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La Nuit Pascale (B)
31 mars 2018
Cette nuit nous ouvre à la lumière
Hubert Doucet
Tout au long de cette veillée de résurrection, nous avons célébré ensemble l’extraordinaire geste de Dieu qui a redonné vie à son Fils Jésus mort dans la déchéance la plus totale. « En cette nuit, encore resplendit au milieu de nous, la lumière du Ressuscité », chantions-nous au début de notre rencontre. Nous célébrons cet extraordinaire événement en nous rappelant que, depuis l’origine des temps, le désir de Dieu a toujours été de faire éclore la vie, particulièrement lorsqu’elle s’effondrait.
« Alors que la terre était brûlante et stérile, Dieu s’est avancé jusqu’au bout du monde. […] Alors, il souffla le souffle de la vie et la forme humaine devint une âme vivante… », nous sommes-nous rappelés dans la première histoire qui nous a été racontée. Et la deuxième a été celle d’un peuple qui allait à sa mort, parce qu’effrayé d’avancer. Aux fils et filles d’Israël qui ont peur et qui sont, en quelque sorte, paralysés devant la mer qui bloque leur marche, le Seigneur répond : « Pourquoi crier vers moi? Mettez-vous en route. » Je traduis : « Avancez vers la vie et Je vous accompagne. » La troisième lecture qui nous a été proposée est nourrie de la même préoccupation, celle de vivre. L’introduction du texte d’Isaïe est particulièrement remarquable : « Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau! Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et du lait, sans argent, sans rien payer. » Quelle invitation à vivre! Ça dépasse les bornes, ce n’est pas réaliste, me direz-vous. Sans doute. Mais la vie dont le Seigneur rêve pour nous ne dépasse-t-elle pas les bornes? Voilà ce que je retiens des propos du prophète Isaïe.
Dans le contexte de ces trois propositions aussi hardies, nous attendions peut-être un récit de la résurrection qui nous présenterait Jésus dans l’acte même de ressusciter devant témoins. Dans ce sens, l’évangile de Marc déçoit un peu; il nous parle principalement de trois femmes qui se demandent comment elles vont réussir le dernier geste qu’elles veulent poser à l’égard d’un homme qui avait donné du sens à leur vie.
Mais peut-être ont-elles été élues pour être les premières croyantes en Jésus ressuscité, parce qu’elles portaient déjà en elles le souffle de la résurrection. Tout au long des derniers jours de la vie de Jésus, même à l’heure de sa Croix, alors que tous le méprisaient et le comptaient pour rien, même son Père l’abandonnait, elles, elles étaient là, gardant vivante en leur cœur, la vie qu’il leur avait ouverte.
Et voilà que voulant tenir leur engagement jusqu’au bout en embaumant le corps de Jésus, mais convaincues qu’elles allaient frapper un mur, ô miracle! elle découvre que la pierre ne sépare plus rien. S’en allant dans le noir, elles saisissent que le lever du jour éclaire le tombeau. Croyant entrer dans le silence de la mort, elles entendent la parole d’un jeune homme vêtu de blanc. Ce jeune homme, image de la vie qui vient d’être renouvelée, me paraît signifier la nouvelle génération de la vie. : « Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié? Il est ressuscité. Il n’est pas ici. »
Ces femmes peuvent accueillir la vérité de cette nouvelle parce que Jésus, au cours des années précédentes, les avait déjà ressuscitées. La vie qu’elles avaient vécue avec lui leur avait fait toucher la profondeur de vie qui l’animait et qui ne pouvait s’éteindre. Elles étaient les mieux préparées à accueillir la résurrection de Jésus, comme le montre leur engagement à l’heure de la Croix.
Qu’en cette nuit de résurrection, l’attitude de ces femmes nous serve de témoignage. La foi en la résurrection de Jésus ne vient pas de haut, nous la rencontrons dans le type de vie que nous vivons à sa suite, comme l’ont fait ces femmes il y a des milliers d’années.
Joyeuses Pâques à toutes et tous!