Le vrai Temple du vrai Dieu
Jean
2, 13-25
Exode 20, 1-3. 7-8. 12
En ce troisième dimanche de notre Carême, nous est redit
que le nouveau
Temple n’est pas fait de pierre, mais qu’il est une personne,
celle de Jésus ressuscité. Voilà le nouveau temple,
ouvert à toute l’humanité.
Comme l’a écrit Gabriel Ringlet dans Éloge de la
fragilité, « en chassant les vendeurs du Temple,
Jésus veut libérer Dieu des pierres. Il veut nous signifier
qu’on n’assigne pas Dieu à résidence. Même
pas à résidence sacrée. Dieu n’est plus dedans
mais dehors. Hors les murs. En renversant les tables, Jésus veut
libérer Dieu des sacrifices. On ne trafique pas Dieu. On n’oblige
pas Dieu à récompenser. Dieu ne se négocie pas, ne
se rachète pas. Ni avec des brebis, ni avec des bœufs ».
Le Temple somptueux de Jérusalem était considéré comme
la demeure de Dieu sur la terre. C’est là que les Juifs pouvaient
rencontrer Dieu et offrir les sacrifices prescrits par la Loi. Une foule
nombreuse y venait de partout aux grandes fêtes. Il est facile d’imaginer
qu’on y faisait de bonnes affaires. Les pèlerins devaient
se procurer les animaux nécessaires aux sacrifices. Pourquoi Jésus
se permet-il de chasser les vendeurs d’animaux et les changeurs de
monnaie? Ne rendent-ils pas un service utile, indispensable même?
Au temps de Jésus, les Juifs avaient depuis longtemps cessé d’adorer
des idoles. Ils étaient monothéistes, ne croyant qu’en
un seul Dieu. Mais, ils ne se rendaient même plus compte, du moins
les chefs du peuple, qu’ils s’étaient rendus propriétaires,
sinon de Dieu, du moins de sa Parole et de son interprétation ainsi
que du lieu où Dieu avait établi sa résidence. Ils
avaient fini par enfermer Dieu dans le Temple de Jérusalem. Plus
encore, pour rencontrer Dieu, il fallait passer par toute une série
de sacrifices de purification et d’expiations des péchés.
Ils pouvaient alors se reposer sur cette tranquille certitude : Dieu était
là, à portée de la main, à leur usage exclusif.
Or, avec Jésus, on fait sauter cette certitude. La colère
de Jésus est la manifestation de cet éclatement, de cette « explosion ».
Par son geste, Jésus proclame avec force qu’on n’achète
pas Dieu, fût-ce par des sacrifices.
Plus encore, « le Temple dont il parlait, c’était
son corps ». « Le Temple de Dieu est sacré et
ce Temple, c’est nous ». En sommes-nous conscients?
Jésus, homme libre, vient faire du neuf et nous parler de nouveaux
chemins empreints de liberté en nous rappelant qu’il agit
avec son Père et que le Temple est sa demeure.
Pour que le Temple soit le vrai Dieu, que faire?
Libérons la place. Libérer la place pour
des chemins nouveaux. Les paroles et les gestes de Jésus sont comme
un souffle toujours nouveau pour nos contemporains de tous âges.
Donnons-leur l’espace et le temps de se faire voir et entendre.
Libérons la place pour des pratiques nouvelles.
Nous n’avons pas à juger les coutumes d’autrefois. Regardons
plutôt avec un œil nouveau ce qui se vit présentement.
Libérons la place pour des communautés
nouvelles. Les dix paroles de l’Alliance ne sont pas des chaînes
qui entravent la liberté, mais des jalons pour baliser le chemin
et nous éviter de retomber dans les anciennes habitudes.
Libérons la vérité du geste. Le
christ est devenu pierre angulaire d’un temple nouveau. Soyons une
page de la Bonne Nouvelle qui se feuillette avec bonheur et légèreté lorsqu’on
ne l’encombre pas du poids des institutions et du passé.
À continuer.
Vous pouvez faire parvenir vos commentaires sur cette
homélie
en envoyant un message à
commentaires@st-albert.org