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5e Dimanche de Pâques (B)

3 mai 2015

  

Porter des fruits

Ac 9, 26-31

1Jn 3, 18-24

Jn 15, 1-8

Bruno Demers

Bruno Demers

Êtes-vous de bons chrétiens? Sommes-nous de bons chrétiens?
Question embêtante, n’est-ce pas? J’imagine qu’on pourrait répondre globalement oui même si on sait qu’on a telle ou telle chose à améliorer. On peut dire oui parce qu’on vit selon les valeurs chrétiennes, qu’on essaie d’incarner dans nos vies les principes fondamentaux de la charité et qu’on se retrouve régulièrement à l’Eucharistie du dimanche. L’Évangile d’aujourd’hui veut nous amener plus loin. Être un bon chrétien, ça implique plus que ce que je viens de dire.

Bruno DemersEn effet, le texte proposé parle d’une vigne. La vigne, réalité chère aux juifs et aux chrétiens. Arbre très aimé à cause de son fruit : le raisin et à cause aussi de ce que nous en faisons : le vin! Dans la tradition biblique la vigne est le symbole du peuple d’Israël. Dieu est le vigneron. Il prend soin de la vigne car une vigne, pour produire de bons fruits, demande beaucoup d’attentions et de prévenances. C’est important de l’émonder, de la tailler, de mettre du foin, d’éloigner les parasites. Mais, ce symbole, Jésus le bouleverse complètement. Il s’identifie à la vigne : « Je suis la vraie vigne ».   

Jésus développe la symbolique : il nous suggère de nous percevoir comme les branches de l’arbre. Le texte dit « sarment » car une branche de vigne s’appelle ainsi. La vigne est un arbre greffé. On greffe une branche d’un cépage précis sur un pied de vigne qui, lui, est très résistant. Il va de soi qu’une branche soit reliée à l’arbre pour vivre. À fortiori une branche greffée. Si la greffe ne prend pas, c’est la mort. On le sait par la médecine que, parfois, des réactions de rejet peuvent survenir. Il est capital de s’assurer que la sève, qui vient du pied de vigne, passe véritablement dans la branche greffée et irrigue tous les sarments.       

Pour vivre comme de bons chrétiens il importe d’être greffé au Seigneur, de se rattacher, de s’incorporer à lui. Laisser sa vie passer en nous, laisser son Esprit transformer tout notre être. On ne peut pas vivre selon l’Évangile sans entretenir de rapports personnels avec Jésus Christ. « Demeurez en moi, comme moi en vous ». Demeurer dans l’amour de quelqu’un est une expression très belle et très forte. C’est même le rêve de toute personne. Mais ce n’est pas se réfugier dans un petit bonheur tranquille. C’est accepter de prendre un risque, le risque même de l’amour et de dépendre ainsi de la fidélité de l’autre. Or, nous le savons, l’amour humain est d’une fragilité redoutable. Je ne suis pas plus sûr de moi que des sentiments de l’autre. Jésus, lui et lui seul, peut avoir l’audace de nous dire : « Demeurez en moi, comme moi en vous ». En effet, il est la figure de l’amour absolu qui est Dieu lui-même. C’est dire que son amour est solide comme un roc. L’amour du Christ nous précède toujours.         

Dans l’image d’aujourd’hui, ce n’est pas le fait de tailler une vigne qui est important. C’est plutôt le fait d’être greffé au Christ, de laisser la vie de son Esprit passer en nous, qui est capital. C’est plus la communion au Christ qui produit du fruit : « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruits car en dehors de moi vous ne pouvez rien faire ».        

La foi chrétienne ne se réduit pas à une religion, à un ensemble de doctrines, à une morale ou à une idéologie pour soutenir notre action. En parlant ainsi, nous occultons, sans nous en rendre compte, la dimension proprement mystique de la foi. Jésus proclame son amour à l’endroit de chacune et de chacun de ses disciples. Il demande que nous entretenions un lien personnel et vivant avec lui. La foi relève d’une expérience personnelle, d’une rencontre avec le Ressuscité.    

En tant que vraies branches vivantes nous porterons des fruits : aimer non pas avec des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité. Nous aimer les uns les autres comme il nous l’a demandé. Il n’empêche que le fruit de la vigne est le raisin et qu’un produit du raisin est le vin. Comment ne pas penser ici à l’invitation de Jésus au cours de l’Eucharistie de partager son corps et son sang, son pain et son vin afin d’entretenir davantage notre rapport personnel avec lui?  

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal