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5e Dimanche du Carême (A)

2 avril 2017

 

J'ouvrirai vos tombeaux

Jn 11, 3-7.17.20-27.33b-45

Bruno Demers

Pas facile de comprendre ce que la Parole de Dieu nous propose aujourd’hui. Car nous sommes dérangés par certaines étrangetés du récit. Tout d’abord, la résurrection même de Lazare! Jésus n’aurait pas été le seul à avoir été ressuscité dans l’Évangile? Et, deuxièmement, comment se fait-il que Jésus attende deux jours après l’annonce de la maladie de Lazare pour se rendre à son chevet? Ça ne lui ressemble pas! Quand on écoute attentivement ce récit, on est frappé par ces étrangetés qui nous empêchent de saisir le véritable enjeu de ce passage.

En effet, par rapport à Lazare, il vaut mieux parler de réanimation que de résurrection. Car, dans son cas, Bruno Demersmême après la réanimation, il connaîtra encore la mort. Alors que, pour Jésus, la résurrection sera la victoire finale sur la mort. La réanimation de Lazare est donc comme un signe de la résurrection. Et pour aider à ce que le signe annonce, l’auteur de l’évangile développe beaucoup les échanges et les dialogues avant le miracle. Il y en a tellement qu’il les répartit sur deux jours. À tel point que le récit de ce matin est davantage un récit de cheminement qu’un récit de réanimation.

Dans notre montée vers Pâques, les deux derniers dimanches nous ont présenté des cheminements vers la foi : La Samaritaine comme l’aveugle-né cheminaient à partir de rien car ils ne connaissaient pas Jésus auparavant. Mais, aujourd’hui, il s’agit d’un cheminement dans la foi, d’une croissance; c’est-à-dire le passage d’une reconnaissance partielle à une reconnaissance plus approfondie de Jésus. En effet, Marthe dit : « Je le crois, tu es le Christ, le fils de Dieu. » Mais, elle n’a pas encore saisi tout ce que ça signifie. Comme si elle avait les mots, mais pas encore la réalité. Un peu comme nous, de temps en temps! Marthe va donc approfondir sa foi.

Une foi en la résurrection qui est une vraie victoire sur le doute. Car, même si Marthe confesse que Jésus est le fils de Dieu, Lazare est mort. Il n’y a plus rien à faire. Jésus aurait peut-être fait quelque chose avant mais, maintenant, il est trop tard! « Seigneur, il sent déjà; c’est le quatrième jour qu’il est là! » Il ne reste plus que l’attitude humaine de pleurer. D’ailleurs, Jésus lui-même va pleurer. La foi en la résurrection, même pour nous aujourd’hui, est une véritable conquête sur le doute et le scepticisme.

La dernière étape du cheminement de Marthe, c’est l’ouverture à l’inouï, l’inouï de la promesse d’une victoire sur la mort. Si le récit fait bien sentir le sérieux des questions que nous avons sur la mort, il fait aussi sentir, par contraste, ce que représente d’inouï la promesse d’une victoire sur la mort. Marthe trouve invraisemblable que Jésus pourra réanimer son frère ici et maintenant. Pourtant, l’inouï de ce que Jésus a fait pour Lazare n’est que le signe de ce que Dieu fera pour celles et ceux qui croiront en Jésus : « Ne te l’avais-je pas dit? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. »

Ce cheminement d’approfondissement de la foi, de victoire sur le doute et d’ouverture à l’inouï conduit à cette affirmation osée de Jésus ce matin : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra. Crois-tu cela? » L’appel à croire, l’appel à la foi. Le cœur de la foi qui était demandée à Marthe et qui nous est demandée aujourd’hui n’est pas d’abord de croire en quelque chose, fut-ce la résurrection. C’est de croire en Quelqu’un, en Jésus, qui, en personne, est la résurrection et la vie. C’est parce que nous croyons en Jésus que nous croyons aussi à la résurrection des morts.

Le retour de Lazare à la vie, sa réanimation, aussi exceptionnel que soit l’événement, n’est encore qu’un signe avant coureur de la résurrection du Christ au matin de Pâques. Résurrection qui n’est pas le retour à la vie biologique terrestre mais plutôt émergence d’une vie nouvelle sur laquelle la mort n’a plus de prise. Cette vie nouvelle n’est pas seulement pour demain ni pour l’au-delà. Elle est communiquée aujourd’hui à ceux et celles qui croient en Jésus Christ.

En effet, quand nous consentons à accueillir sa parole et à vivre comme lui, c’est une vie nouvelle que nous accueillons. Son appel à vivre davantage pour les autres que pour soi. Son appel à pardonner, alors que la blessure infligée devrait normalement conduire à la rupture de la relation. Son appel à s’occuper prioritairement des nécessiteux. Autant d’occasions de faire l’expérience d’un surplus de vie dans nos paroles et nos agirs quotidiens. Autant d’occasions de vivre des avant-goûts de la résurrection. « Je vais ouvrir vos tombeaux et vous en ferai remonter, ô mon peuple. »

 

 

Bruno Demers

 

 

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal