Ben Sira 3, 17-18.20, 28-29 Luc 14, 1.7-14 He 12, 18-19.22-24a
Quand quelqu’un t’invite à des noces, ne va pas t’installer à la première place…
Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner, n’invite pas tes amis…
Des passages d’évangile étonnants. Jésus était à table chez un chef des pharisiens. Il voit comment les invités se comportent. Ce qui lui inspire deux paraboles. Ce sont des propos de table bien surprenants dans la bouche de Jésus. Ils peuvent même choquer, à première vue. Mais n’oublions pas, comme le dit Ben Sira, que « l’idéal du sage, c’est une oreille qui écoute ». Par exemple, l’exhortation à ne pas inviter à dîner ou à souper nos amis, nos frères, nos parents ou de riches voisins… sous le prétexte qu’ils devraient nous retourner la politesse, est, pour le moins, déconcertante.
Jésus semble d’abord profiter de l’occasion qui lui est offerte pour donner une leçon de savoir-vivre aux sans gêne et ambitieux, qui s’empressent de s’installer aux premières places. Il n’est pas dans son habitude de tenir de tels propos. Ces propos de Jésus doivent se lire à un autre niveau. On attendrait de sa part quelque chose de plus dérangeant, de plus provoquant. Ce que Jésus nous dit est à entendre au second degré.
Le premier propos de table.
Le premier propos de table veut signifier que celui qui s’installe de lui-même à la première place s’expose à la honte, à être rétrogradé, ce qui est plutôt désagréable au vu et au su de tous. Mieux vaut pas conséquent se placer en retrait et se faire inviter à prendre une meilleure place, ce qui constitue une marque de considération qui ne passera pas inaperçue. Ce premier propos introduit la sentence bien connue : « Qui s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé ».
On perçoit tout de suite que l’intention de Jésus n’est pas de donner une leçon d’étiquette, une recette pour bien paraître. Le propos de Jésus doit être lu au second degré. Le repas et les invités sont des allusions très nettes au royaume de Dieu, souvent comparé à un festin, ou à un banquet dans les évangiles, et aux conditions requises pour y être admis. Ce que Jésus veut dire aux pharisiens, c’est que pour entrer dans le royaume des cieux, il faut être à sa place, dans la vérité. Il faut être vrai avec soi-même, avec les autres et avec Dieu. Il n’y a pas de place pour les ambitieux.
Le second propos de table, c’est le choix des invités.
Le second propos de table tenu par Jésus est plus déconcertant. Il s’adresse cette fois non plus aux invités, mais à celui qui les a invités. Il s’adresse à lui non plus pour parler du choix des tables, mais du choix des invités. Il lui suggère de ne pas inviter à dîner ou à souper ses mis, sa parenté, des gens aisés, mais les personnes qui ne peuvent pas lui rendre la pareille : les pauvres, les estropiés, les boiteux et les aveugles.
Pour éviter les malentendus, il faut savoir que dans la mentalité religieuse de l’époque, chez les pharisiens en particulier, les pauvres et les handicapés se trouvaient en cet état, en raison de leurs péchés. Ils étaient impurs, et tout bon pharisien devait éviter de se trouver à table avec eux.
Par cette allusion aux préjugés religieux des pharisiens, le propos de Jésus ne pouvait s’entendre au sens propre… Il signifiait que le royaume de Dieu s’ouvre désormais à tous. Dieu ne fait d’exception pour personne. Tous sont invités au banquet. Il va de soi que Jésus ne nous demande pas de biffer de nos listes d’invités, nos parents, et amis. Jésus vise la mentalité et la religion des mérites et du calcul intéressé. Le chrétien est celui ou celle qui ne se ferme pas sur lui-même. Il a à cœur de penser aussi aux autres. Le pape François nous donne un bel exemple de cette préoccupation pour les plus démunis, pour les pauvres : « Allez vers les périphéries » vers les gens dans le besoin.
Dans notre communauté chrétienne, nous célébrons l’eucharistie dans le prolongement du repas de Jésus. L’ambition et l’intérêt n’ont pas leur place. Nous sommes invités à être à l’écoute de l’autre et de Dieu, comme nous l’a rappelé Ben Sira au début de la célébration : « L’idéal du sage, c’est une oreille qui écoute ». Nous sommes invités à nous mette à l’écoute de quelqu’un qui fait alliance avec nous, l’écoute de quelqu’un que nous ne cessons d’entendre dans une attitude d’accueil et de gratuité. Ouvrons grandes nos oreilles pour entendre ce que Dieu et les autres, quels qu’ils soient, ont à nous dire.
Les vacances s’achèvent. Une année de services, d’engagements nouveaux est là devant nous. Parce que Dieu est serviteur, mettons-nous à la disposition des personnes et des groupes qui attendent quelque chose de nous.