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2e Dimanche du Temps Ordinaire (A)
15 janvier 2017
Mettre nos forces au service de l'amour et des autres
« J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui. » Dans l’évangile de Jean le récit du baptême de Jésus est très court : seulement 3 versets. Des comités de liturgie s’en plaignent et demandent au Vatican de changer ce texte pour en mettre un plus long. Je ne sais pas s’ils vont réussir mais je suis plutôt d’avis d’essayer de comprendre comme il faut ce qui nous est proposé ce matin : Au moment du baptême, pourquoi l’Esprit et pourquoi sous forme d’une colombe?
Pourquoi une colombe? Vous rappelez-vous la première fois qu’il est question d’une colombe dans la Bible? Oui, après le déluge! Pendant 40 jours il a plu sans arrêt. Le ciel est fermé, encombré de nuages. Noé commence par lâcher un corbeau noir qui ne peut se poser à nulle part. 7 jours après, le temps d’une création, il lâche une colombe blanche qui, cette fois-ci, revient avec un rameau d’olivier verdoyant. Elle a rencontré la vie qui a repris dans un monde nouveau. Depuis ce jour-là, la colombe symbolise la vie et l’espérance.
Pourquoi l’Esprit maintenant? À l’époque qui précédait immédiatement la venue de Jésus, l’Esprit était éteint. Au début de l’histoire du peuple juif, tous les justes bénéficiaient de l’Esprit de Dieu. Mais après le péché d’Israël qu’a été la fabrication du veau d’or, Yahvé avait limité le don de l’Esprit aux rois, aux prêtres et aux prophètes. Et, à la mort du dernier prophète, l’Esprit s’éteint complètement. Au moment où Jésus apparaît on a la conviction que Dieu avait délaissé son peuple, qu’on ne le rencontrait plus dans le moment présent.
Or, nous rapportent les premiers chrétiens, quand Jésus se présente pour être baptisé, Dieu se souvient : les cieux s’ouvrent, l’Esprit descend du ciel comme une colombe et vient se poser sur Jésus. Une nouvelle vie est apparue! Le souffle du vent qui avait libéré la terre pour la recréer est devenu le Souffle de Dieu, Esprit et Vie. La colombe du déluge annonce à tous les horizons que cet homme est rempli de l’Esprit Saint. Comme une colombe, messagère d’un monde nouveau, l’Esprit descend sur le Messie et se pose sur lui. Une nouvelle création apparaît. La vie est renouvelée. Désormais, par le baptême, Dieu nous offre sa propre vie : la vie éternelle! Pas une vie qui apparaît seulement après la mort. Au milieu de notre vie terrestre, il y a un principe de renouveau qui fait éclater les limites de notre vie ici-bas et qui l’ouvre à plus grand qu’elle.
On connaît tous des gens qui anticipent leur mort spirituelle, des gens dont la vie est repliée sur elle-même, une vie qui n’a pas d’ouverture sur les autres et sur les événements du monde. Dire oui aux promesses du baptême c’est croire qu’il y a en nous un principe de renouveau qui peut retourner les choses. Comme le dit l’apôtre Jean : Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie parce que nous aimons nos frères et nos sœurs. Suivre Jésus c’est vivre dans le présent et mettre nos forces au service de l’amour et des autres. Celui qui n’aime pas demeure dans la mort.
L’être nouveau, l’être pascal, ne cesse de naître jour après jour. L’être intérieur se renouvelle quotidiennement. Pour nous, chrétiens, ce qui fait la qualité de la vie, ce n’est pas sa durée, c’est son intensité! Si nous avons la vie, ce n’est pas pour la garder avaricieusement, mais pour la donner. Croire à cette nouvelle vie du baptême, c’est croire que ce qui fait le meilleur de notre vie, de notre joie, de notre amour vient de Dieu et ne peut s’épanouir qu’en lui.
C’est pourquoi cette vie, ce dialogue avec Dieu, Dieu va la continuer par delà la mort. Et cette vie s’appellera alors vie éternelle, poursuite de la conversation commencée avec Dieu quand nous avons dit oui au baptême. Comme pour Jésus, l’Esprit vient sur nous : renouvellement de la vie et symbole d’espérance. « Oui j’ai de la valeur aux yeux de Dieu. C’est mon Dieu qui est ma force. » Déjà le prophète Isaïe avait annoncé que Dieu viendrait nous rejoindre personnellement : « Tu es mon serviteur, avec toi je veux partager ma vie. »
Bruno Demers