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18e Dimanche du Temps Ordinaire (B)
2 août 2015
Chercher Jésus
Édouard Potworowski
Les gens qui avaient participé à la multiplication des pains cherchaient Jésus.
Ils voulaient le retrouver à tel point qu’ils traversèrent le lac jusqu’à Capharnaüm.
La première chose qui m’a frappée en lisant ce texte, c’est la motivation de ces gens, leur enthousiasme.
Ils n’attendaient pas Jésus, ils le cherchaient activement. Aujourd’hui, la norme est plutôt une attitude plus apathique envers les questions religieuses.
Et on a tendance à considérer les gens qui montrent trop d’enthousiasme comme des illuminés, des obsédés. On les évite.
Certes, Jésus n’est pas présent parmi nous de la même façon qu’il était présent il y a deux mille ans, mais je pense qu’il y a ici matière à réflexion.
Les gens finissent par trouver Jésus. Celui-ci leur explique que ce n’est pas à cause des signes qu’ils le cherchent, mais plutôt parce qu’ils ont été rassasiés par les pains qu’ils se sont partagés.
Jésus souligne ainsi l’importance du partage et du fait qu’ils ont été rassasiés, plutôt quecelle de la multiplication miraculeuse des pains sur laquelle nous avions tendance à mettre l’accent.
Il les encourage ensuite à travailler pour la nourriture qui demeure jusqu’à la vie éternelle.
Il s’agit de la nourriture que Lui, envoyé par Dieu le Père, leur donnera.
Les gens demandent des signes à Jésus, pour qu’ils puissent croire en lui, mais Jésus ne répond pas à leur demande.
Il leur rappelle plutôt l’histoire de la manne, que nous avons entendue plus tôt.
Il fait le lien entre la manne et le pain de Dieu qui donne la vie au monde, qui rassasie au plan spirituel, et auquel il s’identifie clairement.
« Celui qui vient à moi n’aura jamais faim, Celui qui croit en moi n’aura jamais soif. »
Avouons que la conversation entre Jésus et les gens qui sont venus le retrouver n’est pas un dialogue bien structuré.
Il s’agissait d’une foule pas très organisé de gens qui lançaient à Jésus des questions, peut être en s’interrompant les uns les autres et en essayant de crier plus fort que le voisin, un peu comme le font aujourd’hui les journalistes après une conférence de presse.
Le message de Jésus est toutefois consistant :
La manne envoyée par Dieu le Père a rassasié leurs ancêtres dans le désert.
Lui, Jésus, aussi envoyé par Dieu le Père leur donnera une toute autre sorte de nourriture.
Il annonce en quelque sorte l’Eucharistie, sans la nommer.
Il promet que si l’on vient à lui et si on croit en lui, on aura ni faim ni soif.
Mais faim et soif de quoi au juste? On sera rassasié de quelle façon?
Je me demande ce qu’ont compris les gens à qui Jésus adressait ce message.
Il faut avouer que ce n’était pas un message facile à comprendre.
Mais l’attitude de ces gens était positive, leur motivation très forte.
Ils s’étaient déplacés pour rencontrer Jésus. Ils avaient envie, et même besoin d’entendre ce que Jésus avait à leur communiquer.
Ils se rendaient compte que Jésus était plus qu’un prophète.
On peut dire qu’ils avaient faim de sa parole. Ils voulaient comprendre. Mais il est probable qu’ils n’ont pas compris grand chose et qu’ils ont plutôt essayé de se souvenir de ce qu’ils ont entendu pour pouvoir y réfléchir plus tard.
De quoi avaient-ils faim? Il ne le savait pas trop eux-mêmes.
Voilà. C’était il y a deux mille ans.
Je me demande si nous, aujourd’hui, comprenons beaucoup plus au message de Jésus.
Bien sûr, nous avons l’avantage de savoir ce qui s’est passé après cet évènement.
Nous avons entendu ce qui s’était passé le Jeudi Saint, à Pâques, à l’Ascension, et à la Pentecôte.
Prenez et mangez. Le partage du pain. Toujours ce pain qui rassasie, qui répond à un besoin, à une faim.
Ce pain que Jésus nous laisse avant de retourner au Père. Puis l’Esprit qui descend pour nous éclairer et nous aider à comprendre.
Mais comprenons-nous vraiment ce que Jésus voulait dire?
Sans doute pouvons-nous mettre les récits des évangiles dans un contexte contemporain, dans le contexte de l’après-Jésus, si vous voulez, dans un contexte chrétien.
Venir à Jésus. Comme ces gens qui ont traversé le lac et qui avaient une motivation et une faim qui devrait nous servir de modèle.
Venir à Jésus et croire en lui, croire à son message d’amour, de partage, croire à sa présence parmi nous lorsque plusieurs sont réunis en son nom. Pour donner un sens à notre vie. C’est ce que nous essayons de faire en tant que chrétiens du vingt et unième siècle.
Mais tous les gens de notre époque cherchent un sens à la vie. Pas seulement les chrétiens.
Les chrétiens par contre ont accès à une source de réponse dans la personne de Jésus
Je pense que cette confiance, cette foi en Jésus peuvent nous inciter à écouter sa parole, à assouvir notre faim et notre soif de sens.
Elle peuvent donner une direction à la vie.
Dans les situations difficiles, où l’on a soif de direction, où l’on a faim de connaitre la route que nous devrions suivre, la décision que nous devrions prendre, l'enseignement de Jésus nous offre une carte et une boussole.
Il nous offre aussi la liberté de choisir l’azimut, selon notre conscience.
Et nous, ici à St Albert, est-ce bien de ça que nous avons faim?