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Communauté chrétienne St-Albert le Grand





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L'Ascension (A)

28 mai 2017

Yvon Pomerleau

 

Actes 1, 1-11 

Matthieu 28, 16-20

Éphésiens  1, 17-19

Quand l’absence devient présence…

L'Ascension est habituellement traduite dans l’art comme un départ miraculeux vers le ciel. Jésus est bien visible avec tout son corps enveloppé de lumière et comme déjà libébé de l’attraction terrestre. Un phénomène de lévitation en apparence! C'est un peu le message que nous suggère la première lecture. « Tandis que les apôtres le regardaient, il s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux ». Lors d’un séjour en Terre Sainte il y a quelques années, la première visite qui nous fut proposée comprenait la colline de l’ascension à proximité de Jérusalem. On y trouve un petit bâtiment en forme de rotonde qui, après avoir Yvon Pomerleauété une église, est devenu une mosquée. Au centre de l'édicule, on trouve un rocher sur lequel l'empreinte d'un pied est censée être visible. Un professeur de théologie de l'Université de Montréal exprimait son scepticisme en disant que « si c'est une empreinte de pied, Jésus devait porter des 24 ». Au-delà des légendes qui entourent ce lieu, l'important est de comprendre le sens et la portée de l'événement qui nous est relaté dans l'évangile d'aujourd'hui.

L’Ascension, tout comme Pâques, évoque un départ, une absence. Les saintes femmes trouvent un tombeau vide. Les apôtres découvrent que Jésus est disparu de cette terre. Et pourtant, ces premiers témoins affirment que le Seigneur est vivant. Si Jésus échappe désormais à la perception immédiate des sens, il est reconnu dans la foi de ses disciples. Une foi qui n’écarte pas les questionnements, ni même le doute. Dans le récit des Actes, juste avant l’Ascension, les apôtres interrogeaient Jésus : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël? » Dans l’évangile, il nous est dit que « certains (des disciples) eurent des doutes ». Notre foi en Jésus, aujourd’hui encore, laisse place aux questions et même au doute… pourquoi pas? L’évangile est rempli de questions, du début à la fin. Marie demande à l’ange qui vient lui annoncer qu’elle donnera naissance au Messie : « Comment cela se fera-t-il puisque je ne connais point d’homme? ». Même Jésus sur la croix s’adressera à Dieu dans un cri : « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? ». La question, surtout si elle porte sur des enjeux existentiels, implique en elle-même un certain doute. Si je connais déjà la réponse à une question, la question devient alors un jeu, une question de rhétorique. Dans la foi, le doute peut être un chemin vers un progrès, vers une plus grande maturité. Notre pape François écrivait que « les doutes qui touchent la foi peuvent être le signe que nous voulons connaitre plus en profondeur Dieu, Jésus et le mystère de son amour ». Pour nous la grande question demeure toujours celle que Jésus lui-même adressait à ses disciples « Pour vous, qui suis-je? ».       

En même temps que nous est manifesté le départ de Jésus de cette terre nous est affirmée la continuité de sa présence. « Pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel ». « Moi, je suis avec vous jusqu’à la fin du monde ». Cette présence de Jésus aujourd’hui se manifeste d’une manière analogue à celle qui a marqué la vie terrestre de Jésus. C’est à travers des signes que nous pouvons dans la foi reconnaitre Jésus vivant parmi nous. Jésus s’identifie au pauvre, à celui qui a faim, celui qui a soif, celui qui est étranger… Avec ce phénomène inquiétant des migrations forcées dans notre monde, n’avons-nous pas là, nous chrétiens, une occasion privilégiée de rencontre du Christ? J’étais étranger — Syrien persécuté par la guerre ou Mexicain menacé d’expulsion aux États-Unis — et vous m’avez accueilli. Dans la célébration eucharistique, Jésus vivant est parmi nous au cœur de notre assemblée, dans la Parole proclamée et dans le pain eucharistique partagé.   

Le message de l’Ascension, reflété dans les trois lectures de ce jour, est une invitation à proclamer la Bonne Nouvelle de Jésus vivant à toutes les nations de la terre. Une mission universelle. « Allez! De toutes les nations, faites des disciples ». « Vous serez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre ». Une bonne nouvelle doit être partagée et la Bonne Nouvelle du salut de Jésus, vainqueur du mal et de la mort, a une dimension universelle. Jésus nous a révélé que Dieu n’est pas le Dieu d’une nation ou d’un groupe privilégié : il est le Père aimant de tous, qui veut le salut de tous. Ce message prend un relief spécial dans un monde comme le nôtre où nous sommes de plus en plus proches les uns des autres grâce aux moyens de communication et en même temps de plus en plus en opposition au titre de différentes idéologies. L’ouverture au monde, aux autres cultures et religions est toujours menacée par un repliement sur soi identitaire. « Tous les peuples battez des mains, acclamez Dieu par vos cris de joie ».     

La fête de l’Ascension se situe entre Pâques et la Pentecôte. Elle est comme un trait d’union entre ces deux fêtes. C’est le même mystère qui est célébré : Le Seigneur est vivant. C’est dans la foi que nous pouvons le reconnaître et accueillir cette Bonne Nouvelle. Une Bonne Nouvelle pour toutes les nations. L’Ascension de Jésus est pour nous une invitation de raffermir notre foi hésitante et chancelante dans cette présence de Jésus vivant aujourd’hui dans notre monde. Ces paroles de l’épitre aux Éphésiens sont pour nous : « Que le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père dans sa gloire, vous donne un esprit de sagesse qui vous le révèle et vous le fasse vraiment connaitre. Qu’Il ouvre à sa lumière les yeux de votre cœur, pour que vous sachiez quelle espérance vous ouvre son appel (…) »