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Communauté chrétienne
Saint-Albert-Le-Grand de Montréal |
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Troisième dimanche de l'Avent - C
13 décembre 2009
Yvon D. Gélinas
Sophonie
3,14-18
Luc
3, 10-18
Or, le peuple était en attente
On ne dit pas « le monde, tout le monde, tous, femmes et hommes »,
mais « le peuple ». Ceux-là et celles-là qui
ont un jour entendu une parole qui était pour eux parole de Dieu.
Une parole qui était une promesse : un jour vient qui sera
comme un retour d’exil; un jour où le Seigneur sera présent,
qu’il apportera un salut, qu’il aura repoussé tous les
ennemis, toutes les peines. Un jour où le Seigneur te
renouvellera par son amour, il dansera pour toi avec des cris de joie;
un jour de fête.
Ne laisse pas tes mains défaillir, il vient le jour d’allégresse!
Des femmes, des hommes qui ont entendu des prophètes parler ainsi,
qui ont cru ces paroles qui sont devenues pour eux une espérance.
Ils ont fait confiance : elle s’accomplira la promesse. Ils
sont devenus un peuple, le peuple de Dieu.
Mais le temps de l’attente se fait long. L’attente est marquée
désormais d’inquiétudes, parfois de doutes. Mais l’espérance
ne s’éteint pas, ne veut pas s’éteindre. Et l’on
se tourne encore vers un prophète, ce Jean qui baptise au Jourdain.
L’homme de foi et d’espérance. L’homme à la
parole forte et sûre qui attise l’espérance, relance
l’attente. Une attente qui en vient à pressentir le jour du
renouveau et de la joie comme tout proche. Et si c’était
lui le vrai prophète, le dernier des prophètes, peut-être
même le Messie, celui que l’on attend depuis si longtemps.
On vient vers lui comme vers une ultime attente, une ultime chance. On
fait encore confiance. Que devons-nous faire? Quoi faire pour accueillir
vraiment je jour qui vient, pour être prêts et dignes pour
entrer dans la danse d’allégresse avec des chants de joie.
Il répond Jean. Une réponse sobre, toute simple. « Soyez
confiants dans l’attente; pour être dignes et prêts soyez
vous-mêmes en toute recherche d’honnêteté, de
justice. Partagez ». Rien d’extraordinaire. Le chemin
poursuivi en toute confiance, en toute justice : Partagez vos biens,
vos attentes, vos recherches et même vos doutes. Elle vient, elle
s’accomplit la Bonne Nouvelle!
Mais là, il trompe un peu le prophète. Oui, elle vient la
Bonne Nouvelle, mais pas comme Jean l’entendait à la manière
ancienne. Pas comme un juge qui va tout nettoyer, tout purifier, par le
feu s’il le faut. Non, elle vient mais pas comme cela. Plutôt
avec un visage de compassion, de pardon, de réconciliation. Avec
le visage du compagnon sur le chemin de tous les jours. Un visage de justice,
mais d’une justice qui sera marquée par l’amour. Un
amour qui se manifestera dans le partage sans mesure et sans limite.
Or,
le peuple était en attente.
Comme
encore aujourd’hui. Encore ce peuple que nous sommes, nous
qui avons entendu la Parole, qui avons fait confiance, qui avons consenti à l’espérance.
Nous, et tous ceux-là et toutes celles-là qui, sans pour
autant partager notre foi, sont aussi en attente parce qu’ils refusent
de croire que rien ne change jamais, qu’il n’y a aucun espace
entre peines, inquiétudes, doutes même, pour un jour qui sera
vraiment jour d’accomplissement, de joie, de bonheur partagé.
Oui, même si nous savons bien qu’elle s’est manifestée
la Bonne Nouvelle, qu’elle a pris le visage de celui qui a marché sur
les chemins de notre terre, qui a vécu une vie semblables à toutes
nos vies mais au-delà de toutes nos vies, une vie sans frontières,
sans mesure, oui, malgré cela, nous sommes toujours en attente.
Et c’est là qu’est la Bonne Nouvelle. Dans cette attente,
dans ce désir toujours d’un temps meilleur, dans l’espérance
d’un accomplissement qui jamais n’est terminé. Parce
que, dans cette attente, il y a la vie, le mouvement de la vie.
Tout semble pareil au temps de Jean-Baptiste. Rien de spectaculaire ne
s’est passé autour de nous. Les mêmes cieux, les mêmes
paysages, les mêmes jours de lumière ou de grisaille, les
mêmes neiges et les mêmes soleils. Les mêmes attitudes
humaines d’injustice, de haine, de guerre, et les mêmes besoins
et gestes d’amour. Pourtant, tout est changé. Il est venu,
et il est là, marchant avec nous les chemins de la vie; nous appelant
plus avant, donnant sens à nos attentes.
Il est venu nous dire qu’il est présent en nos désirs
et nos attentes. Nous dire que nous avons raison d’espérer
toujours, surtout de partager toujours. Partager le don et le besoin, le
geste du mendiant et le geste qui console, qui soulage. Partager la ferme
volonté de préserver la vie, le courage de vivre et de faire
vivre, en tant de manières, en tant de solidarités avec ceux
et celles qui, en tant de manières, restent éveillés
dans des attentes qui commandent des gestes, des actions, des combats.
Et cette parole qu’il donne en réponse à nos demandes
de quoi et de comment faire : Marchez le chemin qui est le vôtre,
propre à chacune, à chacun. Et c’est là qu’est
la joie, parce que c’est là qu’est l’accomplissement
toujours en devenir, souvent en peines et difficultés, souvent en
tant de petits bonheurs. L’accomplissement de sa promesse et de nos
attentes.
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