22e Dimanche du Temps Ordinaire (A)
31 août 2014
Qui es-tu Jésus pour nous parler ainsi?
Qui es-tu Jésus pour nous parler ainsi?
Allons-nous jamais comprendre?
Les premiers mots que j’avais lus, quand nous nous sommes réunis pour préparer cette célébration, m’ont touché au cœur :
« Seigneur, tu as voulu me séduire, et je me suis laissé séduire ».
Plein de joie, je me suis dit : ça va être une histoire d’amour!
Mais déjà au verset prochain tout tourne au paradoxe :
Ce n’est pas une histoire d’amour. Tout au contraire :
Dieu appelle Jérémie à une mission qui le fait souffrir.
Jérémie aimerait bien s’en débarrasser, mais c’est plus fort que lui.
Alors, il accepte sa mission, malgré la souffrance.
De même pour Jésus : Dieu l’a choisi pour être son Messie, et au cours de sa mission Jésus apprend qu’il doit souffrir et mourir.
Il accepte, et ne se laisse pas détourner de sa mission.
Plus encore : Il nous invite à le suivre, à renoncer à nous-mêmes et à prendre notre croix sur n
ous, comme lui.
Il nous dit : « Celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie, à cause de moi, la gardera. »
Le paradoxe encore, semble-t-il. Allons-nous comprendre un jour?
Pourtant, même les psychologues nous le disent :
La souffrance fait partie intégrale de toute vie. C’est comme ça.
Essayer d’éviter la souffrance ne la fait pas disparaître, ne nous sauve pas la vie, — mais passer à travers nous fait grandir — nous mène à la résurrection, pourrait-on dire dans notre langage Chrétien…
C’est quoi alors, cet appel de Dieu, appel à une mission à accomplir, même au prix de la souffrance?
Pour Jérémie, c’était d’annoncer une mauvaise nouvelle.
Nous comprenons qu’il n’a pas aimé ça. Pourtant : il l’a fait.
Mais nous, à la suite de Jésus, sommes appelés à annoncer la BONNE NOUVELLE.
Oui, Dieu veut nous séduire; mais pas par (ni pour) la souffrance — non!
Non pas par des lois et des punitions non plus, mais non!
Dieu veut nous séduire par son amour, sa tendresse — la tendresse d’un parent qui invite, mais laisse la liberté de dire oui ou non.
Et Jésus nous le répète dimanche après dimanche, dans le langage imagé de son temps et de son peuple, quand il prend le pain, le partage, et dit : « Prenez et mangez. Ça, c’est mon corps ».
Jésus, en Juif de son temps ne connaît pas le concept de « corps et âme » S’il dit : C’est mon corps, il veut simplement dire : ça, c’est moi, mon être entier.
Je me donne entièrement, je partage mon être, ma vie, avec vous.
Je me laisse dévorer par vous, je me fends en quatre pour vous. -
Comme on brise le pain pour le partager, ainsi je me laisse broyer jusqu’à la souffrance — jusqu’à la mort.
Faites ceci — vous aussi — en mémoire de moi!
Voilà notre mission, l’appel qui nous est lancé jour après jour :
Partager notre vie, nos dons, notre être, avec qui en a besoin au moment présent... même si le moment est inopportun… Même si c’est difficile et nous fait souffrir…
Mais n’ayez pas peur, Dieu ne nous demande que ce que nous sommes capables de faire, rien d’autre… mais pas moins, non plus. — C’est comme ça!
Accueillons, célébrons ensemble notre mission : la mission de bâtir un monde plus humain, un monde du partage, un monde du don de nous-mêmes — à la suite de Jésus. — Amen.