Il y a un temps pour tout… Sagesse.
Et puis un jour, prise dans une infime partie de ce temps, je me suis arrêtée juste à temps. Dieu n’avait pas bougé, Il m’attendait dans ce présent.