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Communauté chrétienne St-Albert le Grand





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4e Dimanche de Pâques 

La communion retrouvée

Hubert Doucet

Jn 10, 27-30    

Pourquoi autant de dimanches de Pâques se demandent peut-être certains d’entre nous? De fait, nous en sommes au quatrième dimanche et deux ou trois autres sont encore à venir. Je vois ce long temps comme une façon d’intégrer dans notre vie le don de la résurrection. Ainsi de Pâques à l’Ascension, lorsque nous nous réunissons le dimanche, nous approfondissons différentes facettes de cet événement qui surpasse tout autre. Aujourd’hui, l’accent est mis, non pas tant sur le fait même de la résurrection, mais plutôt sur la communauté qui naît de cette foi en Jésus ressuscité. Comment nous, allons-nous vivre la résurrection de Jésus?         
La première lecture nous ouvre une piste intéressante et particulièrement pertinente en ces temps troublés. Nous sommes en l’an ±50, donc à peu près 20 ans après la résurrection et l’ascension de Jésus. Paul et Barnabé s’adressent à une assemblée réunie à la synagogue d’Antioche de Pisidie, une ville située dans la Turquie d’aujourd’hui. L’assemblée est composée de Juifs et de païens sympathisants du judaïsme, appelés aussi des craignants-Dieu. Ces derniers sont cependant exclus du peuple de Dieu. L’enthousiasme que suscite la parole de Paul et de Barnabé est extraordinairement fort. Suite aux discours des deux visiteurs, non seulement des juifs mais aussi de nombreux sympathisants païens se joignent à Paul et Barnabé. Et plus étonnant encore, le sabbat suivant, les auditeurs se présentent en plus grand nombre. Les païens, davantage que les Juifs, éclatent d’une immense joie en écoutant la parole qui leur est adressée.  Qu’est-ce qui touche tant les participants de la synagogue, en particulier les craignants Dieu?        
Toutes les personnes qui écoutent Paul et Barnabé sont fascinées de découvrir qu’elles n’ont qu’un seul Père et qu’elles ne forment qu’une seule famille. La Parole de ce Jésus ressuscitant de la mort signifie que tous et toutes ont le même père qui est le Père de Jésus. Le fait qu’il n’y ait plus de hiérarchie entre les humains est vécue comme une véritable révolution. Le monde social de cette époque était construit sur les classes, sur les distinctions; cette structuration était vue comme naturelle, donc voulue par Dieu. Les sympathisants païens ne peuvent qu’être profondément touchés d’entendre dire que la résurrection de Jésus ouvre un monde nouveau. Jésus ressuscité rencontre une aspiration profonde qui leur a toujours été refusée.  Ce nouveau monde m’a renvoyé à un autre texte de Paul, un texte adressé aux Galates : en Jésus ressuscité, « il n’y a plus ni Juif, ni Grec, il n’y a ni esclave, ni homme libre, il n’y a ni homme, ni femme; car vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus. » (Ga., 3, 28) La résurrection de Jésus constitue une transformation radicale de notre manière de vivre le monde, par rapport au monde ancien qui en était un de barrière.          
Nous, qui nous pensons modernes, sommes-nous sortis de ce monde ancien? Nous pouvons sérieusement nous le demander à regarder les murs de séparation que nous ne cessons d’élever. Malgré nos limites à vivre la résurrection de Jésus, Jésus lui ne cesse de nous accompagner, se souciant de cette humanité que nous sommes.         
Dans la dernière lecture qui sera lue à la toute fin de de notre assemblée et qui est tirée du livre de l’Apocalypse, c’est le même message qui nous est présenté. Le monde nouveau, c’est « une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues » que « leur pasteur conduit aux sources des eaux de la vie. » C’est aussi le sens de l’évangile qui vient de nous être proclamé : « Mes brebis, je les connais, personne ne les arrachera de ma main, ni de celle du Père.      
Ce 4e dimanche de Pâques met en relief que la résurrection, c’est l’unité de la vie retrouvée. Cette unité de la vie retrouvée, ce fut d’abord Jésus qui la vécut et que nous célébrons à Pâques.  C’est aussi l’unité de toute l’humanité qui dépasse ses séparations pour pratiquer la fraternité comme ce fut le cas à Antioche.  J’ajouterais un troisième élément que j’emprunte au pape François disant à la suite de François d’Assise :  la résurrection est aussi la reconnaissance de « notre maison commune » qui est une sœur avec laquelle nous partageons l’existence. Pour résumer, je dirais que la résurrection est la communion retrouvée. i.e. un engagement à la fraternité que nous sommes invités à poursuivre tout au long de nos jours.