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Communauté chrétienne St-Albert le Grand




 

 


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4e Dimanche de Pâques

8 mai 2022

 Jésus donne la Vie 

 

Jean (10, 27-30)   

Actes des Apôtres  (13,14.43-52) 

Apocalypse  (7,9.14b-17)

Hubert Doucet

À chaque année, au 4e dimanche de Pâques revient le thème du bon pasteur offrant attachement et soutien à ses brebis. Que les textes évangéliques accordent une grande place à cette thématique n’a rien pour surprendre, dans le contexte non seulement du monde juif, mais aussi de nombreuses autres cultures de ces temps-là.
Animal clé dans l'histoire de l'agriculture, le mouton marque profondément la vie des peuples anciens. Ne procure-t-il pas tant la nourriture que le vêtement? Sans ces troupeaux et le rôle majeur des bergers, les sociétés ne se seraient pas développées comme elles le firent.      
Pour nous parler de Yahvé et de sa relation privilégiée avec son peuple, de nombreux prophètes ne trouvent pas mieux que de comparer Dieu à un bon berger prenant soin de ses brebis, à la différence de nombreux rois qui n’en ont pas le souci et ne cherchent qu’à en profiter. C’est dans le cadre de l’expérience de la vie quotidienne du peuple d’Israël, que les grands textes prophétiques puisent leur inspiration.  
Ce contexte, trop rapidement rappelé, aide à comprendre pourquoi les premières communautés chrétiennes se sont naturellement appropriées
l’image du berger et celle des brebis; elles exprimaient bien leur relation à Jésus. Beaucoup d’hommes et de femmes étaient attirés par ce Jésus vivant, comme nous le diront les Actes des Apôtres. Cependant, je crains parfois que certaines des interprétations que nous avons construites au long de l’histoire chrétienne aient édulcoré la dynamique de vie qui ressort de la parole de Jésus lorsqu’il affirme : « Je leur donne la vie. »       
Dans la tradition biblique, une des utilisations de cette thématique est de faire ressortir la différence entre le bon et le mauvais berger. Les prophètes mettent en évidence combien certains chefs du peuple sont de mauvais bergers, alors que Yahvé, lui, est le bon berger grâce à qui « je ne manque de rien », comme le proclame le Psaume 22. Bien des gens, les Québécois de souche en particulier marqués par l’emprise de l’Église, n’aiment pas ces passages; ils se revoient infantilisés et grégaires. Quand je lis avec attention l’évangile d’aujourd’hui et le replace dans son contexte, je rencontre plutôt un Jésus qui se met au service de ses brebis, vivant une profonde communion avec elles et leur donnant confiance en la vie.
Dans la lecture de l’Apocalypse que nous lirons à la fin de la célébration, Jésus est présenté non comme celui qui domine, mais comme celui qui se donne. Le texte met en relief que Jésus n’est pas seulement le pasteur, le chef, il est aussi celui qui a été la brebis, l’agneau conduit à l’abattoir par des bergers qui craignaient quelqu’un qui redonnait confiance et vitalité à tous ces gens oppressés par leurs bergers religieux et politiques. Le grand-prêtre Caïphe n’avait-il pas déclaré : « Il vaut mieux qu’un seul homme meure pour tout le peuple »? Jésus a été l’agneau sacrifié par certains pasteurs qui visaient à protéger leur pouvoir.    
Tout au cours de son histoire terrestre, Jésus s’est présenté à nous comme donneur de vie pour que tous et toutes, en particulier les plus faibles, aient confiance en la vie que Dieu leur a confiée. Le texte de l’Apocalypse dont nous ferons lecture avant de nous quitter ce midi se termine en affirmant que l’engagement de Jésus le Pasteur est de conduire la foule immense qu’est l’humanité « aux sources des eaux de la vie ». 
Ces années-ci, l’image du berger Jésus me parle d’autant plus que l’on assiste à une renaissance de ce métier. Ouvrage exigeant, et pourtant, on constate que de plus en plus de gens en rêvent, surtout des jeunes. Le travail de berger va chercher quelque chose de profond dans la personne. Que Jésus ait choisi cette image pour nous dire qui il est pour nous ne peut que nous conduire à la reconnaissance et à la confiance à son égard. Oui, « Jésus donne la Vie ».