II Rois 5, 14-17 Tim 2, 8-13 Luc 17, 11-19
En relisant et en écoutant le récit de la guérison de Naaman, qui se jette dans le Jourdain et en sort guéri de sa lèpre, et qui dit : « Désormais, je le sais : il n’y a pas d’autre Dieu sur toute la terre que celui d’Israël… », et le récit des dix lépreux, je me posais bien des questions. Ces passages ne nous renvoient-ils pas à notre propre itinéraire? Qui sommes-nous? Comment avançons-nous dans la vie? Est-ce qu’on perçoit la foi comme un chemin? Et je me disais comment les rencontres de Jésus avec ses contemporains sont précieuses pour nous aider à saisir notre propre humanité. Et il est important de trouver les façons de nous ouvrir au chemin de la vraie vie.
Dans le passage de Luc, des hommes vivent plus ou moins en commun. Ils sont dix lépreux mis à l’écart de la société. Le respect dont ils font preuve à l’approche de Jésus, Luc l’indique : « Ils s’arrêtent à distance. »
Lorsque Jésus leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres », les dix précèdent Jésus sur la route qui mène vers le Temple de Jérusalem, là où l’on trouve les prêtres. Exclus du peuple par la maladie, les lépreux font néanmoins partie du peuple de Dieu. Alors que leur manque-t-il pour obtenir le salut?
Une seule chose leur manque : de revenir sur leurs pas. Ils n’ont pas fait demi-tour concrètement pour retourner vers la source d’où leur étaient venues la santé et la vie. Un seul est revenu en glorifiant Dieu à pleine voix : l’étranger. Là est toute la différence dans la démarche de foi. Tous les autres, guéris en route comme lui, et qui ne sont pas revenus, où sont-ils? On ne les a pas vus revenir pour rendre gloire à Dieu! Faut-il nous surprendre de celui qui revient? Ou de ceux qui ne reviennent pas? Cette histoire nous dit quoi au juste? Qu’il faut rendre grâce, dire merci? Ou bien s’agit-il d’une reconnaissance au sens fort du terme, d’une découverte extraordinaire?
Si l’étranger, ce Samaritain, nous disait quelque chose sur le cheminement de l’objet véritable de notre foi? Il est curieux de voir comment ce passage d’évangile parle de chemin à parcourir, de mouvement d’aller-retour sur la route. Il est dit que Jésus marchait sur la route, vers Jérusalem. Des lépreux viennent vers lui, l’abordent de loin en criant : « Jésus Maître, aie pitié de nous !» Jésus les relance aussitôt sur la route, les envoyant non pas dans leur enclos, mais vers les prêtres. Il fait ainsi appel à leur foi, sans soute, mais aussi à la Loi, qui doit certifier leur guérison. Ces dix obéissent tout de suite : ils ont confiance en la parole de Jésus.
Or, c’est sur cette route de leur foi en Jésus qu’ils sont purifiés. Leur foi débutante vers ce maître de Nazareth les a fait marcher. Une foi suffisante pour les purifier. Or l’un d’eux revient sur ses pas. Qu’a-t-il de plus que les autres pour revenir ainsi se prosterner devant Jésus? Son retour précipité découle en fait du mouvement de foi qui l’ouvre à la lumière en glorifiant Dieu à pleine voix.
Obéir à Jésus et à la Loi, ce sera finalement pour lui se jeter aux pieds du Seigneur, reconnaître en l’homme de Nazareth l’auteur de sa guérison et bien plus encore : le Samaritain sait maintenant que Jésus est Sauveur.
Sur nos routes quotidiennes, nous portons des joies et des peines, nous vivons des exclusions, des souffrances et aussi des guérisons. Tout cela prend la route avec nous. Dans notre cheminement, nous laissons aussi à l’Esprit l’ouverture de faire la lumière et de nous remettre en route, de nous amener à voir la vie des personnes et des groupes d’une façon plus juste. Le Samaritain qui revient vers Jésus nous rappelle l’importance de la reconnaissance de l’œuvre du salut et de la guérison qu’accomplit en nous le Christ.
Et maintenant pour nous. Revenir. Revenir sur nos pas. Revenir à la source pour repartir. Être capable de rendre grâce. Ce sont-là des dimensions de notre foi que nous avons à toujours tenir en éveil. La vie n’est-elle pas un chemin de foi?