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2e Dimanche du Carême

13 mars 2022

Jésus transfiguré

Luc 9, 28b-36   

Genèse (15, 5-12.17-18) 

Paul aux Philippiens (3,17–4,1).   

Hubert Doucet

La prière transfigure.  
Dans les évangiles, il est souvent fait mention de Jésus qui se retirait pour prier. Dans la plupart des cas, on ne le voit cependant pas prier. Dans l’évangile de saint Luc, à trois reprises, on le voit prier. Que nous révèle ces trois occurrences? C’est la profondeur de la rencontre qu’il fait avec son Père La première fois, c’est lors de son baptême par Jean au Jourdain. Luc raconte que Jésus, après avoir été baptisé, priait. Dans sa prière, Jésus a vécu une expérience étonnante avec le Père : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé; en toi, je trouve ma joie. » La dernière fois, ce fut au mont des Oliviers, la veille de sa mort; il s’adressa à son Père, le suppliant d’éloigner de lui cette coupe. De nouveau, le ciel s’ouvrit pour le réconforter, mais, dans l’angoisse, Jésus priait avec plus d’insistance.
Entre ces deux épisodes, il y a l’événement que Luc nous raconte aujourd’hui. « Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante. » C’est comme si prier emportait Jésus dans un autre monde. Il devient transparent. Cet homme se laisse voir comme il est, i.e. le Fils du Père. 
Dans le geste de la prière, Jésus se révèle dans un acte régulier de sa vie. Il apparaît comme l’être transformé, témoignant de la lumière qu’il est venu nous offrir. Alors, les apôtres entendent la parole du Père : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le! » 
Dans la prière, non seulement, y a-t-il rencontre avec son Père, mais aussi avec des frères, Moise et Élie, qui chacun avait fait une extraordinaire rencontre de Dieu. Moïse, errant dans le désert pour éviter d’être fait prisonnier, n’avait-il pas conversé directement avec Dieu lors de l’événement du buisson ardent? À cette occasion, il avait reçu la mission de sortir son peuple de la misère. Quant à Élie, lui aussi errant dans le désert pendant 40 jours et en pleine détresse, il va se retrouver sur la montagne : c’est là que le Seigneur va passer pour lui donner la mission de ragaillardir son peuple « Sors et tiens-toi sur la montagne devant le Seigneur, car il va passer. »    
 La présence de ces deux hommes nous fait entrer davantage dans l’intimité de Jésus. La prière de Jésus ne le referme sur lui-même, l’isolant des autres, mais au contraire, sa prière est présence des autres et de la vie vécue : « Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem. »   
En pénétrant dans cette intimité de Jésus, nous prenons une plus vive conscience du regard d’amour que Dieu pose sur lui : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi. » Cette parole témoigne, à la fois, de l’énorme responsabilité de ce Fils qui a pour mission d’être la Parole de Dieu, mais aussi l’infini soutien qu’il trouve dans l’expérience d’être reconnu comme le choisi de son Père.      
Que retenir de la prière de Jésus pour notre propre vie ? Elle est une rencontre avec un Père infini qui nous aime, rencontre dans laquelle est activement présente notre façon propre d’être engagé dans le monde avec nos frères et sœurs. La prière devient confiance que nos engagements dans le monde prennent sens dans l’amour que Dieu a pour ses fils et filles.