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Communauté chrétienne St-Albert le Grand




 

 


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2e Dimanche de l'Avent

Matthieu 3, 1-12

 Isaïe 11, 1-10

Paul aux Romains 15, 4-9

Hubert Doucet

Attendre quelqu’un de nouveau !

À observer la pandémie de Covid-19 avec les  multiples problèmes sociaux et politiques qu’elle laisse dans son sillage, àtourner nos regards vers la gigantesque sécheresse qui sévit dans la Corne de l’Afrique alors qu’en Asie, le Pakistan particulièrement exposé aux aléas climatiques voit ses terres cultivables plus inondées que jamais, à se référer à la guerre destructrice en Ukraine au point d’oublier toutes celles aussi dévastatrices qui ont lieu sur d’autres continents, comment, dans ce contexte, ne pas attendre quelqu’un de nouveau?       
Avec tout ce que l’humanité a vécu depuis des millénaires, les diverses sagesses qui ont éclos, les savoirs qui ont progressé, nous rêvions d’aller bien au-delà de ce nous vivons ces années-ci. Malheureusement, avec ce que nous traversons de ce temps-ci, on a le sentiment que l’histoire est plutôt partie en arrière. Mais est-ce la première fois que nous vivons de tels reculs? Et dans nos propres vies, qu’en est-il?      
        
        
Le texte d’Isaïe lue en première lecture est une formidable utopie. Il est révolutionnaire, diraient certains. Il fait rêver : « Le loup habitera avec l’agneau. Le veau et le lionceau seront nourris ensemble. » Et plus idéaliste encore : « Il n’y aura plus de mal, ni de corruption. » Mais à y regarder de plus près, il s’agit de la reprise d’une vieille idée qui est le rêve de Dieu : aux premiers jours du monde, il avait créé quelque chose de semblable. Le ciel, la terre et tout ce qui y vivait ne témoignaient-ils pas de la même communion et fraternité universelles?   
 Même si cette beauté du monde n’est jamais parvenue à son plein épanouissement, la réalité crue et dure s’étant imposée, Dieu n’a pas cessé de rêver. Il s’est accroché à son rêve au point de nous envoyer son Fils Jésus, témoin par excellence de la communion universelle. C’est à ce rêve que nous participons aujourd’hui, c’est ce rêve que nous croyons encore possible en cette période de l’Avent qui se caractérise par l’attente.  
Nous attendons, mais vraiment qu’attendons-nous? J’ai regardé dans des dictionnaires de synonyme les sens possibles d’attendre et j’ai été étonné du nombre de verbes mentionnés, mais surtout qui disent le contraire. Ainsi, on passe de « être à l’affut, être à l’écoute, être de faction » à « remettre à plus tard, faire traîner, ajourner, poireauter, patienter ». Ce sont tous des verbes d’attente. Quelle est notre attente?   
Dans l’évangile d’aujourd’hui, on voit des hommes qui se présentent au baptême de Jean mais qui au fond n’ont plus d’attente; ces pharisiens et sadducéens ont tout réussi, ils ont même pris le contrôle sur Dieu.  D’où la colère de Jean à leur égard puisqu’ils ne produisent pas un fruit digne de la conversion. Parfois, ne serait-ce pas aussi notre situation lorsque nous tombons dans une espérance trop facile, complaisante, convaincus que la foi résout tous les problèmes ?    
Ce que dit Jean le Baptiste aux gens de son temps, c’est qu’il leur faut produire du fruit, c’est urgent puisque « déjà la cognée, i.e. la grosse hache, se trouve à la racine des arbres ». Pour Jean, nous avons reçu cette terre en héritage, mais nous prenons ce qui fait notre affaire, comme si nous en étions les propriétaires. Les contradictions dans nos façons d’agir entraînent son affaiblissement et la souffrance de nombreuses populations. Notre attente ne sera comblée que dans l’engagement concret puisque l’Esprit Saint dans lequel sera baptisé Jésus nous invite à entrer dans la transformation du monde pour le rendre plus conforme au dessein de Dieu.