Tout le monde court dans cet évangile.
Marie Madeleine s’est rendue de grand matin au tombeau. Elle y est allée avec empressement, avec d’autres, sans courir, pour offrir à son Maître les soins funéraires, honorer sa dépouille. Mais la voilà maintenant qui court pour trouver les disciples et leur raconter sa déconvenue : le corps de Jésus est disparu du tombeau ! Aussitôt, cette annonce, cette mauvaise nouvelle, déclenche une nouvelle course, celle de Pierre et du disciple que Jésus aimait.
Nous aussi, nous courons éperdument dans tous les sens quand le sens nous échappe. Une course folle, comme si le corps voulait marquer la distance à parcourir pour atteindre la compréhension de l’événement, combler un décalage, de quelque façon, rattraper la réalité.
Ils courent. Ils ont encore du souffle après l’épreuve de la Croix. Mais si le corps de Jésus leur avait été dérobé ? Quel ne serait pas leur désarroi ! Ont-ils un sentiment d’urgence ? Ou bien sont-ils déjà soulevés par une mystérieuse espérance ?
Pierre et l’autre disciple arrivent au tombeau. Aucun ange pour leur expliquer « il n’est pas ici ». L’autre disciple arrive le premier. Du dehors, il examine les lieux. Pierre entre et fait les mêmes constatations. À son tour, son compagnon arrivé le premier entre, mais il pose un autre regard. Il voit et il croit.
Quelle distance venait-il de franchir ? Un moment, c’est la réalité dans toute sa force d’évidence. Un moment plus tard, la foi lui révèle le sens du vide et de l’absence : « l est ressuscité ! » Ce n’est pas une réalité visuelle, ni virtuelle, ni augmentée. Ce qui est saisi par la foi est vrai et nous fait affirmer avec tous les témoins de la résurrection : « Il est ressuscité! » Nous ne savons comment en rendre compte, comment l’expliquer, comment cela est survenu. Mais nous découvrons au quotidien que le cours de nos vies en a été transformé.
Au fur et à mesure que les uns et les autres ont compris à leur tour, existentiellement, que selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts, cette conviction a pris forme et créé la communauté des croyants et croyantes à laquelle nous avons aussi le bonheur d’appartenir. Quand la course cesse, c’est alors que commence la course de la Bonne Nouvelle que rien ne saurait arrêter.
Cette Bonne Nouvelle de la Résurrection rejoint aujourd’hui encore toutes ces personnes en pleine course. Celles en recherche de sens, celles en fuite pour trouver refuge ou se mettre à l’abri : les courses au bonheur et à la vie trouvent leur aboutissement dans la rencontre du Ressuscité. Celles à la richesse, à la gloire et aux honneurs indiquent une béance, un vide qui prépare un passage au bien qui demeure et comble les cœurs.
Le Fleuve de vie de la Résurrection atteint aujourd’hui notre sœur Delphine qui s’avancera tout à l’heure à la fontaine baptismale et sous l’impulsion du don de l’Esprit reprendra sa course.
Voir. Croire. C’est vivre avec le sentiment d’être dans la vie. Immergé dans la vie comme le veut la symbolique du baptême. Laissons courir en nous la Parole, laissons courir l’eau de notre baptême qui produit force et lumière ! Reprenons souffle dans la paix du Ressuscité ! Alléluia !