Communauté chrétienne Saint-Albert-le-Grand Repas communautaire du 23 mars 2025


Retour sur la deuxième session du Synode sur la synodalité avec Marie-Andrée Roy

Marie-Claire Tremblay et Jean Duhaime


Au cours du repas communautaire du dimanche 23 mars 2025, Marie-Andrée Roy, membre de notre communauté et professeure en sciences des religions à l’Université du Québec à Montréal, nous a proposé un aperçu des résultats de la deuxième session du Synode sur la synodalité, tenue à Rome du 2 au 27 octobre 2024.


Les résultats de la deuxième session du Synode

Ce Synode est un processus mondial, initié par le Pape François en 2021, visant à réfléchir à une Église synodale, c'est-à-dire une Église qui « marche ensemble » qui écoute et dialogue. C'est un processus inédit par son ampleur, impliquant tout le peuple de Dieu. La synodalité est le désir d'une Église plus proche des personnes et plus relationnelle, qui soit la maison et la famille de Dieu. Le synode constitue un véritable acte d'approfondissement de la réception du Concile Vatican.


En octobre 2024, le pape François à convoqué des évêques du monde entier à Rome pour la deuxième session de ce synode (la première a eu lieu en octobre 2023). Il s’agissait de conclure le processus amorcé en 2021 et de proposer des orientations concrètes. L'assemblée synodale était composée de 368 personnes, dont 272 évêques; le pape avait aussi invité 96 non évêques, ayant droit de vote, parmi lesquels des experts et 54 femmes représentant environ 15% de l'assemblée. Après de telles modifications dans la composition de l’assemblée synodale, certains pensent qu’il ne sera plus possible de revenir en arrière.


La deuxième session du synode a culminée dans la soirée du 26 octobre avec le vote sur le document final par les 356 membres de l’assemblée présents dans la salle Paul VI du Vatican1. Fait rare, le pape François a immédiatement déclaré qu’il l’approuvait « expressément » et qu’il ne produirait pas d’exhortation apostolique post-synodale. Le texte entre donc immédiatement dans le « magistère ordinaire » du pape. Il a toutefois pris la peine de préciser que le document il était non normatif.


Le document final comporte cinq parties. La première, intitulée « Le cœur de la synodalité ». On présente la synodalité comme un moyen de rendre l'Église participative, missionnaire, catholique, universelle unie, ouverte à la diversité, d’en faire vraiment la maison et la famille de Dieu.


Le deuxième thème est que nous sommes tous « Ensemble dans la barque de Pierre ». Il s’agit ici des relations qui construisent a communauté. Il est question d’une participation plus large des laïques, sans remettre en question un modèle d’Église composée de clercs et de laïques. On se demande aussi comment faire le discernement des vocations, des ministères et des charismes « différenciés » dont l’Église a besoin.


La troisième partie porte sur « la conversion des processus ». On y lit que « Les processus de prise de décision nécessitent un discernement ecclésial, qui requiert l'écoute dans un climat de confiance, que la transparence et la responsabilité soutiennent » (80). La pratique de l’Église d’Allemagne serait à explorer. On y a élaboré un conseil synodal paritaire (évêques/laïques) appelé à faire un discernement et décider de certaines orientations pouvant ensuite être validées par l’Assemblée des évêques. Ce modèle a cependant été remis en question par Rome, bien qu’il ait été voté par la très grande majorité des évêques


image

1 Une version française du document final est disponible ici.

2


allemands. La possibilité d’adopter un modèle semblable dans l’Église du Québec sera abordée lors de la 3e édition du Synode des femmes qui se tiendra prochainement.


La quatrième partie, « Une pêche abondante » décrit la manière dont il est possible « de cultiver sous de nouvelles formes l’échange de dons, et le tissage des liens qui nous unissent » dans l’Église (109). Et ceci dans un contexte où il y a une diversité de charismes et des ministères, une grande mobilité, et la présence croissante du numérique.


Le cinquième thème insiste sur l’importance de veiller à la formation de tous à la synodalité missionnaire. On y relève l'urgence de «l'échange des dons entre les différentes vocations (…), dans la perspective d'un service à accomplir (…) et dans un style d'implication et d'éducation à la coresponsabilité…» (147). On souligne la forte demande d’une formation « intégrale, continue et partagée » (143).


Quelle suites l’Assemblée synodale de 2024 aura-t-elle? Le 15 mars 2025, le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Synode, a envoyé une lettre aux évêques du monde entier. Ce document lance un processus de mise en œuvre des conclusions du Synode. Ce processus, comportant diverses étapes de consultation et de réflexion, débouchera sur une « Assemblée ecclésiale » en octobre 2028.


Échange

Dans l’échange qui a suivi cette présentation, on a souligné qu’on est assez « chanceux », ici à St-Albert, d’avoir à une grande implication des laïques tant à la présidence qu’au conseil de pastorale, ou dans l’équipe de liturgie. On peut cependant se demander comment rendre notre communauté encore plus participative.

Plusieurs questions ont porté sur le paragraphe 60 du document final qui concerne le rôle des femmes dans l’Église. La question est abordée très rapidement, car elle été renvoyée à l’un des dix groupes de travail qui ont été constitués pour examiner certains sujets délicats. Dans le document final, la question du diaconat féminin reste ouverte. Selon le cardinal Jean-Claude Hollerich, rapporteur général du Synode,

« le texte explique ce que les femmes ont fait et peuvent faire dans l'Église. Elles ont aussi un leadership en dehors du ministère ordonné» a-t-il expliqué.


Dans notre communauté chrétienne, les femmes ont une présence majoritaire dans pratiquement tous les comités. On ne voit pas pourquoi elles ne pourraient pas avoir accès au sacerdoce. En dépit de toutes les études effectuées, il y a de la résistance cléricale. Le rapport du groupe de travail synodal devrait va être remis en juin, à peu près en même temps que la collective québécoise « L’Autre Parole » tiendra une nouvelle session du Synode des femmes.


On a aussi insisté sur l'importance de rappeler l’historique de la Communauté chrétienne Saint-Albert- le-Grand, et d’assurer la transmission du savoir qui s’y est développé. Il faudrait recueillir les témoignages des anciens, faire connaître davantage la communauté dans l’Église du Québec. La communauté a des ressources qui pourraient être partagées en Église, par exemple en proposant des formations basées sur ses diverses activités (conseil de pastorale; équipes de liturgie et aménagement des célébrations, de la musique et du chant; pratique de l’homélie; repas communautaires; Chemin de Foi, Silence, prière, musique; etc.). Les médias sociaux peuvent être une bonne façon de nous faire connaître.