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Matin de Pâques

16 avril 2017

La Résurrection, une nouvelle naissance

Jn 20, 1-9

Bruno Demers

 

« On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux. »
Nous connaissons tous cette phrase du renard dans Le Petit Prince de Saint-Exupéry. Phrase qui formule bien cette vérité d’expérience : On ne connaît vraiment bien que les personnes qu’on apprivoise, qu’on aime. L’amour est la condition qui nous permet de connaître l’intérieur, le cœur d’un individu. Car l’amour, c’est ce qui nous permet de décoder le non-verbal, les signes que l’autre manifeste.

Bruno DemersPour nous introduire dans le mystère de la résurrection, aucun Évangile ne décrit l’événement en train de se produire. La Parole de Dieu propose plutôt des signes à interpréter. Et notre texte d’aujourd’hui en présente deux :
D’abord, c’est une femme qui, la première, se rend au tombeau. Marie-Madeleine est tellement triste d’avoir perdu Jésus qu’elle veut être la première à se rendre auprès de sa dépouille pour se recueillir. C’est le même signe dans les autres évangiles. Ce sont toujours des femmes qui sont les premières à se rendre au tombeau ou qui sont les premières à qui Jésus apparaît. Pourquoi donc des femmes et pas plutôt Simon Pierre ou un autre apôtre? Pour nous faire part d’une vérité très importante sur l’événement : La résurrection est une naissance, la naissance à la vie de Dieu qui, elle, ne finit pas. Le tombeau, qui normalement recueille un mort, devient ici matrice maternelle. Il est ouvert et vide. Il a accouché de la vie!

Deuxièmement, dans le tombeau les linges sont posés à plat et le suaire qui avait enveloppé la tête de Jésus, est roulé à part, à sa place. Curieux détail, n’est-ce pas? Ce détail est une réponse à la question de Marie-Madeleine : On a enlevé le Seigneur de son tombeau et nous ne savons pas où on l’a déposé! Non, Marie-Madeleine. Le corps de ton Seigneur n’a pas été volé par quelqu’un. Un voleur n’aurait pas pris la peine d’enlever les linges du corps, de les plier et de les déposer à leur place dans le tombeau. Non, Jésus est sorti vivant. Il a laissé les signes de la mort dans le lieu de la mort. Contrairement à Lazare qui était sorti, lui, pieds et mains liés par des bandelettes et le visage entouré du suaire.

On le voit bien, les signes sont importants. Mais ils ont besoin d’être interprétés, d’être compris. C’est ce qui se passe avec les disciples qui se rendent au tombeau. Les signes sont là, pliés, et sont interprétés différemment. Pierre regarde les linges mais ne comprend pas. Le disciple que Jésus aimait, comme dit le texte, c’est-à-dire Jean, l’intuitif, l’aimant est celui qui ne fait pas que regarder. Il voit et il croit.

Les femmes, les sensibles, les intuitifs, les mystiques, ce sont ces personnes-là qui, dans les évangiles, comprennent quelque chose. La foi en la résurrection ne passe pas par des preuves ou par des raisonnements. Pierre a beau avoir devant les yeux la tombe ouverte et parfaitement rangée, il regarde et ne voit pas. On n’entre pas dans le mystère de la résurrection par des arguments ou une démonstration! Jean, lui, voit les mêmes signes et il croit. Sa foi n’est pas dans la tête. Elle est dans son cœur. Elle est dans sa vie.

Aucun signe n’est capable de donner la foi. Aucun signe n’est contraignant. Le bouquet de leur ne dit rien à celui qui n’est pas amoureux. Nous ne voyons jamais, au sens strict, l’amour de ceux et celles qui nous entourent. Nous n’en avons que des signes, ténus et fragiles, qu’il importe de déchiffrer « avec les yeux du cœur », pour parler comme un chanteur québécois, avec les yeux de l’amour. C’est à cause de cet amour que Marie Madeleine a été la première à se rendre au tombeau. C’est à cause de cet amour que Jean a couru le plus vite et a cru le premier.

C’est quand on regarde le monde avec les yeux du cœur qu’on peut voir les signes de nouveauté et les promesses de vie qu’il contient. C’est quand on accueille la Bonne Nouvelle de la résurrection avec les yeux et les oreilles du cœur qu’on peut espérer et croire que le bien l’emportera sur le mal, que l’amour triomphera de la haine, que la vie vaincra la mort. Tout est question de signes à interpréter, d’un monde à améliorer. Nous pouvons le faire dans la confiance. Car, depuis ce premier matin de Pâques, l’énergie de la résurrection, avec notre complicité, continue à travailler le monde pour faire grandir en son sein le Royaume.

 

 

Bruno Demers

 

 

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal