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La Sainte-Trinité
Qui donc est Dieu?
Raymond Latour
Pr 8, 22-31 Rm 5, 1-5 Jn 16, 12-15
De toutes les fêtes au calendrier liturgique, celle de la Sainte-Trinité a quelque chose d’un peu rébarbatif. Après tout, il s’agit d’abord d’une doctrine de l’Église, d’un dogme, d’une « formule » élaborée au cours du temps. Le passage de la théologie à la célébration liturgique est loin d’être évident.
Les vraies fêtes n’ont normalement pas besoin d’explications, celle-ci en réclame et bien malin qui pourrait en fournir une satisfaisante, dans un langage compréhensible. Il faut bien avouer que nous ne formons pas l’assemblée la mieux disposée à conjuguer dogme et célébration !
Disons que nous célébrons notre foi en ce Dieu qui s’est nommé et dont nous avons toujours à découvrir le Nom, au fil des événements de nos vies, en ce temps du monde et de l’Église. Car si l’amour de Dieu est circulaire comme on l’enseigne à propos de la Trinité, Dieu ne tourne pas en rond ! Père-Fils-Esprit-Saint, Dieu aux multiples facettes, s’active autour d’un unique dessein de salut, d’un même désir de communion avec l’humanité. Notre fête de la Sainte Trinité, c’est notre manière à nous de dire « message reçu ». Nous avons bien accueilli ce que Dieu, au cours d’une longue histoire qui se poursuit encore aujourd’hui, a voulu dire, la réponse qu’il a donné à la grande question de l’humanité : « Qui es-tu ? », « Quel est ton Nom ? ». Et peut-être aussi cette autre question, « Qui sommes-nous pour toi, nous qui avons été créés à ton image et à ta ressemblance ? »
Avec la venue en ce monde de la Sagesse éternelle, le Fils unique du Père, son visage nous a été révélé. Même si Dieu reste un mystère, nous savons maintenant que c’est un mystère de vie et d’amour que l’Esprit nous amène à approfondir et à expérimenter comme mystère de communion.
La Trinité est communion. Elle est pour la communion. Elle se vit dans la communion, particulièrement celle que nous formons en Église. Puisque nous avons été créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, nous ne pouvons rester enfermés en nous-mêmes, nous sommes conviés à une « sortie de soi » pour bien participer à la vie trinitaire, à son mouvement oblatif et à sa fécondité. La Sainte-Trinité, c’est l’expression qui désigne Dieu-en-sortie, Dieu qui rencontre notre humanité pour nous inscrire dans une communion jusque-là inimaginable.
Dieu est société, proclamons-nous en ce jour. Cela ne devrait-il pas constituer pour nous une invitation à accueillir tout à la fois la diversité et l’unité de l’humanité ? Dieu est relation, disons-nous en cette fête de la Trinité : n’est-ce pas une incitation à aller vers l’autre pour le découvrir comme membre de notre famille ? Dieu est partage, affirmons-nous pour décrire les relations entre les trois personnes de la Trinité : où en sommes-nous dans la traduction de son don inconditionnel ? Le défi de l’inclusion et de la communion paraît encore plus grand lorsque nous voyons l’individualisme outrancier s’affirmer au point de dégrader le tissu social, aggraver la crise de l’environnement, compromettre la paix entre les peuples.
Aujourd’hui, bénissons Dieu à qui s’adresse notre prière, par le Fils, dans l’Esprit. Reconnaissons cette mobilisation de Dieu, Père, Fils et Esprit pour, non seulement nous manifester son amour, mais nous y faire participer.
Oui, heureux, heureuses sommes-nous de connaître et d’aimer un tel Dieu, si simple dans sa Sainte-Trinité ! Nous avons en partage l’incessant échange d’amour de la vie divine, et notre mission consiste à faire circuler ce flot au sein de l’humanité. Nous qui avons été baptisés au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, nous sommes appelés à témoigner de la fécondité de l’eau baptismale, ce grand fleuve de vie (trinitaire, si vous voulez, et vous pouvez aussi affirmer que « Dieu est un », point final )