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Communauté chrétienne St-Albert le Grand




 

 


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2e Dimanche de Pâques

24 avril 2022

Au delà du doute… la confiance?

Ap (1,9-11a.12-13.17.19)

Jean (20, 19-31)

Ac (5, 12-14)

Hubert Doucet

Au-delà du doute… la confiance.   ;   
L’histoire de Thomas l’incrédule a beaucoup marqué l’imaginaire chrétien. Depuis 2000 ans, le comportement de l’apôtre fait débat. Pour les uns, il est condamnable comme le manifeste l’expression populaire : « Fais pas ton Thomas. » Ce personnage est devenu le symbole du doute, de la méfiance, du manque de bonne foi. Pour d’autres, au contraire, Thomas appelé aussi Didyme, i.e. jumeau, est celui qui a bien compris. Son nom est tout à fait approprié comme le note un auteur lu récemment  : « Le doute est jumeau de la foi. Il n’y a pas de foi sans le doute. » Notons aussi qu’ayant vu, après avoir douté, Thomas est allé plus loin que les autres dans la reconnaissance de qui est vraiment Jésus : « Mon Seigneur et mon Dieu. »  
Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais moi, je me retrouve bien dans le comportement du jumeau; je ne veux pas me laisser emporter par toutes sortes de constructions qui surgissent trop facilement de nos divers imaginaires. Et cela me paraît plus pertinent que jamais. D’ailleurs, il me semble que c’est là une des dimensions essentielles de l’ensemble de l’évangile qui nous a été proclamé ce midi.
Avec le texte d’aujourd’hui, l’évangéliste Jean prépare la conclusion de tout son évangile et même le résume. Il nous dit que toute l’histoire de Jésus a consisté, à travers des signes, à affermir la foi de ses disciples et ainsi à leur donner la vie. Dans ce sens, l’épisode qui nous est raconté nous pose la question : comment affermit-on la foi lorsque Jésus n’est plus là?    
Jean répond ainsi. Au soir de la résurrection de Jésus, les disciples se sont verrouillés dans un lieu secret, du moins le lieu n’est pas mentionné. Ils ont peur. Et là, Jésus leur apparaît et ils sont dans la joie. Jésus leur souhaite la paix, répand sur eux l’Esprit et les envoie comme lui a été envoyé. Quelle libération et quelle vie ne deviennent-elles pas possibles! On s’attendrait qu’ils s’éclatent et sortent annoncer l’extraordinaire nouvelle que le Seigneur leur demande de communiquer. Non, ils restent enfermés. 
En effet, la semaine suivante quand Jésus reparaît, les disciples sont encore verrouillés et apeurés. Et ils exigeraient que Thomas les croie, alors que le Jésus qu’il a connu était un homme ouvert, accueillant. Thomas a bien raison de vouloir vérifier, s’il n’y a pas erreur sur la personne. Le comportement de ses amis n’est pas à la hauteur des signes que Jésus a faits en présence des siens tout au long de sa vie.  
À ce stade-ci de leur histoire, la parole des disciples ne correspond pas à l’agir auquel les invite Jésus. Lorsqu’il voit Jésus et le touche, Thomas est tout transformé. Il devient croyant, non seulement en sa puissance (Mon Seigneur), mais en sa divinité (Mon Dieu). C’est en touchant et voyant que Thomas se transforme en croyant exemplaire.  
Être signe aujourd’hui, c’est se comporter comme Jésus. Oui, croire sans avoir vu, mais si personne ne donne des signes, il n’y a rien à croire. On aura bien raison de douter. L’évangile de ce midi montre qu’il faut attendre plus tard pour que l’Esprit s’empare vraiment des disciples et les fasse sortir de leur enfermement. Ils seront alors des signes vivants, comme le texte des Actes de Apôtres nous le fera voir dans la lecture qui nous sera faite à la toute fin de notre célébration.   
Souhaitons-nous la capacité de devenir signes pour que, dans ce monde qui est le nôtre, les hommes et les femmes soient remplis de résurrection et aient ainsi confiance en la Vie.