Voir le déroulement du 20e Dimanche du Temps Ordinaire 2020 (Année A)
Lors de la préparation de cette célébration, une personne de l’équipe a recueilli le sens de ce passage de Mattieu, en ces termes: « s’ouvrir à soi, s’ouvrir aux autres; rencontrer l’autre et se laisser rencontrer ». Avouez que c’est là tout un programme de vie…
Telle est l’expérience que nous sommes appelés à vivre, expérience que semblent vivre Jésus et la Cananéenne, dans ce passage d’Évangile. On ne peut qu’admirer la foi audacieuse et tenace de cette femme qui est l’une des figures les plus attachantes de la Bible. Chaque fois que je relis ou que j’entends ce superbe passage, je suis toujours un peu heurté d’entendre cette réaction de Jésus : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens ». Mais ce qu’il faut cependant ne pas oublier, c’est qu’à l’époque de Jésus, on désignait les païens comme des petits chiens.
Ce passage nous parle d’une étrangère, de l’ouverture et de l’accueil qu’on doit avoir envers ceux et celles qui sont différents. Vous conviendrez avec moi que le sujet est d’une grande actualité. Mais la cananéenne a encore une réaction pertinente : « Si le pain de la Parole est destiné aux enfants de Dieu, à la famille de Dieu, donne-moi les miettes de cette Parole, de ce pain ». On ne donne parfois que des miettes de pain.
Il y a la cananéenne qui veut que Jésus — qu’elle n’a jamais rencontré avant — guérisse sa fille. Elle a entendu parler de cet homme qui faisait des miracles, mais elle ne le connaît pas vraiment. Elle crie carrément après lui, et ses disciples veulent la faire taire. Elle lui fait assez confiance pour lui crier et crier de guérir sa fille. Jésus semble hésitant. Mais il sent chez elle une foi profonde et il lui dira : « Femme, ta foi est grande ».
Si ce passage de l’Évangile nous parle de la cananéenne qui vient on ne sait d’où, il nous parle aussi de la situation nouvelle de Jésus. Il n’est pas en territoire d’Israël. Il est ailleurs. Il s’était retiré vers la région de Tyr et de Sidon ». Or, il le dit lui-même : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël ». En répondant à la cananéenne, Jésus prend conscience que sa mission va plus loin que le monde d’Israël. Son message s’ouvre, sa mission est pour chacun et chacune, pour le monde entier. S’ouvrir à l’autre et à soi-même; rencontrer l’autre et se laisser rencontrer. Telle est la dynamique qu’on retrouve dans ce passage et dans le message de ce moment d’Évangile.
Jésus se laisse interroger par la cananéenne. Ils s’ouvrent encore plus l’un à l’autre. Ils se découvrent mutuellement. Et Jésus le reconnait : « Femme, ta foi est grande, que tout se fasse pour toi comme tu le veux. Et à l’heure même sa fille fut guérie. »
Jésus découvre que la foi dépasse l’appartenance à un peuple. Ce qui importe pour Dieu n’est pas l’appartenance à un peuple ou à une race, mais la foi et la confiance en Dieu. En rencontrant la cananéenne, Jésus découvre que sa mission dépasse le peuple d’Israël, mais doit rejoindre toutes les personnes. Il découvre que la cananéenne a une foi très profonde.
L’admiration de Jésus pour cette pauvre femme nous invite, particulièrement en ces jours où on parle beaucoup d’accueil des immigrants, à réfléchir sur nos propres discriminations et indique l’attitude à adopter envers ceux et celles qui sont différents de nous. Cette femme, c’est la foi de l’étranger, de celles et ceux qui sont différents.
J’ai lu cette réflexion qui résume bien, je crois, ce que j’essaie de vous dire : « Ne dites jamais que Dieu est de votre côté, priez plutôt pour être du côté de Dieu ». Se mettre du côté de Dieu, cela veut dire considérer tous les êtres humains comme des frères et des sœurs et de nourrir le désir de partager le pain, même les miettes, avec tous.