Comme chaque année, nous clôturons le temps de Noël par le rappel du baptême de Jésus. Mais cette fête commence aussi le temps ordinaire, pas au sens de temps banal ou d’importance secondaire, mais au sens du temps qui nous permet de vivre, dans l’ordinaire de notre existence, l’extraordinaire nouvelle de la présence de Dieu dans notre histoire. Pour nous faire basculer d’un temps à l’autre, la liturgie de l’Église nous propose de célébrer le baptême dans l’Esprit Saint qui est différent du baptême avec de l’eau de Jean Baptiste.
Pour nous aider à entrer dans tout cela, la scène d’aujourd’hui met en jeu une colombe! C’est normal, me direz-vous, on voit ça partout. Oui, mais vous êtes-vous déjà demandé pourquoi l’Esprit Saint est habituellement présenté sous la forme d’une colombe? Rappelons-nous le début du livre de la Genèse : Le souffle de Dieu planait sur les eaux. Le Talmud des Juifs dit même : L’Esprit de Dieu planait sur la face des eaux comme une colombe! Cela se produit au début de la création : la colombe évoque donc la création, le début de l’histoire de notre monde.
Ensuite, à quel autre moment est-il question d’une colombe dans le Premier Testament? Vous le savez : dans le récit de l’arche de Noé : La colombe revint vers lui sur le soir et voici qu’elle avait dans le bec un rameau tout frais d’olivier. C’est la colombe qui indique à Noé que le déluge est fini et que la vie peut reprendre. Si la colombe est présente au baptême de Jésus c’est pour signifier que nous sommes bien à l’aube d’une ère nouvelle, d’une recréation. Je ferai sur vous une aspersion d’eau pure. Je vous donnerai un cœur neuf. Je mettrai en vous mon propre esprit… comme dirait le prophète Ézéchiel.
Premièrement : la colombe. Deuxième élément qui nous est proposé aujourd’hui pour nous faire entrer dans le baptême dans l’Esprit est cette phrase de la lettre de Paul à Tite : Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Le baptême est comparé ici à une renaissance. Quand j’entends cela, ça me fait toujours penser à ce qu’un jeune couple me disait lors de la rencontre pour préparer leur mariage : « Vous savez, mon père, quand on s’est rencontré et qu’on est tombé amoureux, on a vécu ça comme une seconde naissance. C’est comme si on avait redécouvert le monde avec toutes ses petites beautés qu’on n’avait jamais remarquées avant. On naissait à nouveau à la réalité! »
J’ai toujours trouvé cet aveu très beau et très évocateur! C’est vrai qu’à ce moment-là, on a l’impression de commencer vraiment à vivre. Le passé perd son importance. Désormais ce qui nous intéresse c’est le présent et l’avenir comme devenant joyeusement réels. C’est une nouveauté semblable que désigne le baptême dans l’Esprit. Les disciples de Jean-Baptiste se retiraient dans le désert comme lui. Ils faisaient pénitence, se livraient à des jeûnes ou à des pratiques de mortification afin de se convertir. Ils étaient alors prêts à recevoir le baptême avec de l’eau pour se purifier et entrer ainsi en communication avec Dieu.
Avec Jésus la perspective est renversée. Le Royaume de Dieu est déjà arrivé. L’Esprit Saint est là. Accueillez-le! Prenez conscience du cadeau qui vous est fait. C’est lui qui va vous convertir et changer vos cœurs. Avec Jésus, nous sommes d’abord invités à accueillir la nouveauté de l’Esprit et à nous laisser transformer par lui. Ce n’est pas nous qui nous convertissons à coups d’efforts et de pénitence. C’est l’Esprit qui nous convertit dans la mesure où nous nous ouvrons à lui.
C’est ça l’ère nouvelle, la renaissance du baptême dans l’Esprit : Dieu nous précède. Le Royaume est déjà là en Jésus Christ. Accueillons-le! Donnons la chance à l’Esprit de nous rejoindre et de nous transformer. Comme le dit saint Paul : il ne s’agit pas de nous constituer un dossier de bonnes actions et de mérites. Jésus Christ nous a envoyé son Esprit. Rendons-nous disponibles à son action. C’est lui qui nous convertira et qui guidera nos actes et paroles.
Le baptême dans l’Esprit nous révèle et nous rappelle que nous sommes plus que ce que nous pensons être : nous sommes des fils et des filles de Dieu. Face à tous les événements de notre vie, nous avons toujours cette possibilité de naître à nouveau, de découvrir en nous des virtualités que nous ne soupçonnions pas. Nous ne sommes pas condamnés à répéter le passé. Le Royaume de Dieu est devant nous. L’Esprit Saint nous est offert pour bâtir avec nous l’avenir.