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19e Dimanche du Temps Ordinaire (A)

10 août 2014

« N’ayez pas peur »

1 Rois, 19, 9-13

Matt. 14, 22-33

 



Présentation par Monique Morval

L’extrait du livre des Rois et l’Évangile : deux textes qui méritent réflexion… Nous vous en proposons trois commentaires : tout d’abord, celui de Michèle Cardinal; je prendrai ensuite la parole; et Édouard Potworowski mettra le point final à nos réflexions.

 



Intervention de Michèle Cardinal-Larin

Aujourd’hui, l’Évangile nous parle de deux mots qui s’opposent du moins en apparence : peur et confiance. Commençons par la peur. Elle nous taraude sans cesse et cela, depuis notre naissance. Nous savons tous que la naissance d’un enfant engendre en lui la peur, l’angoisse, origine de toutes les peurs subséquentes de sa vie. Une racine profonde et primitive donc. De plus, elle est multiple et a mille visages : peur de l’inconnu, peur de l’autre, l’étranger, le différent, peur de la maladie, des nouveaux virus comme EBOLA, peur des crises financières, des changements climatiques et même ecclésiastiques… peur d’une longue agonie de souffrance et de la mort, et par surcroît, de ce climat d’horreur et d’insécurité causé par ces guerres meurtrières complètement débiles et inhumaines. Tout cela nous menace. La peur se révèle donc profondément humaine tandis que la confiance, elle, dans de telles conditions, apparaît souvent surhumaine.
Michèle Cardinal
Quand JÉSUS dans l’Évangile d’aujourd’hui dit à Pierre et à ses disciples « n’ayez pas peur », nous comprenons tous que c’est à chacun de nous qu’il le dit. Mais alors, nous demanderait-il quelque chose d’impossible et au-dessus de nos forces? Ne sait-il pas que nous sommes fragiles, enclins à l’inquiétude et au doute? Et pourtant, ne nous a-t-il pas dit que nous valions plus que les moineaux, que pas un cheveu de notre tête ne tombe sans que notre Père céleste ne le sache?

Si nous sommes ses enfants et que nous avons du prix à ses yeux, selon Sa parole, peut-il nous tromper et faire de nous des naïfs? Oui! Sûrement qu’il nous faut une bonne dose de naïveté, bienheureuse naïveté, à l’image de notre Dieu, l’Innocence même, l’Innocence incarnée. « Si vous ne devenez comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume »…

Alors, devant ce qui peut nous menacer, entendons sa voix dans le silence de notre être qui nous chuchote « n’aie pas peur, c’est moi » et comprenons qu’il nous invite à marcher vers Lui sur les eaux de la confiance qui sauve.

Quand Pierre, répondant à l’appel de Jésus de marcher sur les eaux, commence à s’enfoncer parce qu’il prend peur, ne croyez-vous pas, comme moi, qu’il est excusable parce qu’il est dans l’inédit, dans la méconnaissance? Il n’est pas encore convaincu que l’Amour pose un regard incessant, bienveillant sur lui. Il ne l’a pas encore véritablement découvert. En voulant s’appuyer sur ses propres forces, il fait l’expérience de sa faiblesse.

Et qu’en est-il de nous? Après deux mille ans d’évangélisation, d’écoute de la Parole, d’homélies éclairantes, avouons que nous avons toujours peur, comme le Pierre de l’Évangile, que nous ne sommes pas entrés dans le Monde Nouveau que Jésus a inauguré par son incarnation. Nous restons chevillés au monde ancien, toujours appuyés sur nos propres forces… dérisoires, coupés que nous sommes de notre héritage de paix, de salut par l’Amour inconditionnel posé sur chacun de nous.

Aurons-nous l’audace de croire qu’il est plus facile pour nous de nous abandonner à la confiance et à la foi en sa parole que de céder à la peur, voire au désespoir en nous appuyant uniquement sur nos pauvres forces? Quand un vent de tempête s’élève, que la mer de nos quotidiens devient tumultueuse, s’endormir avec Lui dans la barque et marcher vers Lui avec la confiance d’un enfant, voilà notre défi. Un défi héroïque mais, paradoxalement, plus facile que de céder à la peur qui nous paralyse et nous empêche de vivre.

« La gloire de Dieu c’est l’Homme vivant! » dit l’Écriture. C’est la grâce que je nous souhaite car il en va de notre crédibilité de croyant.

 



Intervention de Monique Morval                 

Marcher sur les eaux : un rêve impossible… Et pourtant Pierre l’a fait.

Il y a ainsi des choses qui nous paraissent impossibles, mais qui finalement ne sont pas irréalisables. Matthieu nous en donne les conditions dans l’évangile d’aujourd’hui. Tout d’abord, cela ne se fait pas tout seul : « Ordonne-moi de venir vers toi sur l’eau » dit Pierre à Jésus… Ne pas hésiter donc à demander de l’aide. Mais il faut aussi que l’autre entende notre appel, malgré le vacarme ambiant : « Viens » répond Jésus… Enfin, il faut avoir confiance : confiance en soi, ne pas craindre de s’élancer; et confiance en l’autre Monique Morvalqui nous tend la main lorsque les vents violents nous font peur…

Il y a des choses qui paraissent impossibles, où l’on a l’impression de se heurter à un mur : se réconcilier, passer à travers les épreuves, faire son deuil… Autour de nous aussi, des personnes font face à des difficultés qu’elles pensent insurmontables.. Mais Matthieu nous montre qu’il est possible de s’en sortir. Dans nos jours de détresse, osons-nous demander de l’aide? Sommes-nous attentifs à l’appel d’autrui pour lui tendre la main quand il crie : à l’aide? Faisons-nous assez confiance en la vie pour faire le premier pas?

Et si cela paraît trop difficile, gardons foi en Jésus qui nous accompagne et ne nous abandonnera pas.

Osons donc l’impossible!


Intervention d'Edouard Potworowski  

Il y a une multitude de façons de prier. Les textes que nous venons d’entendre nous parlent de deux sortes de prière. Très différentes l’une de l’autre. Dans l ‘évangile, St Matthieu nous raconte la prière de Pierre en situation de crise. Il a une demande urgente et précise. C’est le type le plus courant de prière. On demande à Dieu de régler nos problèmes, ou de ne pas en avoir. Une variante est de demander à Dieu de nous donner l’énergie et le discernement dans ce que nous devons faire.

Le passage du livre des Rois, quant à lui nous parle d’un autre type de prière. Élie, qui ne trouve Yahvé ni dans l’ouragan, ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu, mais dans la brise.

Quoi de plus agréable qu’une brise fraiche par une journée chaude?
Édouard Potworowski
Une expérience toute simple. Dans le cas d’Élie c’est une expérience intérieure, spirituelle. Une ouverture à la présence de Dieu, une confiance ouverte, sans mots, sans pensées précises. Élie ne parle pas. Il ne fait pas de demandes à Dieu, il ne le glorifie pas, ne lui demande pas pardon, ne le remercie pas. Simplement un contact spirituel. Une confiance totale. Une écoute. C’est Yahvé qui parlera le premier, dans le verset qui suit le passage d’aujourd’hui.

C’est sur une montagne qu’Élie est monté pour rencontrer Dieu. Un endroit majestueux, isolé, plein de symboles que l’on retrouve tant dans l’ancien que dans le nouveau testament. Mais je pense que c’est surtout l’éloignement des préoccupations quotidiennes, qui rend cet endroit isolé si propice à ce genre de rencontre.

Essayons aussi de nous isoler de temps en temps. Nous isoler de la tempête médiatique, des ouragans politiques, des tremblements de terre économiques et du feu des conflits militaires. Entrons dans le silence intérieur et acceptons, dans la brise fraiche, la main que le Seigneur nous tend.

     

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal