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Jour de l'An (B)

1er janvier 2015

Agir comme les bergers

Hubert Doucet

Hubert Doucet

Luc 2, 16-21

Nombres 6, 22-27

Une des premières réactions qu’ont eue les membres de la petite équipe chargée de préparer la célébration d’aujourd’hui en a été une de surprise, de déception même. Il n’y a rien dans les textes qui fait référence à la nouvelle année. Aujourd’hui, la liturgie célèbre Sainte Marie, Mère de Dieu. Nous aurions aimé, en quelque sorte, que le calendrier liturgique intègre davantage la réalité profane du temps naturel et humain.     

Hubert DoucetEst-ce à dire que les textes qui nous sont proposés ce matin ne sont pas appropriés à un début d’année? Presqu’à notre propre étonnement, l’échange entre nous a rapidement permis de dégager une thématique centrale à ces lectures, thématique stimulante pour un début d’année. Luc, dans l’évangile, nous place devant un commencement. Les parents le savent bien : l’enfant qui naît les amène à repenser le présent et l’avenir, de manière plus dense et plus riche. Pour eux, c’est un nouveau début. Pour réfléchir à la nouvelle année, peut-être n’y a-t-il rien de mieux que de revenir à cet avènement dont parle Luc, à cette arrivée qu’est le nouveau-né Jésus? 

Ce commencement auquel réfère l’évangéliste, il a lieu à Bethléem, petite ville semblable à bien d’autres, avec ses hauts et ses bas, nous signalant ainsi que Dieu n’a d’autre ambition que de partager les réalités quotidiennes d’hommes et de femmes très concrets. En naissant de Marie, une femme qui appartient à une culture particulière et qui ressemble aux femmes de son milieu, il témoigne de son respect pour toutes les cultures. En choisissant de prendre chair dans un coin de l’espace et à un moment du temps, il nous manifeste que la pleine humanité se vit dans sa diversité.          

Serait-ce cette simplicité de la nativité de Dieu chez-nous qui étonne Marie sa mère? Cette femme ne donne-t-elle pas à Dieu un visage qui nous devient accessible et que nous pouvons regarder sans crainte? Qu’y a-t-il à comprendre de cette modestie de Dieu? Marie se tait et garde toutes ces choses en son cœur. Ne lui faut-il pas intégrer quelque chose qui ne va pas de soi, la naissance de Dieu dans l’humanité? Méditer cet événement dans son cœur, c’est se tourner vers ce visage, tout simple et bienveillant.  

Qu’en est-il de nous aujourd’hui? Sommes-nous encore en mesure d’accueillir une telle simplicité? Quel visage de Dieu cherchons-nous? De quel Dieu témoignons-nous au cœur de ce temps? Ces années-ci, ces questions se posent à chaque croyante et croyant qui se réclame de Jésus. Elles concernent en particulier tout catholique, puisque en 2015 son Église ne pourra pas éviter ce type de questions. J’en prends pour exemple la prochaine session du Synode sur la famille qui se tiendra à Rome. Notre Église sera-t-elle capable de se rapprocher du visage de Jésus dans la simplicité du commencement ou voudra-t-elle affirmer l’absolu pouvoir de son Dieu sur le monde?   

Les bergers, des gens simples, peu instruits, mais en lien profond avec la vie n’ont pu que raconter à tout le monde ce qu’ils avaient vu de cet enfant. Leur parole étonnait. Ne serait-ce pas à nous d’agir comme les bergers et de faire en sorte que Dieu naisse là où l’attente et le désir de paix construisent le partage et l’unité dans la diversité? Avec Marie et les bergers, célébrons le visage du Seigneur pour qu’il s’imprègne dans tous ces visages qui nous entourent, souffrants et rayonnants.     

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal