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30e Dimanche du Temps Ordinaire (B)
25 octobre 2015
« Un cri vers une rencontre »
Bruno Demers
« Que veux-tu que je fasse pour toi? » Que voulons-nous que Jésus Christ fasse pour nous? On n’est pas habitué à se poser ce genre de question. Normalement on se demande plutôt : « Qu’est-ce que Dieu veut pour notre monde ou pour nous? » Nous poser cette question implique d’abord de nous demander si nous voulons quelque chose. Avec un peu de temps, nous pourrions probablement identifier plusieurs demandes. Puis il y aurait sans doute un ordre, une hiérarchie à mettre dans ces demandes. Y aurait-il des demandes plus fondamentales que d’autres?
Pour nous aider à réfléchir à tout cela, l’Évangile nous propose aujourd’hui un parcours bien marqué, bien défini : celui de l’aveugle Bartimée. Il y a d’abord Jésus, ses disciples et une foule nombreuse, anonyme. Tout ce monde-là est en route vers Jérusalem. Jésus vient de leur annoncer, pour la troisième fois, qu’il va mourir et les gens ne comprennent pas. D’autre part, en marge de ce cortège, il y a Bartimée, aveugle, mendiant, assis au bord de la route. On devine que les gens ne l’avaient même pas remarqué.
Tout à coup, un cri : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi! » Et une deuxième fois : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi! » C’est la commotion! Tout le monde est mal à l’aise. On veut le faire taire. Un simple mendiant aveugle se risque à interpeller Jésus et à faire arrêter cette foule. Et, en plus de ça, il l’appelle avec un titre de pouvoir : Jésus, « Fils de David, Messie, celui qu’on attend, celui qui vient au nom de Dieu ». Alors que la foule a de la misère à le reconnaître ainsi, c’est un simple mendiant aveugle qui le fait.
On comprend donc la commotion provoquée! Que fait Jésus? Il s’arrête et le fait appeler. Il a perçu qu’il y a là quelqu’un qui comprend quelque chose. Alors la foule s’intéresse, elle aussi, à ce mendiant aveugle. « Confiance, lève-toi; il t’appelle ». Cet appel à la confiance, Bartimée le prend au sérieux. Il jette son manteau, il bondit et court vers Jésus. Remarquez bien que c’est un aveugle qui fait ça! C’est une confiance imprudente, même exagérée.
Ça montre bien que tout a changé pour Bartimée. Tout devient possible pour lui. Jésus lui demande alors : « Que veux-tu que je fasse pour toi? » Quelle étrange question de la part de Jésus! C’est évident qu’il veut être guéri de sa cécité. Pourquoi donc lui pose-t-il cette question? Parce que Jésus a perçu, à travers la demande de l’aveugle, un désir plus profond : une quête de relation, le besoin d’une présence qui le mettra lui aussi sur la route et lui permettra de s’accomplir véritablement
« Rabbouni, que je voie! » Pas seulement « Rabbi, que je voie ». Mais Rabbouni : mon maître! Celui en qui je peux mettre ma confiance et qui me guérira! « Va, ta foi t’a sauvé! » Jésus ne lui annonce qu’il l’a guéri. Devant un tel acte de confiance en lui, Jésus lui dit qu’il est sauvé. Parce qu’avec une telle foi, tout devient possible! La fatalité du mal, de la souffrance et de l’égoïsme est brisée.
« Que voulez-vous que je fasse pour vous? » Il y a beaucoup de choses que je voudrais que Dieu fasse pour moi. Il y a sans doute beaucoup de choses que vous voudriez que Dieu fasse également pour vous. Mais l’important, c’est de jeter son manteau, de bondir et de courir vers Jésus. De renouer avec la confiance, une confiance qui peut même dépasser le rationnel, qui peut friser l’exagération car Jésus est l’envoyé de Dieu.
Nous pouvons donc nous remettre ainsi en route vers la venue du Royaume, formant un cortège de croyants, de disciples qui s’entraident les uns les autres. Un cortège attentif aussi à ceux et celles qui se trouvent au bord de la route et qui crient leurs besoins, leur misère. Car ils nous révèlent souvent des besoins, des valeurs que nous oublions. « Aussitôt l’homme se mit à voir et il suivait Jésus sur la route! »