Est-ce qu’il vous arrive parfois de devoir attendre? Par exemple, attendre un autobus sur le coin d’une rue; attendre dans la salle d’attente d’une clinique, que le médecin soit prêt à vous recevoir; ou encore, attendre un couple d’amis que vous n’avez pas vu depuis longtemps et qui s’est annoncé pour le souper. On le voit bien, il y a différentes façons d’attendre qui n’ont pas toutes les mêmes effets sur nous. Cela nous offre une piste de réflexion pour mieuxcomprendre ce que signifie attendre et préparer la venue de Jésus Christ à Noël.
Attendre un autobus ou que le médecin soit prêt à nous recevoir, ne fait pas partie de ce qu’il y a de plus humanisant dans nos expériences de la vie. Hormis, peut-être, de nous faire pratiquer la vertu de patience! Attendre des amis qu’on n’a pas vu depuis longtemps, c’est une tout autre affaire! On se prépare en se rappelant les dernières informations que nous avons reçues d’eux. On se remémorequelques souvenirs agréables. On en profite pour faire du ménage dans la maison. On prend le temps de cuisiner quelque chose de bon.
Dans ce dernier cas de figure, l’attente peut être vécue comme une expérience agréable qui vient même raviver notre énergie. Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre? Cette question de Jean-Baptiste montre bien qu’à l’époque, on attendait ardemment quelqu’un : le Messie, celui qui viendrait régner sur Israël, à la place de Dieu lui-même! Or, Jésus ne répond pas directement à la question. Il va même jusqu’à la détourner : Le Messie viendra non seulement pour les bons observateurs de la Loi, mais aussi pour les aveugles, les boiteux, les sourds et les pauvres.
On ne prépare donc plus la venue du Messie de la même façon qu’autrefois. Plus besoin de répondre à des critères de perfection pour entrer dans le Royaume de Dieu. C’est plutôt une question d’accueil, de disponibilité, de sensibilité. Dieu veut nous rejoindre là où nous sommes. Dans notre désir d’une vie meilleure, d’une vie délivrée des obstacles qui se présentent sur la route de notre accomplissement. On le sait, il n’est pas toujours facile d’aimer : on ne sait pas toujours comment s’y prendre. On n’a pas la force ou l’énergie pour tenter une autre approche. Souvent on est très défensif. Dieu nous rejoint tels que nous sommes et veut renouveler notre capacité d’aimer. Nous pouvons alors nous regarder en vérité, être le plus transparent possible. Quand nous attendons quelqu’un que nous estimons beaucoup, nous pouvons nous permettre d’être nous-mêmes, jusque dans nos vulnérabilités. Parce que, si la personne prend la peine de venir nous rendre visite, c’est qu’elle nous apprécie et veut nous témoigner son affection. Le simple fait de l’attendre nous redonne alors confiance et énergie.
Le temps de l’Avent, c’est ce moment de l’année liturgique où nous sommes invités à prendre conscience de nos attentes et de nos espoirs. Mais c’est aussi le temps de l’Avent même de Dieu qui vient nous rejoindre jusque dans nos vulnérabilités, pour nous aider à rêver et à imaginer. Notre désir d’aimer est déjà porté et soutenu par le regard bienveillant de Dieu. C’est pourquoi notre attente de sa venue, comme celle de quelqu’un que nous aimons et qui vient nous visiter, se vit dans la joie.
Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent. Le pays aride, qu’il exulte et crie de joie! La joie, on le sait, c’est plus qu’une sensation superficielle. C’est plus que le plaisir! C’est le sentiment que nous éprouvons quand, par exemple, nous avons aidé notre enfant à faire ses devoirs le soir et qu’il revient de l’école, le lendemain, avec des yeux illuminés parce qu’il a eu un bon résultat. La joie est une émotion profonde qui répond à notre quête de satisfaction intérieure. Dieu ne nous promet pas un bonheur facile, banal, éphémère. Il veut creuser en nous un sentiment d’accomplissement qui nous nourrit profondément. Peu importe les difficultés et les contrariétés de la vie, nous pouvons vivre dans la joie d’être portés et soutenus par la bienveillance de Dieu.
Dans cette eucharistie, nous prendrons le temps, avant le Notre Père, de nous regarder en vérité devant Dieu. Nous pouvons être transparents parce que, déjà, il soutient notre démarche. Notre joie sera aussi celle d’être accueillis et pardonnés par Dieu, parce qu’il veut réveiller en nous ce que nous portons de meilleur.