28e Dimanche du Temps Ordinaire (A)
Action de Grâces
12 octobre 2014
Nous avons bien raison de célébrer (La bouillotte de maillé…)
Hubert Doucet
Comme vous l’avez sans doute déjà noté, notre célébration d’aujourd’hui s’inscrit autant dans la liturgie de ce 28e dimanche du temps ordinaire que dans la fête de l’Action de grâces. Lorsque la petite équipe de préparation de l’eucharistie s’est réunie la semaine dernière, il nous a semblé que les lectures liturgiques de ce dimanche nous orientaient, comme tout naturellement, à célébrer l’action de grâces pour les récoltes de cette année. En effet, les récoltes sont liées à des fêtes où abonde la nourriture, comme dans les repas de noces.
D’aussi loin que je me rappelle, les mois de fin d’été et début d’automne sont des occasions de rencontre autour de nourritures festives : épluchette de blé d’inde, bouilli avec toutes sortes de légumes et de viandes appétissantes, bouillotte de maillé qui est propre à ma région. Plus jeune, à la fête du travail, on faisait des conserves et plus récemment la sauce aux tomates. Et là encore, il s’agit de beaux moments passés ensemble. Ces dernières années, il me semble que nous nous faisons même une fête de la première petite tomate cerise qui sort de nos jardins. Nous voulons la partager, tellement elle est bonne.
Je vous parle de toutes ces choses, non pas pour vous faire saliver alors qu’approche le repas du midi, mais parce que Dieu, pour bien nous faire saisir qui il veut être pour nous, n’a pas trouvé mieux que de nous dire que lui aussi il avait ce même goût de la fête et du partage avec nous. C’est ce qu’on voit bien dans les deux textes qui viennent d’être proclamés. Nourriture, partage, fête, voilà qui nous réunit ensemble et nous réunit avec Dieu.
Et pourtant, même dans la fête, nous ne pouvons ignorer qu’aujourd’hui, en ce temps de surabondance, plusieurs n’y ont pas accès et que ce manque pourra augmenter pour les générations à venir. Lorsque nous refusons de participer à la noce parce que nous avons nos affaires à faire et que nous n’avons pas intérêt à partager, nous privons les autres de l’abondance. Nous accaparons pour nous, à l’image de la tendance contemporaine qui creuse de plus en plus profondément le fossé entre les plus riches et les autres. Agir ainsi, c’est cela ne pas revêtir l’habit de noces. En effet, c’est décider de se vêtir de soi, plutôt que partager avec les autres. L’habit de noces, c’est la manière d’être ensemble dans une même communion festive.
Nous avons bien raison de célébrer entre amis et proches ce moment béni des récoltes. Cette célébration est encore plus belle lorsqu’en communion avec le Père qui nous invite à faire un avec lui, à notre tour nous cherchons à agir de manière à ce tous et toutes participent, d’une manière ou d’une autre, à la joie de la récolte.