CCSA






Communauté chrétienne St-Albert le Grand





Homélie pour le 24e Dimanche du Temps Ordinaire

Appel à la participation

14 septembre 2025

Raymond Latour

Lc 14, 1.7-14    

  
     Habituellement, lorsque cette parabole est traitée dans le courant de l’année liturgique, l’attention se porte sur la distribution du salaire aux ouvriers le soir venu. Le Maître de la vigne étonne en traitant également tous ses ouvriers, n’accordant aux premiers que le salaire convenu et remettant aux derniers qui n’avaient peiné qu’une heure exactement le même salaire !              
      Comme il s’agit aujourd’hui de situer cet évangile dans le cadre de notre dimanche de l’appel au service, l’appel à la participation, et puisque toutes les personnes qui remplissent des tâches au service de la communauté le font bénévolement, sans rien recevoir d’autre que de la gratitude en retour, vous accepterez que l’homéliste fasse l’impasse sur la question salariale pour s’occuper plutôt de la première partie de l’évangile : l’embauche des travailleurs.         
      Le Maître de la vigne apparaît comme un bien mauvais planificateur. Il aurait pu embaucher dès le matin toute la force de travail nécessaire pour la journée, mais curieusement, à diverses heures du jour, il s’avise qu’il a besoin de travailleurs supplémentaires. On le voit donc accomplir cinq manœuvres de recrutement : une au petit matin, une autre un peu plus tard, à neuf heure, puis vers midi et vers trois heures. Le nombre n’est jamais précisé. Pour finir, il y retourne à cinq heures alors qu’il ne reste plus qu’une heure à la journée. Encore chanceux! étonnamment, il trouve des gens toujours en attente d’être embauchés.                
      Pour les premiers, l’envoi est tout simple. La narration nous dit : « il les envoya à sa vigne ». Pour le deuxième groupe, la consigne est la suivante : « Allez à ma vigne, vous aussi ». On suppose qu’il a fait la même demande aux groupes de midi et de trois heures. Pour le groupe de cinq heures, même formule : « Allez à ma vigne, vous aussi ».             
      Comment faut-il entendre le « vous aussi » ? Cela suppose que les autres groupes de travailleurs savent qu’ils ne sont pas les premiers, qu’ils ont été précédés par plusieurs autres groupes dans le cas des derniers. Peut-être cela détermine-t-il les attentes des uns et des autres quant au traitement qu’ils recevront.           
       Les gens qui n’appartenaient pas au premier groupe en avaient forcément été exclus. Ils ont été préférés à d’autres. Cela pouvait tenir à leur force, leur réputation ou leur connaissance du maître ou quelque autre raison. Un choix a été effectué. Un choix qui n’était pas aléatoire, qui devait reposer sur quelque critère. Mais l’Évangile n’en dit rien, alors, passons. Toutefois, le « vous aussi » pour les travailleurs du deuxième groupe laissait entendre qu’ils seraient traités avec une certaine considération, plus ou moins assimilés à ceux du premier.     
       Mais quand on en arrive aux autres groupes, de quelle évaluation ces travailleurs ont-ils fait l’objet ? N’ayant pas été retenus dans les premières vagues, ils risquent d’être moins qualifiés, moins renommés, moins performants. Le Maître leur accole quand même un « vous aussi », intégrateur, qui les incorpore à l’ensemble de son personnel du jour. Pas de méritocratie !                
       Pour nous qui écoutons la parabole, le « vous aussi » établit un lien entre tous les travailleurs. Ils partagent une même réalité : tous, ils ont été envoyés à la vigne. Notons qu’il n’a été question de salaire que pour le premier groupe. Le deuxième groupe avait l’assurance d’un salaire « juste ». Les autres n’avaient aucune entente contractuelle. Pas un mot sur la rétribution.                 
       Le « vous aussi » de l’Évangile appliqué à notre communauté chrétienne prend un sens intéressant. Il efface une certaine priorité qui pourrait être accordée à ce que nous désignerions comme nos « ouvriers de la première heure ». Il s’entend comme une invitation à tous de se considérer membres à part entière, y compris « les ouvriers de la dernière heure ». Tous ont à prendre leur part, à accomplir une tâche à la mesure de leur capacité ou disponibilité. J’ose vous assurer que chaque personne qui s’engagera au service de la communauté recevra la reconnaissance qui lui est due.                
       Notre présidente, Michèle, jouit d’une réputation d’excellente planificatrice. Il n’y a aura donc pas de deuxième ou troisième vague d’embauche. Je lui laisse le soin de répercuter pour aujourd’hui la consigne du Maître : « Allez à ma vigne, vous aussi. »