Ces femmes qui se rendent au tombeau de Jésus « à la pointe de l’aurore » font preuve non seulement de beaucoup de courage, mais aussi d’une admirable amitié. Au cours des derniers jours, elles ont vécu des moments extrêmes où Jésus, abandonné de presque tous, sauf d’elles, s’est avancé vers l’heure de sa vie, l’heure de sa Croix.
Même si le projet de cet homme n’a pas abouti, ces femmes ont admiré ce Jésus, elles se sont liées d’amitié avec lui parce qu’il laissait espérer une véritable libération, une nouvelle façon de vivre et d’être non seulement entre humains, mais aussi avec Dieu. Elles ne pouvaient donc l’abandonner, malgré le douloureux échec que représentait sa mort. D’où leur devoir d’aller embaumer son corps, et cela, sans trop savoir comment elles pouvaient pénétrer dans le tombeau. Ces femmes, lorsqu’elles croient de leur devoir de poser les gestes qui s’imposent, rien ne les arrête. Encore aujourd’hui, combien de femmes ne prennent-elles pas de semblables initiatives lorsqu’elles le jugent nécessaire?
En arrivant au tombeau, les femmes, c’est ainsi que Luc les présente d’abord, elles ne prendront un nom que plus tard dans le récit, ces femmes donc, découvrent que le mur de la séparation entre le monde des vivants et celui des morts a été supprimé, « la pierre ayant été roulée sur le côté », comme dit le texte. Croyant entrer dans le silence de la mort, elles entendent la parole de deux hommes en habit éblouissant : « Pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts? Il n’est pas ici, il est ressuscité. »
S’ouvre alors devant elles une nouvelle mission : rapporter l’événement aux amis pour que les « Onze et tous les autres » sortent de leur torpeur. Et dans la controverse qui s’engage, les femmes reprennent leur nom. Dans cette discussion, je m’imagine chacune argumenter selon ce qu’elle est pour convaincre ces hommes anéantis et paralysés qu’ils doivent croire à ce qu’elles rapportent et se mettre en marche pour le vérifier, comme finalement Pierre le fera. Et lui aussi sera « tout étonné de ce qui était arrivé. »
J’aime ce récit tout simple, à l’image de ce qui se passe dans nos différents milieux lorsque se produit quelque chose qui sort de l’ordinaire. Ces femmes et ces hommes ont découvert l’événement extraordinaire de la résurrection de Jésus avec ce qu’ils sont, à leur manière. C’est parce que chacun/chacune a accueilli l’événement selon son être propre que chaque personne de cette histoire a vu sa vie être transformée. Mais c’est aussi parce qu’il y a eu débats, discussion, échanges que les différents membres de ce groupe ont pu finalement accueillir la résurrection et se mettre en marche pour la manifester au monde.
Si Pâques est la grandiose fête de Jésus ressuscité parce qu’elle est l’affirmation de la vie contre la mort, elle est aussi notre fête parce que nous découvrons que c’est à travers ce que nous sommes et comme nous sommes que Jésus nous invite à accueillir sa résurrection qui devient notre propre résurrection.
Joyeuses Pâques