En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole :
« C’est comme un homme qui partait en voyage : il appela ses serviteurs et leur confia ses biens.
À l’un il remit une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul talent, à chacun selon ses capacités. Puis il partit.
Aussitôt, celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla pour les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres.
Mais celui qui n’en avait reçu qu’un alla creuser la terre et cacha l’argent de son maître.
Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint et il leur demanda des comptes.
Celui qui avait reçu cinq talents s’approcha, présenta cinq autres talents et dit :
‘Seigneur, tu m’as confié cinq talents ; voilà, j’en ai gagné cinq autres.’ Son maître lui déclara : ‘Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses,
je t’en confierai beaucoup ; entre dans la JOIE de ton seigneur.’
Celui qui avait reçu deux talents s’approcha aussi et dit : ‘Seigneur, tu m’as confié deux talents ; voilà, j’en ai gagné deux autres.’ Son maître lui déclara : ‘Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la JOIE de ton seigneur.’
Celui qui avait reçu un seul talent s’approcha aussi et dit : ‘Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain. J’ai eu PEUR, et je suis allé cacher ton talent dans la terre.
Le voici. Tu as ce qui t’appartient.’
Son maître lui répliqua : ‘Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l’ai pas répandu. Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l’aurais retrouvé avec les intérêts.’
Quand nous avons lu cet évangile au comité de liturgie, il y avait autant de réactions qu’il y avait de participants : il y en avait qui étaient choqués, qui avaient peur, qui n’aimaient pas.
Moi j’ai aimé cette parabole et je veux vous en parler, sans prétention d’avoir raison. C’est juste une lecture possible que je veux partager avec vous. Mais avant de le faire, je veux vous raconter un petit conte Juif qui illustre ce que je voudrais bien dire :
Rabbi Zoussia est un rabbin bien connu. Il est un sage, certains disent même un homme saint. Quand il vieillit, il a peur de la mort. Ses collègues lui demandent : « De quoi as-tu peur? As-tu peur que le Seigneur, quand tu le verras face à face te demande : « Pourquoi n’as-tu pas été comme Moïse? » Un autre demande : « As-tu peur que Dieu te demande, pourquoi tu n’as pas été plus comme Abraham? »
Rabbi Zoussia répond : « Si Dieu me demande, pourquoi je n’ai pas été comme Moïse, je lui dirai : Tu ne m’as pas créé Moïse. Et quand il me demande, pourquoi je n’ai pas été comme Abraham, je lui dirai : tu ne m’as pas créé Abraham! Non, ce dont j’ai peur, c’est qu’il me demande : « Pourquoi n’as-tu pas été plus comme Rabbi Zoussia, celui que j’aime! »
Je croix que cela veut dire : Dieu n’attend pas de nous que nous soyons comme les autres – mais il attend de nous que nous allions jusqu’à la limite de nos capacités.
Jésus, dans sa parabole veut probablement dire la même chose. Moi, j’aime la parabole des talents car je peux comprendre un propriétaire qui part en voyage en confiant ses affaires à ses serviteurs : Dieu a créé le monde mais il nous a confié de continuer cette création et nous le faisons encore (pas toujours très bien).
Et plus tard Jésus est venu pour nous parler du royaume de Dieu. Mais lui aussi est parti et nous a confié le travail, à nous tous. Le propriétaire n’a pas chargé un seul gérant de s’en occuper, mais s’est tourné vers ses serviteurs. Il les connaît bien et il leur donne chacun selon sa capacité : 5 talents au premier (1 talent = une grande somme d’argent);
2 au deuxième, et au troisième qui ne semble pas être trop doué, juste un talent. Mais il ne leur donne pas juste pour en profiter eux-mêmes. Non il attend qu’ils fassent fructifier l’argent pendant son absence. Il loue le premier qui a doublé la somme et qui lui remet 5 autres talents. Mais du deuxième, il ne réclame pas 5 autres talents. Il le loue pour avoir doublé la somme.
Mais le troisième il le gronde et lui enlève ce qu’il lui avait confié car, pris par la peur, il n’a rien fait avec.
Ce que la parabole nous dit alors, c’est de faire fructifier nos talents.
C’est quoi un talent pour nous? Le mot en 2000 ans a changé le sens. Le petit Robert nous parle d’« un don remarquable dans le domaine artistique ou littéraire ». Moi je crois qu’il y en a beaucoup plus des talents. Certains très humbles et quotidiens. Un talent pour moi, c’est ce qu’on fait bien, ce qu’on aime faire et ce qui nous rend heureux en même temps.
J’explique : je pense à ce chauffeur d’autobus qui sourit à chaque personne qui entre dans son bus, et lui souhaite une bonne journée. Cela ne coûte rien au chauffeur, il aime le faire et ça le rend heureux – et ça porte du fruit parce qu’il le partage avec ses clients. Bientôt le sourire envahit plusieurs visages. Il a porté du fruit.
C’est ça dont Jésus parle. C’est ça qu’il attend de nous. C’est ça qui est pour moi l’essentiel, le secret profond de notre foi : PARTAGER!
Le dernier soir avant sa mort Jésus a partagé le pain et dit : « Faites ceci quant vous voulez faire mémoire de moi ». Et « faire ceci », ce n’est pas prendre et garder pour nous-mêmes, mais c’est partager.
C’est ça notre mission dans le monde : partager comme Jésus, notre vie, nos talents, pour bâtir le royaume.
Et St. Paul nous dit aussi : Vous êtes chacun et chacune des fils et filles de lumière. Dieu nous fait donc confiance à chacune et chacun. Osons pour notre part faire confiance à Dieu – et à nous-mêmes! Osons faire fructifier nos petits et grands talents pour que son règne puisse advenir!