27e Dimanche du Temps Ordinaire (A)
5 octobre 2014
Recevoir et faire fructifier la vigne
Bruno Demers
C’est un bon temps de l’année pour entendre parler de vigne. Dans les Laurentides comme dans les Cantons de l’Est, il y a quelques villages où l’on célèbre les vendanges, pour ne pas parler de ces régions de France où toute l’activité est actuellement centrée sur la production du vin. C’est quand même étonnant qu’un arbuste, pas particulièrement gros, produise des fruits dont on peut tirer une si bonne boisson. Comment peut-on expliquer ça? Les vignerons vous répondront que tout dépend du soin accordé à la vigne. C’est ça qui détermine la qualité du produit, le vin en l’occurrence.
Il est souvent question de vigne et de vin dans la Bible Nous avons entendu parler de la vigne comme maison d’Israël et de la vigne comme Royaume de Dieu. Et dans les deux cas, il est question du soin qu’on lui accorde et des fruits qu’elle produit. Aujourd’hui nous sommes tous des vignerons en puissance. La Parole de Dieu nous invite à regarder notre façon de recevoir le Royaume et de le faire fructifier.
Premièrement, notre façon de recevoir le Royaume. Dans l’évangile, les vignerons agissent comme s’ils étaient les propriétaires de la vigne. Ils outrepassent leur statut d’intendants de biens qui ne sont pas les leurs. Les prophètes de l’Ancien Testament ont été rejetés parce qu’ils venaient rappeler la destination universelle de ce bien, le Royaume qui appartient à un autre. Au nom du Dieu vivant, ils dénonçaient les accaparements et les détournements. Ils appelaient au droit et à la justice. Ils exigeaient la conversion du cœur.
Jésus se situe dans la même lignée. Il affirme la transcendance du Royaume qui nous est remis dans la confiance. Il ose inviter d’autres personnes à travailler à la vigne. Il annonce la grandeur de ce bien offert à tous et qui n’est pas fait pour être accaparé. Mais les vignerons du temps ne l’entendent pas ainsi. Ils prennent tellement au sérieux leur tache qu’ils se considèrent les héritiers et propriétaires de la vigne.
Or, la pierre que les bâtisseurs ont rejetée est devenue la pierre d’angle…
Nous-mêmes, comment nous comportons-nous à l’égard du Royaume? Comment exerçons-nous nos responsabilités sociales ou ecclésiales? Que faisons-nous du bien commun? Le bien demeure un don pour tous et sa gestion nécessite décentrement, modestie et respect.
Nous venons de voir comment recevoir le Royaume. La parabole nous parle aussi, deuxièmement, de le faire fructifier. En effet si la vigne, dans l’Évangile, est confiée à d’autres, le défi est le même pour les nouveaux vignerons qui la reçoivent.
Faire produire du fruit à ce qui nous est donné. La question des fruits est centrale dans l’Évangile. L’olivier qui ne produit pas est coupé. Les talents qui ne fructifient pas sont confiés à d’autres. Le jugement final se fera à partir des fruits que nous aurons donnés. On a là le critère ultime de l’authenticité d’un engagement.
Aux vignerons que nous sommes, la Bible parle de droit, de justice, de miséricorde, d’amour actif de ceux et celles qui sont dans le besoin, de bienveillance même à l’égard de l’ennemi.
Les fruits du Royaume sont de l’ordre de la pratique, d’un faire qui met concrètement en œuvre la volonté de Dieu. Nous le savons, l’alliance n’est pas d’abord une question de rites et de règles mais plutôt de relations et de don de soi.
Le soin de la vigne se poursuit tout au long de l’histoire humaine. Son parcours est plein de surprises car de nouveaux vignerons, imprévus et méconnus, viennent prendre le relais et relancer la dynamique du Royaume. Nous sommes plusieurs à nous mettre à l’œuvre. Rien n’est jamais acquis mais des fruits inespérés peuvent apparaître.