Le dimanche rose, le dimanche de la joie! D’où vient-elle?
Est-ce simplement de savoir en plein hiver que les arbres vont fleurir de nouveau au printemps?
Ou est-ce plutôt, de savoir et accepter que le mal, la tristesse, la souffrance et le deuil fassent partie de notre vie humaine. C’est comme ça! Pas besoin d’y porter trop d’attention.
Au contraire, ouvrir tout notre être, tous nos sens, tout notre cœur, notre âme et notre esprit à la joie – la chercher activement – car elle est le cadeau surprenant que Dieu nous fait : la petite lumière au milieu de la nuit. Comment la refuser?
J'ai vu la joie de mes petits-enfants : joie simple, spontanée, limpide et j'ai pensé que c'est peut-être la joie des enfants qui se rapproche le plus de la joie spirituelle à la différence que la joie spirituelle n'est pas exubérante mais tout en retenue, intérieure et surtout LIBRE au sens qu'elle ne dépend pas des conditions extérieures comme l'absence de maladie ou d'épreuves. On la reconnaît parfois chez de grands malades cloués au lit toute une vie… C'est ici qu'on la distingue de la simple "joie de vivre" si fragile.
Je crois aussi que la joie spirituelle se nourrit de Beauté sous toutes ses formes et, pour nous chrétiens, de la beauté des Mystères divins, d'émerveillement devant la VIE et d'intériorité silencieuse. Qui sait si elle ne jaillit pas alors du fond de l'être : simple, spontanée et limpide comme une eau… l'eau vive des ruisseaux que les enfants poursuivent…
La lettre de Paul aux Thessaloniciens est tellement condensée et tellement complète que le seul commentaire qui me vient à l'esprit est qu'elle mérite d'être lue lentement, plusieurs fois, et méditée phrase par phrase.
Nous voici au 3e dimanche de l’Avent, le dimanche de la joie que soulignent tous ses textes. Plus particulièrement, le Cantique de Marie (Lc 1, 46-50, 53-54) et l’extrait de la première lettre de Paul aux Thessaloniciens (1 Th 5, 16-24) sont des odes à la joie qui me font penser à celle qui couronne la 9e symphonie de Beethoven.
Quelles sont mes sources de joie? Elles sont multiples car la joie résulte d’une quadruple connexion à la création, au quotidien, à soi-même et à l’autre.
La joie émane d’abord de la création, encore faut-il prendre le temps de la contempler, de la ressentir. Cette année, pandémie oblige, j’ai vécu pleinement la lente transformation des saisons et apprécié les mille variations des levers et des couchers de soleil. L’Hymne de l’univers du prophète Daniel résume mon enchantement éprouvé face à la création (Dn 3, 57-88). « Que la terre bénisse le Seigneur ; A lui, haute gloire, louange éternelle! »
Puis le quotidien est une autre source de joie profonde, comme nous le rappelait souvent Benoît Lacroix, ce chantre du quotidien. L’arôme du café matinal, une assiette de « gnocchi » avec une sauce tomate et basilic et du parmesan frais, une randonnée en montagne, une conversation intime et la musique, sont autant de plaisirs qui peuvent se transformer en joie, dès lors qu’ils touchent nos fibres les plus profondes. Cette transformation alchimique qui s’opère dans le creuset de notre intériorité raccorde notre humanité au mystère divin qui nous enveloppe.
Une autre source inépuisable de joie est la Parole du Seigneur, qui par ses multiples métaphores et paraboles nous entraîne au plus profond de nous-mêmes et nous permet d’apercevoir parfois, bien que timidement, l’étoile qui nous guide vers le Merveilleux. A travers les hauts et les bas de la vie, la frénésie et les préoccupations qui nous assaillent, gardons un regard d’amour et de compassion sur soi, sur ceux qui nous entourent, et sur l’humanité toute entière. Laissons l’énergie vitale circuler, en dépit des obstacles qui la freinent, et que la joie ne se tarisse jamais.
Pour moi, la joie naît de l’espérance… Espérance bien sûr que suscite l’arrivée d’un vaccin pour sortir de la pandémie actuelle, mais espérance aussi à l’annonce de la venue prochaine d’une arrière-petite-fille chez mon petit-fils, comme quoi la vie continue malgré tout… Espérance de voir la lumière au bout du tunnel, cette lumière que nous cherchons depuis le début de l’Avent et que nous annonce Jean-Baptiste… Espérance d’une joie prochaine, qui nous incite à poursuivre la route sans nous décourager.
D’où vient cette joie dont Paul nous parle, comment la trouver?
Actuellement, je travaille sur la correspondance échangée par mes parents entre 1940 et 1945. Georges était prisonnier des nazis. Jacqueline était recluse (ou presque) chez ses beaux-parents. Ils n’avaient aucune raison d’être joyeux. Convertis, pour Papa d'une libre-pensée vaguement déiste, tandis que Maman venait du judaïsme, ils puisaient dans leur amour mutuel enraciné dans l’évangile une espérance qui s’est avérée — ce serait trop dire « à toute épreuve » — mais à la hauteur de ce qu’il et elle vivaient. Pas de longue tristesse chez eux.
Leur exemple me porte à penser que la profonde joie survient lorsque l’on a tout perdu et qu’une étincelle de bonheur — jaillie on ne sait d’où — illumine un sombre quotidien. Ne retrouve-t-on pas ici le Cantique des Créatures de François d’Assise pauvre, aveugle et dans l’attente de « notre sœur » la mort ? « Loué sois tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures […] Loué sois-tu, mon Seigneur, pour notre sœur la Mort corporelle, à qui nul homme vivant ne peut échapper.»
VOIR
Et en corollaire, quelles sont vos sources de joie en ces temps difficiles?
Que de symboles dans ce gâteau-berceau rose inventé par notre amie Gaël, pâtissière à Québec VOIR
La joie la plus profonde pour moi, c'est de me (nous) savoir aimé(es) inconditionnellement par un Père qui nous attend (et de le croire), le cœur de la Bonne Nouvelle annoncée par Jésus.
Maintenant, comment la trouver dans l'ordinaire de ma vie? (Surtout de ces temps-ci…)
La joie, elle est là quand je suis capable de me laisser toucher par le beau (mes petits œillets roses sur ma table), par la voix joyeuse de ma petite-fille au téléphone, quand je sens la chaleur du lien avec un(e) ami(e), quand j'ai pu me faire proche de la peine de quelqu'un(e), quand je suis témoin d'un geste gratuit dans l'autobus, quand je lis vos témoignages sur cette page. Je ressens alors tout le "bon" de la vie, je laisse monter en moi la gratitude et je sens combien cultiver celle-ci peut être source de joie et de paix, pas une joie effervescente, non, une joie simple, une joie humble. Bien sûr je n'y arrive pas toujours mais je m'y efforce…!
Masquée, température mesurée j’entre dans l’avion, beaucoup de places vides…
Les consignes de sécurité sont rappelées sans cesse, à chaque instant j’y pense, qu’est-ce que je peux faire de plus.
Paris CDG, à la sortie la police nous accueille, contrôle que chacun porte bien son masque, puis on vérifie le test covid.
Commence cinq heures d’attente, beaucoup de vols ont été annulés, j’attends la correspondance dans un drôle de climat.
Peu de monde, pas de bousculade, des sièges disponibles mais il n’y a plus rien d’ouvert, et où se mettre sinon dans un couloir qui me paraît immense, où régulièrement passent quatre soldats, imperturbables, lentement devant moi.
À cause des risques d’attentats???
Et toujours la même musique d’aéroport qui précède les mêmes annonces et consignes de sécurité sanitaires. J’ai l’impression de vivre dans une bande dessinée.
Mais mon esprit reste accroché à cette joie, faite de patience, qui est blottie en moi.
Je sais que même en ce moment j’ai beaucoup de chance d’être là, de pouvoir penser, réfléchir, de prier et parce que c’est le moment pour moi de voyager.
Dernier tronçon de mon voyage, le taxi se gare lentement devant la maison, je sais qu’elle m’attend, qu’elle guette le bruit du moteur et la lueur des phares de la voiture qui me ramène.
Elle veille, elle m’attend.
Elle m’ouvre sa porte en grand, et sa joie est totale, son sourire si fin sur son visage mille fois embrassé, la joie d’une mère, la joie de ma mère.
Je reviens encore une fois, comme une apparition, elle est heureuse et moi aussi.
Rendre grâce encore et encore.
Après une intériorisation de la lettre de Paul, je garde dans mon cœur les mots qui m'apaisent.
"N'éteignez pas l'Esprit," En effet le vaccin donne un peu de lumière sur la situation.
Et comme Paul salue ses frères et sœurs, je vous salue frères et sœurs de St-Albert d'un doux câlin (à distance c'est permis).
Et que chaque jour ait une manifestation de l'amour de Jésus-Christ.
Souris, Dieu t'aime!
Je n'aime pas me faire commander d'être joyeuse, même par saint Paul. D'ailleurs, la joie ça ne se commande pas. Ça naît, ça vient de l'intérieur.
C'est peut-être pour ça que Paul continue avec : n'éteignez pas l'Esprit. Mais ça reste un commandement. Et ça fait naître en moi le doute. Suis-je capable de la perfection à laquelle Paul m'invite?
Les deux derniers versets lèvent mes doutes : le Seigneur lui-même s'en occupe. Ça m'enlève un poids. Je retrouve la légèreté dans laquelle la joie peut s'épanouir.