Le temps de l’Avent c’est le temps de l’attente… attente de Dieu qui vient à notre rencontre. Comme l’a dit Irwin James, un des douze hommes à avoir marché sur la lune : « le plus extraordinaire ce n’est pas que l’homme ait marché sur la lune, mais que Dieu ait marché sur la terre ». Non pas Lui là-haut et nous ici en bas. Mais Lui nous rejoignant. À la différence de toutes les autres religions qui cherchent avant tout à faire monter l’humain vers Dieu, à l’élever au-dessus de sa réalité ordinaire, quotidienne ; dans la foi chrétienne, le mouvement est inverse, c’est Dieu qui descend.
Le temps de l’Avent, c’est un temps particulier que l’on met de côté pour se préparer à cette rencontre. Alors cela nous permet de nous poser cette question : mais quel Dieu attendons-nous, quel Dieu souhaitons-nous recevoir à Noël ? Nous sommes vite tentés, quand on voit les difficultés du monde, d’espérer un Dieu qui règle tous nos problèmes ? Un Dieu qui vienne faire cesser toute guerre et toute violence en ce bas monde ? Un Dieu qui nous prouve par la force qu’il existe, un Dieu qui rétablisse sa justice ?
Le temps de l’Avent nous permet de nous poser un certain nombre de questions et d’épurer notre attente de Dieu, épurer dans le sens où il nous faut probablement la passer au tamis, car trop souvent notre attente est encore pleine du désir de recevoir le Dieu qu’on espère plutôt que le Dieu qui veut venir à ma rencontre. Suis-je prêt à me laisser surprendre ?
Chercher l’aide de Dieu n’a rien de gênant en soi. Dieu de fait nous aide, nous accompagne, nous donne force et espérance. Mais il y a une certaine ambiguïté à aller vers Dieu pour y être protégé. La foi ne sera jamais une assurance contre les malheurs, ni une garantie de bonheur.
À Noël ne nous attendons pas à recevoir un Dieu utile, dans le sens utilitariste que l’on va pouvoir utiliser pour améliorer notre confort, notre santé ou notre sécurité, notre protection, mais un Dieu qui vient nous rejoindre dans le plus ordinaire de notre vie. La crèche obscure comme lieu de naissance n’est-ce pas l’indice qu’il n’y a désormais plus un seul lieu sur la terre qui ne soit pas digne de recevoir cette présence de Dieu. Si Dieu a pu venir naître au fond de la crèche, alors il peut bien venir me rejoindre dans ma vie.
Alors quel Dieu voulons-nous accueillir à Noël ? Ou plutôt quel Dieu sommes-nous prêts à recevoir ? Sommes- nous prêts à nous laisser surprendre ?
Christ s’est fait pauvre pour nous rejoindre ; ce que Paul a si magnifiquement résumé quand il a écrit : « Vous connaissez en effet la générosité de notre Seigneur Jésus Christ qui, pour vous, de riche qu’il était, s’est fait pauvre, pour vous enrichir de sa pauvreté. »
C’est au cœur de l’humanité la plus fragile, la plus vulnérable que Dieu a décidé de nous rejoindre. C’est probablement un indice, un de plus, que pour retrouver Dieu il nous faut accepter dans notre vie nos propres lieux de pauvreté et de vulnérabilité. Ce n’est pas dans les parties les plus brillantes de notre vie que Dieu vient nous rejoindre, ce n’est pas dans le palais illuminé d’Hérode qu’il a choisi de naître, c’est dans les zones dans notre vie les plus reculées, les plus sombres, les moins en vue qu’il se love et nous attend. A nous de le chercher. Là au creux de notre vie.
Hubert Doucet