2e Dimanche de l'Avent (B)
7 décembre 2014
Aller à la rencontre de la Promesse
Hubert Doucet
Nous avons ouvert notre célébration avec l’annonce de l’Apôtre Pierre : « Le Seigneur n’est pas en retard pour tenir sa promesse, comme le pensent certaines personnes; c’est pour vous qu’il patiente […]. Il veut que tous aient le temps de se convertir. » À la première lecture, l’explication de Pierre m’a surpris, puis, elle m’a réjoui. L’histoire n’est pas terminée. L’avenir est ouvert. C’est un temps de promesse où la vie peut encore grandir si nous acceptons de nous mettre en route vers le lieu de la rencontre.
Ces années-ci, le désenchantement nous envahit souvent et à bien des niveaux. Nous n’aurions plus les moyens de nos rêves. Et ici, je ne pense pas seulement aux coupures qu’on nous impose, mais à une dimension plus fondamentale, radicale même. La désillusion s’étend au style même de monde que nous développons, un monde qui s’étiole spirituellement. Notre belle aventure semble s’être arrêtée quelque part. Heureusement, la parole entendue aujourd’hui nous ouvre des pistes pour aller à la rencontre de la promesse.
J’en ai retenu une, celle du déplacement. Jean le Baptiste invite toute la Judée, tout Jérusalem, à se déplacer au désert. Prendre la route du désert n’est pas choisir la voie de la facilité, tous les aventuriers nous le rappellent. Mais plus encore, les personnes déplacées qui vivent le vrai désert de l’exil nous en témoignent encore plus clairement. Israël le sait aussi d’expérience, car les 40 ans de désert après la sortie d’Égypte, lui ont fait souvent regretter la vie triste et grise, mais plus facile qu’il vivait au pays des Pharaons. Pourquoi alors proposer le déplacement vers le désert?
Dans l’évangile de ce matin, il ne s’agit pas seulement de se déplacer vers un désert, mais de se déplacer au désert sur les bords du Jourdain. Jean-Baptiste invite à revenir en ce lieu où Israël, sortant de 40 ans de désert, est enfin entré en Terre Promise. Pour ce faire, il a dû traverser les eaux du Jourdain à pied sec, de la même manière qu’il était sorti d’Égypte en traversant la mer Rouge. Jean Baptiste appelle donc chacune/chacun à revenir au désert, pour y être à nouveau sorti des eaux, pour renaître.
Quel est ce désert vers lequel Jean le Baptiste nous invite aujourd’hui à nous déplacer? Il s’agit de notre propre cœur qui est souvent le désert de nos constructions, de nos justifications, de nos illusions. Nous l’avons bien senti lors des audiences de la Commission Charbonneau. Sans engagement de toute la personne, sans conviction morale concernant toutes les facettes de notre vie, sans reconnaissance de l’autre, tout devient permis parce que rien n’est important sauf moi. Jean le Baptiste nous annonce aujourd’hui que le pardon de Dieu va se manifester au plus profond de nous, nous sortant du chaos des eaux où nos péchés nous ramènent sans cesse.
Le grand rendez-vous de Dieu avec l’humanité, il est au fond de nos cœurs, là où son pardon trace une route aplanie dans nos terres arides et rend droit ce qui est tortueux. C’est alors que se rencontreront Amour et Vérité et que s’embrasseront Justice et Paix, comme nous le chantions plus tôt dans le psaume.
Ce monde nouveau, est-il pour demain ? Je ne crois pas que les semaines de l’Avent suffiront à nous transformer pour de bon. En nous laissant déplacer vers le désert, sur les bords du Jourdain, nous entrons cependant dans le temps de la patience. Et comme pour toute gestation, nous sommes appelés à vivre l’attente patiente de la naissance de Jésus au fond de notre cœur. Puissions-nous faire nôtre la patience de Dieu dont parlait l’Apôtre Pierre au tout début de notre célébration.
Certains passages de cette homélie empruntent librement à : Farin, Michel, Homélie, 2e Dimanche de l'Avent (année B), http://stignace.net/homelies/2eaventB4dec2011.htm.