3e Dimanche de l'Avent (C)
16 décembre 2012
Soyez dans la joie
Jacques Sylvestre
Dans quelques jours, ce sera Noël. Aujourd’hui, nous sommes invités à la joie. Bien plus, la liturgie nous place presque malgré nous dans une ambiance de joie. Comment accueillir cette joie, être joyeux au milieu de ce monde où tant des nôtres ne pourront même pas esquisser un sourire, et dans les épreuves le plus cruelles de notre existence? Nous vivons dans une « vallée de larmes » prions-nous la Vierge à la tombée du jour.
Pourquoi nous réjouir? Y a-t-il une raison, autre qu’une tradition millénaire : la naissance de Jésus? À bien y regarder, la joie ne constituerait-elle pas une des valeurs essentielles de notre foi?
Au soir de la création, le Créateur jubile : Dieu vit que cela était bon et même très bon.
La parole des prophètes, malgré leurs fréquentes invectives ne cessent d’inviter à la joie
« Réjouis-toi », c’est avec cette salutation que Gabriel salue la Mère du Sauveur.
Et quand celle-ci rend visite à sa cousine Élisabeth, l’enfant qu’elle porte tressaille de joie en son sein.
Au début de sa mission, Jésus innove avec les Béatitudes : « Bienheureux, bienheureux! »
Lui-même tressaillait de joie à la vue des enfants et la révélation de ses disciples aux petits et aux humbles.
Même à la veille de sa mort, au soir de la Cène, Jésus disait à ses disciples : « Je dis cela pour que ma joie soit en vous : aimez-vous les uns les autres » Puis se recueillant en la prière : « Père je viens à toi. Je dis ces choses pour qu’ils aient ma joie en eux ».
Enfin, l’apôtre Jean écrivait à ses disciples : « Ce que nous avons vu, entendu, touché du Verbe de Vie, nous vous l’annonçons pour notre joie soit en vous ».
Aujourd.hui, la nouvelle évangélisation dont on parle tant, veut redonner à tous le goût de vivre dans la joie la Bonne Nouvelle de Jésus.
Cette joie est offerte à tous, même si elle peut-être certains jours une douloureuse joie. En ces jours sombres, c’est au fond du cœur que la joie se retrouve. L’évangile de ce dimanche nous le confirme avec la rencontre de Jean-Baptiste.
Las de chercher Dieu inaccessible certains jours, des hommes et des femmes ont abandonné toute pratique religieuse. L’enseignement de l’Église leur semble dépassé, il ne répond plus à leurs questionnements. La « Bonne Nouvelle de l’Évangile » semble devenue une actualisation insipide des vérités d’un autre temps.
Pourtant, rien de nouveau en cela. Au bord du Jourdain ce jour là, à l’aube de notre ère, ils étaient nombreux ces gens déçus de l’enseignement des prophètes, déçus du discours officiel. Mais, ils demandaient quand même à Jean-Baptiste, cette voix du désert: « Que devons nous faire? »
C’était un homme étrange, ce Jean-Baptiste, habitant du désert, vêtu à l’ancienne et se nourrissant à peine. Il proclamait pourtant des valeurs qui attiraient les foules, parmi lesquelles se comptait Jésus, de Nazareth. On se pressait pour écouter ses propos contre la société établie, on voulait se convertir et se faire baptiser à cette vie nouvelle. Qu’enseignait-il, ce Jean Baptiste?
« Que devons-nous faire? » demandaient les gens, les collecteurs d’impôts, les soldats… Rien, leur répond Jean-Baptiste, rien de particulier, mais seulement partager et bien faire ce que vous avez à faire.
À nous aujourd’hui, qui préparons Noël, ces mêmes paroles sont adressées : partager et bien faire ce que nous avons à faire. Des choses très simples qui renouvellent chaque jour notre cœur, nous ouvrent au partage, comme nous le faisons si généreusement ces jours-ci.
Dans le désert, Jean-Baptiste proclamait les valeurs quotidiennes, et Jésus nous en apporte le secret : les vivre au mieux. Jésus est venu restaurer un amour au-delà de toutes les valeurs.
L’attendre pour moi aujourd’hui n’est-ce pas, avec tous ceux qui comme moi espèrent en un jour nouveau, me rendre capable de l’accueillir dans le quotidien de ma vie et jusqu’au plus intime de moi-même?
Attendre, n’est-ce pas accueillir celui qui est déjà là en moi, me tourner vers lui chaque jour dans la prière, l’accueillir en accueillant celui qu’il envoie vers moi, l’accueillir en répondant à tous les appels, simplement aimer ?
Le fruit de l’amour, c’est la joie, enseignait saint Thomas d’Aquin.
Soyez dans la joie, Jésus est déjà là, près de nous, au milieu de nous. Soyez dans la joie!