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6e Dimanche de Pâques (B)
10 mai 2015
Un beau programme
Hubert Doucet
Le soir où Jésus a prononcé les paroles qui sont au cœur de l’évangile de ce midi, Pierre était là. Lui qui avait un fort esprit de groupe, il les a sans doute bien reçues. Quand on vit ensemble, quand on est dans la même aventure, c’est bon de s’aimer les uns les autres, d’être de bons amis. On est entre nous. Je ne crois pas que, ce soir-là, l’amour de Pierre les uns pour les autres ait dépassé l’esprit de corps.
Cette interprétation m’est suggérée par la lecture de l’épisode de la rencontre de Pierre et du centurion Corneille. Il n’y avait pas spécialement de sentiment amical entre ces deux personnes que tout séparait. J’oserais même penser que le centurion était plus ouvert que Pierre à une rencontre entre étrangers. Et pourtant l’Esprit d’amour a commandé cette rencontre, a créé ce partage.
Dans le texte des Actes des Apôtres que nous avons lu, il manque malheureusement un bout de l’histoire où on voit l’Esprit préparer Pierre à un extraordinaire changement de regard et de comportement. L’Esprit lui dit en songe : Tu vas avoir un peu de scrupule à te comporter comme je vais te le demander, mais fais-le. Devant Corneille, l’étranger, l’ennemi même, Pierre, conduit par l’Esprit, a compris ce que voulait dire « aimer comme Jésus. »
Aimer comme Jésus a aimé, c’est agir comme lui, se comporter comme lui au point d’être conduits à agir comme nous ne le voudrions pas, ainsi que Pierre et les autres l’ont appris ce jour-là. Cet esprit d’amour auquel Jésus nous invite et qui l’a conduit à la mort transcende le seul sentiment d’aimer qui est normalement le nôtre à l’égard de l’ami. Mais comment aimer un ennemi, un étranger à l’égard de qui j’ai le sentiment contraire de crainte, même de la haine?
Un tel amour ne peut venir d’un ordre extérieur, d’un code de comportement, par exemple. Il ne peut venir que de l’intérieur, là où la présence de l’autre en moi devient une présence unique, comme le vit le Fils unique avec le Père : « Comme le Père m’a aimé, aimez-vous les uns les autres. »
Pierre parlait encore quand l’Esprit Saint s’empara de tous ceux qui écoutaient la parole. Tous les croyants qui accompagnaient Pierre furent stupéfaits, eux qui étaient Juifs, de voir que même les païens avaient reçu à profusion le don de l’Esprit Saint. »
Pierre, le pêcheur galiléen, et Corneille, le centurion romain, se sont reconnus comme des fils du Père, se sont accueillis l’un l’autre comme des frères heureux de se rencontrer après une longue absence qui les avait conduits à s’ignorer et à se craindre. Il me semble qu’un tel comportement, pour nous aussi, c’est un beau programme.