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Communauté chrétienne
Saint-Albert-Le-Grand de Montréal |
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Luc
La Sainte Famille
Alban et Alexandra Gautier
27 décembre 2009
Alban et Alexandra Gautier
Luc 2, 41-52
L'iconographie traditionnelle nous présente souvent la Sainte
Famille avec Jésus bébé, surmonté d'une auréole
et entouré de chaque côté par Joseph et Marie.
Ces images donnent souvent l'impression d'une famille en communion, sans
heurt ni problème.
Dans cet évangile, on en est loin!
On parle d'une fugue d'un
enfant de 12 ans qui quitte ses parents sans les alerter.
On parle
de parents qui s'inquiètent au bout d'une journée
seulement et mettent trois jours à trouver leur enfant, morts
d'inquiétude.
C'est « stupéfaits » qu'ils le trouvent
finalement au Temple et lui font part de leur souffrance et de leur
incompréhension face à ce geste « Mon enfant,
pourquoi nous as tu fait cela? » dit Marie.
On parle enfin
d'un enfant qui revendique ouvertement sa filiation avec un autre Père
et qui lui non plus, ne comprend pas pourquoi ce n'est pas une évidence
de le chercher au Temple puisque « c'est
chez mon Père que je dois être ».
Eh oui, comme tout famille, la Sainte Famille se développe avec
des bons moments mais aussi des crises.
Et savoir gérer les crises n'est pas chose facile, en particulier
dans la période redoutée de l'adolescence. Marie la
gère
finalement avec beaucoup d'adresse. Quelle belle preuve d'amour et
de confiance de la part de Marie qui malgré la souffrance
et l'incompréhension du geste même, des mots que prononce
son fils, garde en son cœur les évènements sans
amertume ou rancune, et accepte que son fils prenne des directions
qu'elle ne comprend pas.
Peut être aussi que Marie, mère choisie entre toutes
par Dieu, incarne dans cet évangile l'Amour de Dieu envers ses
enfants : un Dieu qui aide et fait confiance, qui nous laisse
essayer et apprendre pour nous permettre de grandir tout comme « Jésus
qui grandissait en sagesse sous le regard de Dieu et des hommes »
Revenons à Jésus également, car c'est un épisode
important que celui-ci. Comme attiré par le temple, il s'y dirige
et parle intelligemment aux docteurs de la Loi.
On est d'ailleurs surpris de la maturité de Jésus dans
sa réponse malgré son jeune âge : simple bravade
d'adolescent pour s'affirmer ou bien est-ce Dieu qui parle à travers
lui : « Ne le saviez vous pas? C'est chez mon père
que je dois être ».
Manifestement, il s'est passé quelque chose en lui mais il
lui est difficile de dire quoi exactement, d'autant qu'après
cet épisode, il rentre à Nazareth avec ses parents, « il
leur était soumis ».
Cependant, cet événement se déroulant à Pâques,
et Jésus étant retrouvé trois jours après
que ses parents sont partis à sa recherche, renvoie évidemment à la
résurrection trois jours après la mise au tombeau. Jésus
nait Homme à Noël et renait Fils de Dieu lors de cette
pâque bien particulière. Cet épisode marque en
quelque sorte sa naissance spirituelle, parallèlement à la
naissance physique célébrée à Noël.
Car n’est-ce pas à la suite de cet événement
que Jésus va prendre conscience, et dans sa vie et par son action,
qu’il est le Fils de Dieu. A partir de ce moment, l’Évangile
prend alors une autre dimension pour nous…
Pour finir, j'aimerais vous lire quelques lignes extraites du livre
Le Prophète de l'écrivain catholique maronite
Khalil Gibran, car elles illustrent bien les nouveaux rapports qui
unissent désormais les membres de la Sainte Famille :
Vos enfants ne sont pas vos enfants.
Ils sont les fils et les filles de l'appel de la Vie à la
Vie.
Ils viennent à travers vous mais non de vous.
Et bien qu'ils soient avec vous, ils ne sont pas à vous.
Vous pouvez leur donner votre amour, mais pas vos pensées.
Car ils ont leurs propres pensées.
Vous pouvez héberger leurs corps, mais pas leurs âmes.
Car leurs âmes résident dans la maison de demain que
vous ne pouvez visiter, pas même dans vos rêves.
Vous pouvez vous efforcer d'être comme eux, mais ne cherchez
pas à les faire à votre image.
Car la vie ne marche pas à reculons, ni ne s'attarde
avec hier.
Vous êtes les arcs desquels vos enfants sont propulsés,
tels des flèches vivantes.
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homélie
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