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32e Dimanche du Temps Ordinaire (B)
8 novembre 2015
Guy Lapointe
Des scribes et une veuve…
Oui, on en fait l’expérience tous les jours, notre culture est pleine d’images. La télévision, les messages dans les rues de nos villes nous paraissent souvent sursaturés, jusqu’à nous sentir agressés.
Dans ce passage d’Évangile selon Marc, deux images fortes : des scribes et une veuve. Avec un mélange d’humour et de méfiance, Jésus parlait des scribes, qui s’habillaient de façon ostentatoire. Les scribes dans le peuple juif, étaient chargés d’aider les croyants à pratiquer la Loi que Dieu avait donnée. Bien des scribes voulaient attirer les regards et imposer le respect. Ce ne sont pas les seuls, on en connaît…
Les scribes de l’Évangile sont convaincus d’être des gens honnêtes et plusieurs le sont. Alors ils considèrent normal d’être honorés. Bien sûr, ils n’iraient pas voler dans la bourse d’une pauvre veuve…
Et pourtant, Jésus, qui était assis dans le Temple en face de la salle du trésor, fait cette remarque : « Ils dévorent les biens des veuves ». J’oserais dire, non sans humour, que ce sont des « voleurs honnêtes ». Et en même temps leur attitude fait lever de lourdes interrogations jusqu’à nous aujourd’hui… Ce sont des pages d’Évangile qui rejoignent, je crois, notre quotidien.
L’image de la veuve, nous la retrouvons dans la première lecture que nous avons entendue. Élie interpelle cette veuve de Sarepta qui était convaincue qu’elle allait mourir et qui ramassait du bois pour partager un dernier repas avec son fils. « Veux-tu me donner un peu d’eau? » Elle offre au prophète Élie ses dernières provisions. Pourquoi cette image de la veuve est-elle si parlante? Parce qu’au temps d’Élie comme au temps de l’évangéliste Marc, les veuves et les orphelins étaient parmi les plus pauvres de la société. La veuve n’a aucun droit et pire encore, on peut même la chasser de son domicile. Jésus s’était assis dans le Temple et regardait la foule qui déposait de l’argent, de grosses sommes parfois qui sonnaient fort… La veuve, elle, met deux piécettes dans le tronc du Temple. Rien pour le crier sur les toits. Elle le fait tout simplement avec son cœur.
L’évangéliste a cette formule mystérieuse. Elle a pris sur ce qu’elle n’avait pas. Elle a pris sur son indigence. Belle manière de dire que l’acte de donner, le fait de donner est plus vital que l’objet que l’on donne. Aura-t-elle demain de quoi manger? Là n’est pas la question. Elle est invitée à donner : Quelqu’un a écrit : La générosité du cœur, c’est la richesse des pauvres. On dit que la générosité ne fait pas de bruit. La générosité est humble. La générosité est honnête. Elle est sincère et vraie.
Toute limitée qu’elle soit, la vie est là : ouvrons les mains pour la recevoir et rendons grâces!
Souhaitons que cet Évangile nous ouvre un peu les yeux. Qu’il nous rende lucides sur ce que nous considérons comme des réussites humaines. Mais reconnaissons que la beauté de toute vie tient au fait qu’elle est donnée et qu’elle est à recevoir.
Il est légitime d’être fiers de nos réussites humaines, mais il est dangereux de s’y complaire. Là n’est pas la beauté de nos existences. Toute limitée qu’elle soit, la vie est là.
Marchons ensemble sur la route que nous avons à partager, à la recherche des sentiers pas toujours faciles à emprunter, des sentiers que l’Évangile ouvre à notre temps. Relisons l’Évangile avec un regard sur notre quotidien. C’est une question de confiance et d’espérance.