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4e Dimanche du Carême (A)
7 mai 2017
De l'enclos au pâturage
Hubert Doucet
Les textes que nous venons d’entendre ont suscité de vives réactions dans la petite équipe qui a préparé notre célébration. Pour certains, se faire traiter de moutons leur restait dans la gorge; ça ne passait pas. De plus, le ton agressif de certaines phrases agaçait. À l’inverse, d’autres membres faisaient ressortir que Jésus avait raison dans ses propos; ils invitaient à réfléchir sur les façons de penser de Jésus.
Ces débats sont intéressants. Ils nous ont conduits à rechercher le sens premier, la visée fondamentale de ces paroles qui nous interpellent. Envers et contre tout, Jésus affirme que son désir le plus profond est de nous rendre capables de passer de l’enclos de l’enfermement au pâturage qui ouvre à la liberté de chacun en lien avec le groupe.
L’évangile de ce matin nous décrit, de manière très expressive, une facette de l’humanité que l’on retrouve depuis les débuts de l’histoire : volonté de contrôler l’autre, d’en faire sa chose. Peu importe le moyen, le but est de posséder l’autre. Je vous rappelle les premiers mots de l’évangile : «Celui qui entre dans l’enclos des brebis sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit. » Ce passage s’applique facilement à toutes les magouilles publiques, politiques et économiques dont nous sommes aujourd’hui témoins.
Je crois que la parole de Jésus s’adresse aussi à nos propres comportements quotidiens que ce soit dans nos familles, nos milieux de travail ou de vie. Contrôler l’autre, le faire à son image, ne pas être vrai dans nos rapports, c’est une tentation universelle. À ce propos, Jésus est brutal, choquant même : « tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des bandits. » La critique de Jésus est particulièrement forte : ne va-t-il pas trop loin?
Dans cet évangile, Jésus n’est cependant pas qu’un critique de nos comportements, il est aussi un maître de vie. Il se réfère à l’image du berger, un métier essentiel à la bonne vie de sa société, pour montrer ce que veut dire bien agir pour l’autre et avec l’autre. Par son comportement, l’excellent berger apporte à ses différentes brebis la confiance dans la vie. En effet, elles sont à la fois libres d’aller brouter là où elles veulent, mais se sentent aussi en sécurité car elles sont aimées. En lisant ce texte, je me disais que tout ce qu’on dit aujourd’hui sur le bien-être animal et qu’on pense découvrir, le berger d’autrefois l’avait déjà découvert et le pratiquait naturellement.
Cette façon d’être, voilà ce que Jésus est et fait : « Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. »
J’aimerais terminer ces réflexions en nous invitant à nous voir comme des bergers, plutôt que des brebis. Je crois, en effet, que nous sommes toujours le berger de quelqu’un. Jésus nous propose d’avoir des rapports humains comme les siens. Quelle est la qualité de notre comportement? Notre façon d’être et de faire suscite-t-elle la vie en surabondance? Comment sommes-nous bergers ? Accompagnés par la musique, laissons-nous devenir bergers à la manière de Jésus.