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Premier dimanche du Carême (B)
18 février 2018
« Consentir à l'alliance »
Hubert Doucet
La lecture du texte de la Genèse qui nous a été proposé ce midi m’a beaucoup rejoint. La première alliance que Dieu établit, c’est avec Noé et sa descendance. Et c’est vraiment une extraordinaire alliance.
Bien sûr, dès les premières pages de la Bible, il est question du lien de proximité que Dieu établit avec l’humanité, cette vie humaine, homme et femme, qu’il crée à son image. Est affirmé aussi l’amour de Dieu pour toute sa création : Dieu vit que cela était bon. Mais, on oublie peut-être trop rapidement que la perspective de domination est un thème central de ce lien de Yahvé avec l’humanité : l’être humain, image et ressemblance de Dieu, a pour tâche de soumettre la nature à ses besoins et de dominer la terre. Descartes, le premier philosophe de la modernité, reprenait le même discours en faisant de l’homme, le maître et le possesseur de la nature. Il y a une grande influence de l’Occident chrétien dans cette vision de l’être humain comme dominant la vie et la nature avec des conséquences néfastes pour l’ensemble de la vie sur terre.
L’Alliance de Dieu avec Noé ouvre des horizons différents. Dieu s’adresse à Noé et lui dit : « Voici que moi, j’établis mon alliance avec vous, avec votre descendance après vous, et avec tous les êtres vivants qui sont avec vous. » Et plus loin, il ajoute : « Je mets mon arc au milieu des nuages, pour qu’il soit le signe de l’alliance entre moi et la terre. »
Cette alliance large et ouverte que Dieu établit avec Noé, elle me paraît majeure pour nous mettre en mouvement en ce début du Carême. Elle nous place au cœur même des défis qui nous confrontent aujourd’hui. D’une part, les déluges et autres désastres naturels, nous les connaissons nous aussi. D’autre part, cette alliance avec Noé nous invite aussi à prendre au sérieux des mouvements contemporains pour qui le bien-être animal et le respect de la terre doivent devenir partie de nos modes de vie. Bien de nos manières de penser et d’agir, hier et aujourd’hui, ont fabriqué les risques de destruction de la maison commune, comme le disait le pape François dans son encyclique sur les questions environnementales. Dans ce texte, François liait étroitement dégradations de la nature et dégradations des relations humaines. L’alliance que Dieu établit avec Noé me semble nourrir la pensée de François, comme elle doit nourrir la nôtre. Comment allons-nous la vivre? Voilà la question qui nous est posée aujourd’hui.
Le texte du tout court de l’évangile de Marc peut nous aider à y répondre. En ce premier dimanche du carême, nous attendions peut-être un long évangile sur les trois tentations de Jésus. Ici, nous n’y trouvons qu’une toute petite allusion. Le temps fort du message, c’est plutôt Jésus qui est poussé au désert par l’Esprit où il va y rester 40 jours. Là, il sera tenté comme tout être humain : que va-t-il faire de sa vie?
Jésus va alors se mettre en marche pour que l’alliance soit enfin accomplie : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. » Alliance et règne de Dieu témoignent du même désir de Dieu : être avec nous pour renouveler la vie.
Ces années-ci, il y a des jours où l’inquiétude grandit sur ce que nous devenons comme humanité responsable de cette terre. À lire les deux textes d’aujourd’hui, je me sens ragaillardi, comme pour le printemps que l’on sent plus proche, car la vie renouvelée est possible si nous croyons à la bonne nouvelle du règne de Dieu. Pour ce faire, entrons dans le carême.