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4e Dimanche de Pâques (B)

26 avril 2015

Réciprocité, communion, inclusion

1 Jean 3, 1-2 

Jean 10, 11-18

 

Yvon D. Gélinas

Yvon D. Gélinas

Ne nous attardons pas sur l’image bucolique, un peu gênante, du berger et des brebis. L’allégorie du pasteur est belle quand il s’agit de voir en Jésus un berger qui guide, protège et défend, moins flatteuse toutefois pour ce qui est des disciples qui pourraient être reconnus comme des brebis sans liberté ni intelligence. Deux mots résument bien la portée du message que veut nous faire saisir l’évangéliste : connaître, reconnaître. Le berger est dit vrai pasteur parce que, dit-il : « Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent ». Et connaître ici ne veut pas simplement dire savoir de manière intellectuelle, au niveau de l’esprit, de la raison et de l’intelligence. Le mot, en l’évangile de Jean a, de plus, un sens d’affection, d’attachement, de familiarité, un rapport mutuel lié au plus profond et au plus concret des êtres.         

Pour le vrai berger, pas de limites quand il s’agit du bien-être et de la sauvegarde du troupeau; il ira jusqu’à donner sa vie pour lui. Et les brebis écoutent sa voix. Elles la reconnaissent, elles se sentent protégées par lui, elles lui font confiance. On comprend bien qu’entre pasteur et brebis s’est établie une relation de réciprocité. Disons les choses clairement : entre le Christ Jésus et ses disciples s’est établie une relation de réciprocité. Une réciprocité qui s’approfondie en une étroite communion. C’est lui le Seigneur qui le premier dit sa parole au disciple, dit son attention, son désir de donner à chacun, chacune un nom propre, faire sortir de l’anonymat dans un souci de services et de soutien. Et le disciple reconnaît qui est vraiment Jésus au son de sa voix. Il l’écoute cette voix, ne fait pas que l’entendre. Il accepte en confiance cette voix parce qu’elle veut le conduire là où il sera vraiment lui-même en toute liberté.      

Ce qui lie ainsi de si proche et de si fort pasteur et disciple ne peut avoir qu’un nom : amour. C’est cet amour qui, chez le pasteur, est la raison du don de sa vie pour les disciples. Un amour qui fait du disciple, l’enfant de Dieu, du Dieu de Jésus Christ. Et cet amour encore rend possible en retour l’amour du disciple pour le maître et pasteur, l’amour de l’enfant pour le Père. Et c’est ainsi que la réciprocité devient communion. Une communion de vie, l’entrée dans une même famille puisque désormais il y a amour entre le pasteur et les disciples et des disciples entre eux qui se reconnaissent enfants bien aimés d’un même Père. Connaissance réciproque, reconnaissance dans une véritable communion. Une communion dans le bonheur des heures joyeuses et heureuses, comme dans les heures de peines, de souffrance, de douleur. Il a pris sur lui, le vrai pasteur, tout ce qui est de nous, de nos vies. Il a vécu et traversé tout cela.           

Mais voici un dépassement dans la parole évangélique de ce jour : « J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie ». Le désir du Seigneur est de ne pas rester enfermé avec les disciples en un groupe chaleureux mais replié en lui-même. La réciprocité et la communion doivent s’étendre au dehors et accueillir ceux et celles qui acceptent d’entendre la voix du pasteur et de reconnaître en elle appel et vocation. Le jeu de la reconnaissance et du don et du partage va jusqu’à ceux et celles qui n’entendent pas cette voix, qui par des chemins divers et en des manières et cultures différentes cherchent le sens de leurs vies et de celles des autres. Il y a là comme un désir d’unité toujours en attente d’accomplissement. Nous sommes invités à nous reconnaître dans l’image d’un troupeau libre et intelligent, dans une communion de vie. Nous sommes également conviés à suivre le pasteur en tous ses dépassements, en son amour inclusif et soucieux de tous les enfants du Père, même de ceux qui ne savent pas qui est le Père. Par notre parole, notre témoignage et par notre simple présence, nous devenons les transmetteurs de sa voix, les témoins d’une écoute et d’une réponse, pour que d’autres puissent entrer en cette communion que lui seul peut faire naître et achever mais qu’il confie à notre collaboration.                 
Un passage d’Évangile, si bref soit-il, si énigmatique aussi, mais qui nous dit le sens profond qu’a pour nous la résurrection de Jésus, le sens de sa mission, le sens qui en résulte pour nous quand, par la foi, nous écoutons la parole du vrai berger de nos vies et de nos destins, qui veut nous conduire à être semblables à lui, à devenir le reflet de sa vie et de son amour si discret et si fort.

 

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal