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Communauté chrétienne St-Albert le Grand





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Marie mère de Dieu 

Jour de l'an   

Raymond Latour

      Nous sommes toujours au temps de Noël, cette saison liturgique qui se centre sur la naissance de Jésus. Mais voilà que, sans tarder, nous sommes invités à célébrer Marie comme « Mère de Dieu ». Elle se retrouve au premier plan.
Pour désigner Jésus, nous n’assortissons pas son nom d’une quantité de qualitatifs. Le mot « Christ », qui signifie « Messie », nous suffit. Il est celui qui est venu en ce monde, l’envoyé de Dieu, littéralement, « celui qui a reçu l’onction » pour accomplir une mission. Il est à la fois prêtre, prophète et roi. Au terme de l’année liturgique, nous détachons cette dernière désignation pour l’intitulé d’une fête, le Christ Roi de l’univers. Quelle retenue ! Il en va autrement pour Marie qui a été honorée, d’aucuns diraient « affublée », de nombreux titres. Celui de « Mère de Dieu » a le mérite de remonter à une époque lointaine (le concile de Éphèse en 431), bien avant les excès de dévotion du Moyen-Âge. Le titre voulait surtout souligner le réalisme et la portée de l’Incarnation du Fils de Dieu. Tout honorable qu’il soit, c’était une formulation de foi plus qu’une expression de vénération. Il faudra naviguer en évitant les récifs d’une trop grande exaltation ! 
L’Église nous propose donc la figure de Marie pour inaugurer cette nouvelle année. Marie a reçu la Parole et elle nous a donné le Verbe qui était auprès de Dieu, qui a pris chair de sa chair. Elle s’est montrée ouverte à la nouveauté de Dieu. Convenons que la fête n’est pas trop mal choisie au démarrage de 2025.               
Marie, Mère de Dieu, c’est la figure d’une foi ouverte à l’impossible de Dieu. Elle a appris la proximité de Dieu. Elle l’a connu comme un Dieu engagé, inséré dans l’histoire de son peuple. Elle était prête à participer au plus grand mystère de son intervention, celui de l’Incarnation du Fils. Par la foi, elle est devenue Mère de Dieu. Le don de la totalité de son être a servi au don de Dieu dans sa totalité. Pourrions-nous souhaiter qu’en 2025, notre foi soit de plus en plus prenante, qu’elle sollicite toute notre personne, dans nos activités, dans nos relations aux autres et avec Dieu ?           
En ce jour de fête, avec toute l’Église, nous prions pour la paix dans le monde. Le souhait de paix accompagnait l’annonce de la naissance de Jésus, Prince de la paix, l’un de ces rares titres de Jésus. Le vœu de paix est toujours au cœur de notre célébration eucharistique. Notre rassemblement manifeste notre communion au désir de Dieu qui veut la paix pour l’humanité entière. Pour cette réalisation, il nous demande notre collaboration : tentons de vivre de cette paix du Seigneur pour qu’elle se répande sur notre monde.       
       La paix est pour nous la traduction la plus sensible de la bénédiction de Dieu. Elle s’est accomplie, s’est révélée à son sommet avec la naissance de Jésus. Marie, bénie entre toutes les femmes, y a cru, comme tous ces croyants et croyantes depuis la bénédiction qui remontait à Abraham. Et quelle bénédiction pour nous ! Par cette entrée du Fils, de nature divine, dans la condition humaine nous sommes devenus enfants de Dieu.                
                 
                 
       « Marie retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur », nous dit l’évangile. Il s’en dégage une impression de paix et de calme.  Elle est plongée dans le mystère de Dieu. Elle, bénie entre toutes les femmes, prend un certain recul. Ce qui est survenu doit encore trouver sens. Ce sens est à trouver dans la bénédiction de Dieu.           
Avec Marie, comme les bergers aussi, nous sommes témoins de la bénédiction de Dieu. Nous l’intériorisons, nous la manifestons, nous laissons transparaître le visage lumineux du Père, en qui nous avons une relation toute spéciale puisqu’en Jésus, nous l’appelons familièrement « Père », comme nous le signalait la deuxième lecture. 
Les bergers, ces êtres solitaires et isolés repartent de la crèche en louant et glorifiant Dieu « pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu ». Ce qu’ils ont entendu et vu, c’est que la bénédiction de Dieu était pour tous, pour eux aussi, peu importe s’ils sont en situation irrégulière ou marginalisés. Jésus leur donnera raison par sa proximité avec les pécheurs, les publicains, les collecteurs d’impôts, les malades et tous ceux et celles que la société de son époque pouvait stigmatiser et que l’élite religieuse excluait de la bénédiction de Dieu.       
Comme communauté chrétienne, nous n’avons qu’une résolution qui renferme toutes les autres: vivre de la bénédiction de Dieu, jusqu’au jour où nous entendrons cette heureuse invitation à une communion totale : « Venez les bénis de mon Père ! »