Voir la célébration de ce dimanche
4e Dimanche du Carême (B)
15 mars 2015
Vivre tout près de la source de la vie et de l’amour
Hubert Doucet
Jean 3, 14-21Notre célébration d’aujourd’hui s’est ouverte par le récit d’une destruction totale, d’une fin du monde en quelque sorte. À la fin des années 580 avant Jésus-Christ, les Juifs furent ou massacrés sur place ou déportés à Babylone pour devenir des esclaves. Cet épisode de l’histoire juive demeure l’un des événements les plus profondément inscrits dans la mémoire d’Israël, même si ce peuple en a vécu bien d’autres du même type. Ces violences et ces massacres nous renvoient aussi aux événements qui accablent des peuples du Moyen-Orient, tant en Irak qu’en Syrie, de même qu’en Afrique avec ses nombreux attentats et carnages à l'encontre de populations civiles de toutes confessions.
Ce texte de la destruction de Jérusalem et des déportations à Babylone est sans doute choquant, mais ce qui est le plus révoltant, c’est l’explication que le livre des Chroniques nous en donne. Les gens ont couru après leur malheur; la conduite de toute la communauté de Jérusalem a été si mauvaise, si pécheresse, qu’elle mérite un châtiment exemplaire. C’est ainsi que Dieu punit si nous agissons mal. Avec cette logique, tous les habitants d’Irak et de Syrie, toutes ces populations africaines soumises à la violence de Boko Haram ne mériteraient que ce qui leur arrive.
Evidemment, devant une telle logique, spontanément nous disons non. Et pourtant, cette explication nous a longtemps accompagnés et continue parfois encore. À l’origine du sida, cette façon de réagir nous a beaucoup marqués, il y avait du péché dans la propagation de cette maladie et notre société a, de ce fait, abandonné beaucoup de ces personnes. Même dans notre vie personnelle, lorsque le malheur nous frappe, une de nos premières réactions est de nous demander : « Qu’est-ce que j’ai pu faire au Bon Dieu pour qu’il me traite ainsi? »
Jésus lui-même a été confronté à ce type d’explication qui était commune à son époque. Cette façon de penser lui est apparue cependant impossible à justifier. À Jérusalem était tombée la tour de Siloé; elle avait tué 18 personnes. Et Jésus de demander aux gens qui lui rapportaient la nouvelle: « Ces 18 personnes, croyez-vous qu’elles fussent plus coupables que tous les habitants de Jérusalem? » (Luc 13, 4)
Heureusement, Jésus ne s’est pas limité à nous donner une leçon de logique affirmant la non pertinence de cette interprétation. Dans l’évangile de ce midi, il nous a surtout témoigné du profond respect que son Père a pour nous: « Dieu a éprouvé tant d’attachement pour le monde, qu’il lui a donné son Fils, l’unique. » Et le texte d’ajouter: « Ainsi tous ceux qui lui font confiance, loin de périr, vivent pour toujours. »
Dans le récit des Chroniques, la vérité à laquelle chacun/chacune devait se conformer est définie de manière littérale. Dans la parole de Jésus, chacun/chacune, se livrant dans la confiance, va reconnaître au cœur de lui-même la vérité qui fait venir à la lumière de sorte que l’œuvre de sa vie est reconnue comme l’œuvre même de Dieu.
En croyant, en donnant notre confiance, notre histoire est éclairée, notre espace de vie s’élargit. En effet, nous vivons alors tout près de la source de la vie et de l’amour, car « nos œuvres sont reconnues comme des œuvres de Dieu ».